Le 14e Salon international du tourisme et de l’hôtellerie s’est achevé le 1er décembre 2024. Pendant 5 jours, des acteurs du secteur ont mené des réflexions et des activités visant à promouvoir le tourisme au Burkina Faso. Des engagements fermes ont été pris par les responsables dans ce sens. Dans la région de la Boucle du Mouhoun, qui a été durement éprouvée par l’insécurité, les activités hôtelières reprennent progressivement, grâce à l’offensive des Forces de défense et de sécurité qui a permis de désenclaver la zone. C’est du moins ce que soutient Karim Diarra, président de l’Association patronale des hôtels et restaurants de la région de la Boucle du Mouhoun. Il est aussi le président des transporteurs de la région. Dans cette interview, il parle de la situation de l’hôtellerie, du tourisme et du transport dans la région. Selon M. Diarra, l’activité économique reprend progressivement, mais certains hôtels, du fait de l’insécurité, sont toujours fermés. Lisez !
Vous êtes le responsable de l’APHR/Boucle du Mouhoun. Pouvez-vous nous présenter cette association que vous dirigez ?
L’APHR regroupe les promoteurs d’hôtels, de restaurants et du tourisme. Il y avait des circuits touristiques à Tougan, à Boromo pour les éléphants et dans d’autres localités. Tout cela faisait partie de nos activités. L’association compte une cinquantaine de membres répartis dans les 6 provinces de la région. Dans le temps, nous faisions toutes nos réunions à Dédougou, mais actuellement, c’est assez difficile de le faire.
La région de la Boucle du Mouhoun a subi les conséquences de la crise sécuritaire. Comment est aujourd’hui la situation des hôtels de la région ?
Avant de répondre à votre question, je voudrais remercier L’Economiste du Faso, qui s’intéresse à la situation de l’hôtellerie dans la région. La Boucle du Mouhoun a effectivement connu des moments difficiles sur le plan sécuritaire. Même si c’est toujours difficile, il faut reconnaitre que la situation s’est beaucoup améliorée, grâce aux actions des Forces de défense et de sécurité. Certains hôtels, par manque de clientèle, ont dû fermer leurs portes. Mais nous faisons ce que nous pouvons jusqu’aujourd’hui. La région de la Boucle du Mouhoun avait été déclarée une zone totalement rouge. Cela a fait que les gens ne venaient plus ici. Si on arrive à Ouaga, les gens nous demandent comment on a fait pour venir à Ouaga ? Peut-être que les gens ignorent que la région n’est pas aussi enclavée qu’ils le pensent. Cette situation a malheureusement contraint certains hôtels à fermer boutique
Combien d’hôtels ont fermé à cause de la situation sécuritaire ?
Le nombre des hôtels qui ont fermé atteint au moins 6. Il y a, par exemple, un qui est situé sur la route de Tougan. Ces établissements hôteliers ont fermé parce qu’ils n’arrivaient plus à faire face aux charges (personnel, électricité, eau, taxes, etc.). Les 6 hôtels dont je parle sont uniquement situés dans la ville de Dédougou. Je ne parle pas de Nouna où on ne partait pas, c’est pareil aussi à Tougan, à Solenzo. Mais aujourd’hui, Dieu merci, grâce aux efforts que fournissent nos FDS et VDP, on peut aller à Nouna. Mais les hôtels qui ont fermé n’ont pas encore recommencé à fonctionner. Ils ne sont toujours pas ouverts d’abord.
Quelle stratégie a été mise en place par ceux qui ont pu tenir jusqu’aujourd’hui ?
Nous faisons plusieurs travaux en plus de l’hôtellerie. On puisait dans les revenus de ce que nous faisons pour financer les hôtels. On a refusé de réduire le personnel, parce que les employés comptent sur nous pour entretenir leurs familles. On ne pouvait donc pas leur dire d’arrêter le travail en attendant une situation meilleure. On ne peut pas faire ça. C’est ce qu’on a fait jusqu’aujourd’hui. Par la grâce de Dieu, on a pu faire ainsi jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, Dieu merci, en tout cas, on peut aller à Nouna sans problème. La région est en train d’être complètement désenclavée.
Combien gagnez-vous aujourd’hui, quand on sait que les activités économiques reprennent dans la région de la Boucle du Mouhoun ?
