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«Miracle» économique de la Chine: «Un modèle possible pour le Burkina Faso », selon Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo

• Renforcer la gouvernance des  finances publiques

• Des solutions présentées, lors des Etats généraux du secteur privé

• Faire du secteur privé, un véritable moteur de croissance économique

Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, Directeur de l’Institut Free Afrik

La République populaire de Chine a mis un demi-siècle pour sortir de la pauvreté économique et multiplier par centaine son revenu moyen par habitant. Cette prouesse qui est due à la vision politique, à la discipline chinoise mais surtout au fait que les dirigeants avaient décidé de suppléer le secteur public en misant sur le secteur privé, véritable moteur de croissance d’une Nation. Conséquence, le Produit intérieur brut (PIB)/tété d’habitant (revenu moyen par habitant) est passé de 89,5 dollars à 1266,6 dollars de 1960 à 2022. « Il s’est passé que dans la décennie 1960, le taux de croissance de la Chine était en moyenne de 1,2%. En 1978, la Chine a décidé de marcher sur ses deux pieds, sous le leadership du Président Den Xiaopieng, ainsi, ils ont développé le secteur privé qui a ouvert les voies de la prospérité…». Ce constat est du Directeur exécutif de l’Institut Free Afrik, Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, à travers une étude intitulée  «Contribution du secteur privé à la Nation burkinabè d’hier à demain », commanditée par le Conseil national du patronat burkinabè (CNPB), et livrée à la faveur des états généraux du secteur privé burkinabè, les 2 et 3 septembre 2024, à Ouagadougou. Pour l’enseignant-chercheur en économie, ce miracle chinois peut être dupliqué au Burkina Faso, pour peu que les pouvoirs politiques accordent toute la place, voire fassent du secteur privé burkinabè le véritable moteur de croissance économique.

Voici les solutions pour y arriver

Pour y arriver, il recommande que le gouvernement rétablisse un climat de confiance, avec une clarification de la vision économique de l’Etat, du rôle qu’il assigne à l’initiative privée, cela  constitue une exigence pour le renouveau, une meilleure structuration et un maillage plus serré de l’ensemble des secteurs économiques, une structuration ouverte sur la diaspora, une veille stratégique et prospective pour être proactive et un véritable dynamisme, un renforcement des capacités techniques et de plaidoyer.

Un renforcement de la gouvernance des finances publiques contribue à l’épanouissement du secteur privé, mais c’est aussi et d’abord un impératif pour l’efficacité de la lutte contre l’insécurité, l’effort de prélèvement recentré sur la principale place du système fiscal : la fraude et la corruption, une action diligente attendue pour un apurement progressif des arriérés de la dette intérieure, le développement économique : participation essentielle des acteurs locaux dans l’accumulation du capital, une appropriation nationale de l’économie doit être une priorité, ramener l’éthique et la fierté du travail bien fait, miser sur la qualification et la compétence, s’approprier l’intelligence artificielle, prendre en compte les changements climatiques dans les analyses économiques et bâtir une économie de guerre (contexte sécuritaire oblige).

Un secteur burkinabè résilient

En attendant ce miracle de l’économie burkinabè, l’économiste dit avoir observé une forte résilience des Hommes d’affaires burkinabè à tous les niveaux. Mieux, dit-il, ceux-ci ont fortement soutenu les gouvernements pour le développement socioéconomique du pays. Ayant pris son amorce à partir des années 1980 (période de la révolution d’août 1983), le secteur privé burkinabè est constitué de 23,7% du secteur primaire, 48,8% du secteur tertiaire, 13,4% d’industries extractives et le reste est occupé par des acteurs évoluant dans le domaine secondaire et dans les activités manufacturières (4,1%), selon des données de l’économie burkinabè, en 2023.

77% des entreprises appartiennent à des personnes physiques

Sur la forme juridique des entreprises burkinabè, l’étude révèle que 77,4% appartiennent à des personnes physiques, 0,6% sont des sociétés anonymes, 19,1% des sociétés à responsabilité commerciale, 0,2% des SAS ; 0,9% des associations ; 0,6% des coopératives et 1,3% appartiennent à d’autres formes juridiques. Sur les 12 dernières années (2011-2023), le secteur extractif a connu un boom, passant de 2% à 19% de croissance en moyenne/an. Pour l’économiste, cela est extraordinaire et devrait avoir une attention particulière des gouvernants. A l’inverse, le secteur de l’élevage est passé de 5% à 1%, le plus affecté de la crise sécuritaire. A l’élevage s’ajoute le secteur manufacturier, qui passe de 16% à 4%, suivi de l’hôtellerie et de la restauration qui sont en grande difficulté.

Le secteur privé représente 70% du PIB

Aujourd’hui, le secteur privé représente 70% du PIB, soit 2/3 de la création de valeur, 9 emplois sur 10 ont été créés par le privé, soit plus de 10 millions d’emplois créés, il est à la base de la réalisation de l’investissement total, avec 54,3% en 2022. Un acteur déterminant dans l’exportation, il assure une fonction fondamentale dans le pays, à savoir l’approvisionnement continu des biens et services en dépit de l’insécurité et du manque d’accès au littoral. Le secteur privé est aussi acteur majeur dans la formation du capital humain. Pour preuve, 78,9% des enfants au préscolaire sont issus des établissements du privé, 26,3% des élèves au primaire ; 43% dans l’enseignement secondaire ; 19,7% dans les universités privées. Ces chiffres, selon Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, sont similaires dans le secteur de la santé.

Ambéternifa Crépin SOMDA

 

Encadré 1

La contribution du secteur privé aux recettes fiscales

La contribution du secteur privé à l’économie nationale ces dix dernières années a été très significative, dès lors qu’il a commencé à dominer le secteur bancaire. A titre d’exemple, sa contribution aux recettes fiscales est passée de 940,8 milliards FCFA en 2013 à 2220,7 milliards FCFA en 2022. Autre information de 2013 à 2023, l’ensemble des recettes fiscales rapportées par l’Etat burkinabè est de plus de 15.000 milliards FCFA.

 

Encadré 2

Le président chinois, Deng Xiaoping, l’homme qui a enclenché le miracle

Deng Xiaoping est devenu le leader de la Chine en décembre 1978. Il a lancé la réforme économique chinoise en 1978. Deng a proposé les « Quatre Principes Fondamentaux » en mars 1979 pour délimiter les réformes48. Le système des Communes est progressivement démantelé et les paysans commencent à avoir plus de liberté pour gérer les terres qu’ils cultivent et vendre leurs produits sur les marchés. Dans le même temps, l’économie chinoise s’ouvre vers l’extérieur….

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