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Santé des femmes: une inégalité disparate

• Disparité dans le recours aux soins

• Risque de mortalité élevé chez les enfants de sexe masculin

• 26 cas de VIH chez les femmes, contre 5 chez les hommes

Lorsqu’on parle d’inégalité de genre, les discussions tournent souvent autour des salaires, de l’éducation ou de l’accès aux postes de responsabilité. Pourtant, le domaine de la santé présente également des inégalités marquantes, souvent passées sous silence. Le livret genre de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) met en lumière ces disparités qui pèsent lourdement sur les femmes burkinabè.
Selon les données de l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM), réalisée en 2021/2022, les principaux problèmes de santé rapportés par les populations burkinabè concernent généralement la toux, le rhume, la grippe, la fièvre, les blessures et les accidents. Cependant, malgré la forte prépondérance de nombreuses maladies et problèmes de santé rencontrés par les populations burkinabè, il ressort que plusieurs d’entre ces personnes souffrantes n’ont pas eu recours aux soins. Les données révèlent qu’en moyenne 36,7 % des personnes enquêtées et ayant un problème de santé n’ont pas eu recours aux soins. Cependant, l’analyse des disparités entre les femmes et les hommes indique qu’on dénombre légèrement plus de femmes que d’hommes dans cette situation. Parmi eux, 34,8 % sont des femmes, contre 33,7 % d’hommes. La plus forte disparité se retrouve à Ouagadougou.

Risque de mortalité élevé chez les enfants de sexe masculin.
Les données de l’EDS 2021 montrent que les taux de mortalité adulte au Burkina Faso sont plus faibles chez les femmes que chez les hommes (environ 2 décès pour 1000 parmi les femmes âgées de 15 à 49 ans, contre 2,7 décès pour 1000 chez les hommes âgés de 15 à 49 ans). Toutefois, les données révèlent également que de manière globale, le taux de mortalité augmente selon l’âge et le sexe considéré. En effet, les enfants de sexe masculin présentent un risque de mortalité plus élevé que celui des enfants de sexe féminin et cela, peu importe l’indicateur de mortalité considéré. Spécifiquement, pour la mortalité néonatale, les données montrent que 21 naissances vivantes masculines sur 1.000 décèdent, contre 15 naissances vivantes féminines. De même, le taux de mortalité infantile se situe autour de 34 décès pour 1.000 naissances chez les garçons, contre 26 décès pour 1.000 naissances chez les filles.

Maladies et infections sexuellement transmissibles
Le Burkina Faso s’est engagé à lutter vigoureusement contre les maladies sexuellement transmissibles (MST), depuis que le premier cas de SIDA a été détecté dans le pays en 1986. Les programmes de réponses nationales face à la recrudescence des infections sexuellement transmissibles (IST), notamment, le Programme national de lutte contre le SIDA (PNLS10), font partie des priorités du pays, en vue de respecter les engagements pris pour mettre un terme à cette épidémie. Selon les données de l’EDS de 2021, au Burkina Faso, en moyenne 12,9 % des personnes âgées de 15 à 49 ans ayant eu des rapports sexuels au moins une fois dans leur vie ont déclaré avoir eu une IST ou constaté la présence de ses symptômes au cours des 12 derniers mois. La ventilation par sexe montre que parmi les femmes âgées de 15 à 49 ans ayant déjà eu des rapports sexuels, 20 % déclarent avoir eu une IST ou des symptômes d’IST, alors que parmi les hommes âgés de 15 à 49 ans, le taux est de 6 %. On observe, cependant, d’importantes variations selon le sexe et selon certaines caractéristiques sociodémographiques [NDLR : voir illustration].
La proportion de personnes ayant fait un test de dépistage contre le VIH demeure relativement faible au Burkina Faso. Au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête, la proportion de personnes qui connaissent leur statut sérologique au Burkina Faso est deux fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes (12 % contre 6 %). On observe, cependant, d’importantes variations selon certaines caractéristiques démographiques et socioéconomiques.

Les données du ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire (MFSNFAH) montrent que le nombre de nouveaux cas d’infection au VIH a augmenté, tant chez les femmes que chez les hommes entre 2016 et 2020. Dès lors, les cas de nouvelles infections au VIH chez les femmes ont toujours été au moins le double des cas chez les hommes sur la période susmentionnée. Par exemple, alors que selon les données du MFSNFAH, on dénombrait 4 nouvelles infections au VIH chez les femmes, contre 2 chez les hommes en 2016, en 2020, on compte 26 cas de plus chez les femmes, contre 5 cas chez les hommes.
NK

 

Encadré

Sur les méthodes contraceptives

De manière globale, selon les données de l’EDS de 2021, 95,9 % des femmes maîtrisent une méthode de contraception quelconque, contre 97,7 % des hommes. Cependant, les disparités entre les femmes et les hommes en matière de connaissance des méthodes contraceptives sont plus importantes selon que la méthode est moderne ou traditionnelle.
Les méthodes modernes de contraception, par exemple, sont maîtrisées par 95,8 % des femmes, contre 97,6 % des hommes, alors que les méthodes de contraception traditionnelles sont maîtrisées par 63,5 % des femmes, contre 45,3 % des hommes.

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