
• Entre insuffisance de la demande et contraintes financières
• Des secteurs où l’optimisme renaît
• Selon la note de conjoncture de l’INSD du 3e trimestre 2024
Selon l’opinion des chefs d’entreprises, la conjoncture économique dans l’ensemble de l’économie est défavorable au troisième trimestre 2024, confirmant ainsi leurs prévisions pessimistes entamées depuis plus d’une année. C’est ce qu’affirme la note de conjoncture de l’Institut national de la statistique et de la démographie, pour le 3e trimestre 2024. « L’évolution de l’économie continue de refléter un climat d’incertitude marqué par des tensions de trésorerie et une demande insuffisante. En effet, la production, les ventes, les effectifs employés, de même que les commandes sont en baisse, aussi bien en glissement trimestriel qu’annuel, sous des tensions de trésorerie », peut-on lire dans le document. L’analyse des opinions des chefs d’entreprises pour le troisième trimestre 2024 confirme la persistance des défis économiques déjà identifiés dans les publications précédentes d’octobre et de juillet 2024 de L’Economiste du Faso. Toutefois, certains secteurs montrent des signes d’amélioration qui méritent d’être soulignés.
Baisse des recettes, de la production et de la trésorerie
Selon l’opinion des chefs d’entreprises, les recettes connaissent une baisse par rapport à la normale, au troisième trimestre 2024, confirmant les prévisions pessimistes faites un trimestre plus tôt. En effet, 33,1% ont déclaré une baisse des recettes, comparée à une situation normale, contre 7,2% qui ont déclaré une hausse, soit un solde de -25,9%. Cette opinion des chefs d’entreprises reste la même en glissement trimestriel, car la majorité (45,0%) a déclaré une baisse des recettes, contre 11,9% qui ont déclaré une hausse, donnant ainsi un solde de -33,1%.
Dans le document de l’INSD, toujours pour le 3e trimestre 2024, la production est en baisse, aussi bien en comparaison avec une situation normale qu’en glissement trimestriel ou annuel. En effet, par rapport à la situation normale, 37% des chefs d’entreprises estiment que leur production est en baisse, alors que seulement 3% pensent qu’elle est en hausse, soit un solde de -33,7%, traduisant une baisse.
Qu’en est-il de la trésorerie ? Tout comme les recettes, la production, la situation de la trésorerie n’est pas reluisante : les tensions de trésorerie continuent de persister aussi bien en glissement trimestriel qu’annuel. Comparé au deuxième trimestre 2024, selon l’opinion des chefs d’entreprises, la situation de la trésorerie s’est dégradée, car 24,1% ont déclaré avoir eu des difficultés de trésorerie, contre 5% qui ont trouvé que leur trésorerie s’est améliorée, soit un solde de – 19,1%, traduisant des tensions de trésorerie dans l’ensemble de l’économie.
Les chefs d’entreprises rencontrent d’énormes difficultés qui émaillent leurs positions pessimistes. Les principales difficultés rencontrées sont l’insuffisance de la demande et les contraintes financières. En effet, 49,2% des entreprises font face à des demandes insuffisantes, 40,8% ont des problèmes financiers, 21,5% ont des difficultés pour s’approvisionner en matières premières, alors que 19,1% manquent d’équipement. Le troisième trimestre étant une période de pluies abondantes, 25,1% des entreprises estiment que le climat était défavorable pour leurs activités.
NK
Encadré 1
Analyse comparative des tendances en 2024
En croisant les données des différentes notes de conjoncture de l’INSD publiées en 2024, il est possible de distinguer les secteurs où l’optimisme renaît. Il s’agit de :
Commerce : contrairement aux prévisions pessimistes du deuxième trimestre, les ventes dans le secteur commercial affichent une amélioration relative, avec une hausse des commandes attendue au quatrième trimestre (+9,3 % en glissement trimestriel).
Emploi dans l’industrie manufacturière : malgré une baisse généralisée, les embauches se stabilisent et certains industriels prévoient même une légère reprise d’ici la fin de l’année.
Trésorerie dans le secteur des services : bien que toujours sous pression, le solde d’opinions sur la trésorerie s’améliore légèrement, suggérant un ralentissement de la dégradation observée précédemment.
Encadré 2
Ce qu’il faut savoir
L’Enquête trimestrielle de conjoncture (ETC) est une opération qui consiste à interroger les responsables d’entreprises sur le passé récent et l’état actuel de leur activité, ainsi que sur leurs perspectives à court terme. Ces enquêtes s’inscrivent dans le dispositif d’élaboration du diagnostic conjoncturel et fournissent des informations précieuses et rapidement disponibles, qui servent à suivre la situation économique du moment et à prévoir les évolutions à court terme. Elle s’adresse aux responsables d’entreprises de production marchande évoluant dans l’industrie, la construction, le commerce et les services. Les entreprises couvertes par l’ETC sont localisées dans les six principales villes industrielles du Burkina Faso : Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Banfora, Orodara, Pouytenga et Fada N’Gourma.
Dans l’objectif de mieux prendre en compte l’environnement économique et les besoins actuels du système statistique national, l’INSD a procédé à une rénovation des outils de l’ETC au cours de l’année 2022. C’est ainsi qu’un nouvel échantillon constitué de 290 entreprises a été tiré de façon raisonnée à partir de la déclaration statistique et fiscale (DSF) de 2019, utilisée par les comptes nationaux et actualisée en 2024, à partir de la déclaration statistique et fiscale (DSF) de 2021, ramenant l’échantillon actuel à 297 entreprises. o