Avant la crise, on gagnait suffisamment pour payer le personnel, l’eau, l’électricité et faire autre chose. Mais au temps fort de la crise, on ne pouvait rien faire.
Avant la crise, combien un hôtelier pouvait gagner dans le mois ? 5 millions, 10 millions ?
On ne gagnait pas 5 ou 10 millions. Après tout, l’hôtel pouvait rapporter 2 millions ou 3 millions FCFA dans le mois. Mais depuis que la crise s’est installée jusqu’aujourd’hui, on se bat pour faire face aux charges. Les activités hôtelières reprennent progressivement et on espère des lendemains meilleurs.
Les séminaires et autres rencontres constituent l’une des sources de revenus des hôtels, ces activités ont-elles repris dans la région ?
Oui, des rencontres ont commencé à se tenir dans la région. Sinon avant, quand on disait aux gens de venir à Dédougou pour des rencontres, ils ne voulaient pas à cause de la situation sécuritaire. Les gens préféraient rester à Koudougou. Je saisis l’occasion de l’interview pour dire aux Burkinabè que Dédougou est accessible et qu’ils peuvent venir sans risques. Les gens ne doivent pas avoir peur de venir à Dédougou. Grâce au travail des FDS, des VDP et du gouvernement, les choses sont en train de rentrer dans l’ordre. On les remercie, on les encourage et on les félicite. On ne peut pas parler de l’amélioration de la situation sans féliciter le Capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement qui font un bon travail.
L’insécurité est le principal frein à vos activités, mais existe-t-il d’autres difficultés auxquelles les patrons d’hôtels et de restaurants de la région sont confrontés?
Nous sommes confrontés aux problèmes des taxes et des impôts. Les taxes, par exemple, n’ont pas diminué, malgré la situation difficile que nous vivons. Je pense, au regard de la crise que le Burkina vit, que le gouvernement pouvait prendre des mesures pour diminuer les taxes, afin de soutenir les entreprises. Les impôts, pour ce que nous avons remarqué, ne nous mettent plus la pression comme au moment où les choses allaient bien.
Les activités du tourisme reprennent-elles aussi dans la région ?
Le tourisme n’a pas encore repris. Les sites sont toujours inaccessibles. On peut peut-être visiter les sites de la province des Balé. Mais les nouvelles sont rassurantes, parce que les FDS sont vraiment à pied d’œuvre pour récupérer la région. Après cela, je pense que les activités pourront reprendre de plus belle.
En plus de l’inaccessibilité des sites, il faut ajouter qu’à cause de la situation sécuritaire, les activités de façon générale ont pris un coup, donc les gens n’ont plus les moyens pour effectuer des voyages touristiques.
Avez-vous un message à l’endroit du gouvernement et des populations ?
Mon message va se résumer à beaucoup de doléances. On demande au gouvernement de diminuer les taxes, afin de soutenir l’économie dans la région et de façon générale, dans tout le pays. Je voudrais aussi demander de délocaliser les rencontres ou activités de l’Etat à Dédougou, afin de nous encourager. Nous souhaitons que l’Etat nous facilite l’obtention des crédits et à des taux réduits et qu’il réduise aussi le nombre de pièces à fournir au moment de demander les crédits.
Quelle est aujourd’hui la situation du transport routier dans la région ?
Le transport a aussi repris. Les axes Ouaga-Dédougou, Dédougou-Nouna-Djibasso-Frontière Mali, Dédougou-Bobo sont désenclavés. Cela a permis de reprendre les activités qui étaient aussi paralysées dans la région. Tout se passe bien et les gens se déplacent sans problème. Je voudrais remercier les autorités de la Transition, les FDS et les VDP qui se battent nuit et jour pour le retour de la paix au Burkina Faso. Je prie Dieu de les assister dans leurs activités. Je remercie aussi L’Economiste du Faso qui nous donne l’opportunité de parler de la situation de l’hôtellerie dans notre région. J’invite les Burkinabè, pour leurs différentes activités professionnelles ou de tourisme, à venir dans la Boucle du Mouhoun, parce que la situation est quasi normale et propice à ces activités.
Propos recueillis par Issa SAWADOGO (Collaborateur)