• Grâce à la rationalisation des dépenses de fonctionnement
• Les efforts du président du Faso salués par les OSC
• Les charges de personnel en constante hausse
Le 4 novembre 2024, le président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, informait l’opinion publique qu’il a décidé de rationaliser les dépenses de fonctionnement de certains ministères pour les réaffecter aux secteurs sociaux. C’est chose effective, à en croire le Réseau des organisations de la société civile (OSC) intervenant dans le domaine des finances publiques (ROSC-FP), qui a animé une conférence de presse, le 16 décembre 2024, à Ouagadougou. Il ressort de leur analyse du projet de loi de finances initiale (LFI), exercice 2025, que l’arbitrage mené a permis de dégager une économie de 60,98 milliards FCFA. Toutefois, le réseau regrette que ce montant ait été purement et simplement déduit du budget, alors qu’il aurait pu être affecté à des besoins d’investissements plus urgents, conformément aux objectifs et priorités du gouvernement, en 2025.
En ce qui concerne le train de vie de l’État, environ 7% des dépenses totales du Budget 2025 et 10,44% des dépenses courantes y seront consacrées. Il faut noter qu’il s’agit uniquement du fonctionnement de l’administration publique et des institutions républicaines. Le Budget de l’État, exercice 2025, est arrêté en recettes à 3.129,8 milliards FCFA et en dépenses à 3.593,9 milliards FCFA, avec un déficit budgétaire (besoin de financement) de 464,1 milliards FCFA. Ce gap de financement du Budget 2025 représentant 13% des dépenses budgétaires de 2025 sera couvert par les ressources de trésorerie de l’État et l’endettement à coût raisonnable.
Pour Hermann Doanio, cet endettement à coût raisonnable ou à faible taux ne peut être possible que si la création de la richesse nationale atteint un niveau qui puisse offrir des garanties suffisantes et amoindrir les risques pour les créanciers. Pour lui, cette option est réalisable, car la croissance économique du pays poursuit sa tendance haussière en s’affichant à 5% en fin 2024, en dépit de la crise sécuritaire et humanitaire.
Cependant, dit-il, la couverture d’une partie de ce déficit peut aussi épouser une approche endogène complémentaire, comme la mobilisation des apports des populations en nature pour les actions d’investissement (Ex : travaux d’intérêt commun). Selon le Secrétaire exécutif du Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP), Hermann Doanio, principal conférencier, ces chiffres traduisent de grandes ambitions qu’affiche le gouvernement de transition, sous la conduite du président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, pour l’amélioration des conditions de vie des Burkinabè en 2025.
Les OSC demandent une lutte implacable contre la corruption
Pour accroître l’assiette fiscale et le rendement de l’impôt, le gouvernement compte poursuivre la dynamique de modernisation et de digitalisation des procédures. En matière de dépenses, il s’agira d’optimiser l’allocation des ressources pour répondre qualitativement et quantitativement aux besoins des populations en termes de biens et services publics de base, surtout pour les plus démunis. Une attention particulière sera accordée aux secteurs de la défense et de la sécurité, en vue de se doter de moyens nécessaires pour faire face aux défis sécuritaires.
Pour ce qui relève de la compression des charges courantes, le conférencier mentionne qu’elle sera opérée en vue de relever le budget d’investissement en 2025. Tous ces choix qui ont été jugés stratégiques (voir encadré 2) ont été salués par la société civile. Cependant, elle appelle à une gestion rigoureuse des deniers publics, ainsi que du patrimoine de l’État, à travers une lutte implacable contre la corruption. Toute chose, selon elle, qui pourrait contribuer à dégager des économies qui pourraient être réaffectées à des besoins plus pressants et plus pertinents, surtout dans le domaine de la reconquête du territoire national.
2.941,99 milliards FCFA de recettes propres
Le porte-parole des OSC note que le projet de LFI, exercice 2025, reflète les orientations de reconquête de l’intégrité territoriale, de développement et de promotion de la bonne gouvernance imprimées dans les discours officiels. En feuilletant de près le projet de LFI, exercice 2025, Hermann Doanio mentionne que l’analyse des grandes composantes de recettes indique que les recettes propres du Budget 2025 sont estimées à 2.941,99 milliards FCFA, représentant 94% des recettes totales de 2025, tandis que les recettes extraordinaires de l’ordre de 187,79 milliards FCFA représentent 6% des recettes totales. Dans la mobilisation des recettes, il ressort une prédominance des recettes propres, cette volonté à compter sur les recettes propres a été saluée par le réseau.
Toutefois, Hermann Doanio note que les efforts des régies de recettes doivent être poursuivis et renforcés pour une mobilisation optimale des ressources dans une logique de justice fiscale (prendre à chacun selon ses capacités contributives).
A ce titre, il a déploré le fait que plusieurs impôts ne sont pas encore recouvrés de façon optimale, comme l’impôt sur les revenus fonciers, ainsi qu’une bonne fiscalisation de l’immobilier et du secteur agricole et de l’élevage.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré
Les dépenses de personnel en constante hausse
La décomposition des prévisions de dépenses courantes montre que les dépenses de personnel sont prédominantes, avec une part de 53,37% des dépenses courantes et 35,46% des dépenses totales de 2025. En outre, les charges de personnel absorbent 43,32% des recettes propres. Ce poste de dépenses est en constante augmentation d’une année à une autre. Le véritable défi serait l’exploitation optimale du potentiel fiscal du pays pour faire baisser la part consacrée à ce poste de dépenses et la réforme de l’administration publique pour plus d’efficacité et d’efficience.