• Des quotas d’enlèvement à l’importation
• Cinq produits de grande consommation au moins concernés
• Les acteurs se frottent les mains et s’engagent
Le Conseil des ministres du 4 septembre 2024 a adopté un décret portant institution de quotas d’enlèvement à l’importation des produits similaires fabriqués ou produits au niveau national. « A travers l’adoption de ce décret qui instaure des quotas pour les produits à l’importation, qui sont aussi fabriqués au plan national, il s’agit de la mise en place d’un cadre de soutien important à la production nationale, à travers l’instauration de débouchés pour les produits fabriqués au plan national », précisait le ministre en charge de l’industrie, Serge Gnaniodem Poda, à la fin de la rencontre.
« Cette décision nous ramène à une protection, parce que ça nous permet de nous mettre au travail. Si tout doit nous venir de l’extérieur, en fin de compte, nous devenons paresseux », s’est réjoui également le président en exercice du Conseil d’administration de la Confédération paysanne du Faso (CPF), Bassiaka Dao, interrogé par nos confrères de Lefaso.net.
Cette vision de faire de la production nationale et la transformation industrielle des matières premières nationales des priorités s’est matérialisée le 12 novembre 2024, par la signature d’un arrêté, instituant ainsi des quotas à l’enlèvement de certains produits. Il s’agit du riz, l’huile alimentaire, le sucre, la farine de blé, les panneaux solaires, le poisson frais ou congelé, les pneus et chambres à air pour engin à deux roues.
Avant le décret du 4 septembre 2024, d’autres arrêtés avaient été pris sur certains produits. Le 9 avril 2024, par exemple, le gouvernement burkinabè suspendait jusqu’à nouvel ordre, sur toute l’étendue du territoire national, l’importation de la farine de blé, en vue d’assainir le marché des produits de grande consommation. Le 12 avril, un arrêté fixait un quota de l’enlèvement des panneaux solaires, précisant qu’un panneau solaire acheté auprès des unités nationales pour 3 panneaux solaires à importer.
Des voix s’élevaient pour demander que cette initiative soit étendue à tous les secteurs de l’économie. « On ne peut pas encourager les gens à investir et laisser les importations le plus souvent, même subventionnées, venir détruire leur business », murmurait-on. Ils en veulent aux institutions qui, à travers des prêts aux conditions suicidaires, ont imposé l’ouverture des marchés, casser le tissu industriel des pays africains, encouragé la privatisation sauvage des unités industrielles puis leur fermeture pure et simple pour les transformer en de vastes marchés de consommation de produits manufacturiers. « Nous n’avons incité personne. Nous avons seulement demandé au gouvernement d’investiguer et de prendre la décision souveraine qui lui revient », nous confiait, en avril 2024, Rimon Hajjar, président de l’Association des minoteries du Burkina Faso.
Même si la mesure est salutaire, deux inconnues demeurent. La durée de la mesure et l’obligation faite aux entreprises nationales à qui profite la mesure d’améliorer leurs produits pour le bonheur des consommateurs, avec un calendrier précis, des vérifications rigoureuses. « Un sac d’engrais non subventionné coûte 25.000 FCFA. A la récolte, le sac de maïs ne se vend pas à plus de 12.500 FCFA. C’est à partir de ce moment que chacun se dit qu’il va garder son stock pour attendre la période de la soudure, parce qu’on se dit que c’est à cette période que le prix va monter », affirme Bassiaka Dao. Il suggère, dans son secteur d’activité, de reconnaître le statut de l’agriculteur et de donner des prix rémunérateurs, des prix justes aux paysans qui vont leur permettre de faire des planifications avant de produire. A titre d’exemple, si le kilogramme de maïs va coûter 200 FCFA, le producteur saura quel investissement faire en fonction de ces 200 F. Un investissement de 5 millions FCFA rapportant 8 millions est plus attractif qu’un autre du même montant ne rapportant que 3 millions FCFA.
Moumouni SIMPORE
Encadré