• SOPROLAIT-SA : les organes de gouvernance pratiquement inexistants
• SOFAB : perte financière de 452 millions FCFA entre 2022 et 2023
• Participation accrue de l’Etat désormais dans la gestion
Le tissu industriel burkinabè se dote de deux nouvelles Sociétés que sont “FASO KOSAM” et “ FASO GUULGO” en lieu et place respectivement de la Société de production de lait et de produits laitiers (SOPROLAIT-SA) et de la Société de fabrique d’aliments pour bétail (SOFAB). SOPROLAIT-SA et SOFAB ont été nationalisées le 20 novembre 2024, à travers deux décrets pris en Conseil des ministres par le gouvernement de transition. La relance de certaines unités industrielles en agonie financière, économique et mauvaise gouvernance administrative pour la plupart est aujourd’hui en train d’être sauvée par le gouvernement du président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré. Après la Société Nouvelle sucrerie (SN-Sosuco) et la Société Brafaso les mois précédents, “FASO KOSAM” et “ FASO GUULGO” viennent s’ajouter au parc industriel burkinabè.
Le gouvernement donne les raisons de la nationalisation
Mais quelles sont les vraies raisons de cette nationalisation pour cause d’utilité publique de SOPROLAIT-SA et de SOFAB ? Selon le Conseil des ministres du 20 novembre 2024, les raisons varient, mais pour la plupart des Sociétés, les cahiers de charges n’étaient pas respectés. Ainsi, le gouvernement entend procéder à leur relance, à travers une forte participation de l’Etat désormais dans la gestion. Pour le cas précis de SOPROLAIT-SA, le Conseil des ministres informe que depuis sa création en janvier 2004, les organes de gouvernance de la Société sont pratiquement inexistants. Pourtant, la Société a bénéficié d’une subvention de fonctionnement de 126.974.116 FCFA en 2009 et dispose d’un domaine de 4 hectares à Koubri, dans un espace totalement viabilisé. Malgré cet accompagnement de l’Etat, la Société ne dispose toujours pas d’une unité de production de lait qui est pourtant sa raison sociale. Pour l’Exécutif, cette situation entrave le développement du bassin laitier de Ouagadougou et compromet les efforts visant à réduire la dépendance aux importations de produits laitiers.
Partant de ces constats, le gouvernement révèle qu’ils facilitent par une viabilité économique de la Société et la sauvegarde des emplois, la nationalisation s’est révélée impérieuse pour, dit-il, éviter la faillite de la SOPROLAIT-SA. La nationalisation actée, le gouvernement ordonne le transfert de la totalité des parts sociales de la Coopérative des producteurs de lait (COPROLAIT) et des promoteurs privés à l’Etat du Burkina Faso. La conséquence de ce transfert des actifs est la création d’une nouvelle Société dénommée « FASO KOSAM », qui a pour mission de produire du lait et des produits laitiers sous toutes les formes, de développer un mécanisme d’approvisionnement pérenne en matières premières pour sa production, d’assurer la transformation et la conservation du lait et tout autre produit laitier, de mettre à disposition du lait et des produits laitiers de qualité et d’organiser son système de distribution et de commercialisation.
SOFAB : fonctionnement à minima de la production d’aliments à bétail
La SOFAB fera désormais place à la Société burkinabè de fabrique d’aliments pour animaux d’élevage, en abrégé « FASO GUULGO ». L’Exécutif explique l’avènement de « FASO GUULGO » par le fait que SOFAB trainait de nombreux dysfonctionnements dans la production d’aliments et des tensions dans la gestion de sa trésorerie. Le compte rendu du Conseil des ministres déclare que SOFAB était confrontée à des dysfonctionnements majeurs. Il s’agit, entre autres, d’un fonctionnement à minima, 20% de sa capacité, soient 20 tonnes/jour au lieu de 100, d’une forte baisse du chiffre d’affaires de 848 millions FCFA en 2023, contre 1,3 milliard en 2021, des pertes récurrentes, des capitaux propres négatifs et d’un surendettement. Une situation qui met à risque les créances publiques consenties pour la mise en place de l’entreprise et en péril les objectifs nationaux de soutien aux filières animales et halieutiques dans le cadre de l’Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025.
La nationalisation de la SOFAB vise donc à préserver les investissements publics, à prévenir la faillite de l’entreprise et à assurer sa relance. A cela s’ajoute la prise en main, ainsi que le contrôle de la SOFAB par l’Etat burkinabè. En rappel, la SOFAB a été créée en 2009, avec pour mission de produire des aliments complets et de qualité pour le bétail et la volaille.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré 1
La nationalisation de la SOPROLAIT-SA permettra à l’Etat:
– d’éviter la faillite de la SOPROLAIT-SA ;
– d’assurer la protection des investissements publics, notamment, les actions du Fonds burkinabè de développement économique et social ;
– d’opérer des réformes immédiates et essentielles pour amorcer la transformation du lait et des produits laitiers au Burkina Faso ;
– de réunir les conditions pour la réussite de l’Offensive agropastorale et halieutique en matière de production animale.
Encadré 2
La nationalisation de la SOFAB permettra à l’Etat :
-de préserver les investissements publics, prévenir la faillite de l’entreprise et assurer sa relance ;
– de stabiliser la filière d’aliments pour bétail, un secteur crucial pour le développement de l’élevage et la sécurité alimentaire nationale.