• On endommage son conteneur de plus de 2 milliards de francs CFA de marchandises au port de Lomé
• Et on lui donne comme dédommagement de 6 120 000 F CFA,
• Le Patron de Adam Solaire s’en remet alors aux autorités burkinabè
L’affaire a débuté de façon anodine avant de vite se transformer en un cauchemar pour l’opérateur économique burkinabè. Face aux portes judiciaires, diplomatiques et même politiques qui se sont refermées devant lui, Nonraogo Adama Sawadogo a lancé, le mercredi 28 aout 2024, un cri de cœur aux autorités burkinabè afin qu’elles volent à son secours.
Tout a commencé le 25 juillet 2019 lorsque le conteneur transportant des batteries solaires et des onduleurs hybrides est endommagé au Port de Lomé (Togo). Le Groupe Bolloré, qui a rétrocédé aujourd’hui ses actions à African Global Logistic (AGL), et sa filiale Togo Terminal SA s’engagent à réparer le préjudice subi. Une expertise est effectuée à la demande des deux sociétés. Les résultats révèlent que seules 11 batteries ont été endommagées et la valeur est estimée à 17 millions de francs CFA. Non content de ces conclusions, l’opérateur économique burkinabè s’attache les services d’un expert béninois dont la conclusion est sans appel : «le contenu du conteneur est détérioré».
Deux expertises, des conclusions différentes. Les parties décident alors de recourir à la justice togolaise pour dire le droit. Une troisième expertise est commanditée par les juges togolais aux frais des deux parties. Cette dernière conclut que «tous les emballages du conditionnement des équipements sont dégradés et nécessitent qu’on les remplace pour les rendre plus présentables aux éventuels clients». Le règlement à l’amiable est demandé par Togo Terminal SA mais sans issue. «Ensuite, elle (Ndlr, Togo Terminal SA) m’a envoyé une deuxième lettre dans laquelle, elle promet de garantir toute la marchandise pendant deux ans avec son assureur et de payer les batteries endommagées à l’œil nu. Vu la distance Lomé-Ouaga, nous avons rejeté cette proposition», a expliqué l’Opérateur économique. A la suite du refus de la partie burkinabè, Togo Terminal SA demande alors la facture commerciale. «J’ai alors produit toutes les factures qui s’élevaient à 2 milliards 127 millions de francs CFA», explique l’homme d’affaires. L’affaire prend une autre tournure lorsque Nonraogo Adama Sawadogo est informé par son conseil qu’il est débouté de toutes ses réclamations par la justice togolaise. Et pour le préjudice subi, la justice condamne Togo Terminal SA à verser la somme de 80 000 francs CFA à l’opérateur économique burkinabè. «Ce qui est marrant est que la justice a ordonné à Togo Terminal SA de payer 1 million de francs CFA à MAERSK LINE (la société de transport) pour le manque à gagner de son conteneur vide», a regretté Nonraogo Adama Sawadogo. La course judiciaire se poursuit en appel de 2021 à 2023. L’homme d’affaires burkinabè, abandonné par ses avocats, s’attache les services d’un autre conseil. La justice, cette fois, condamne Togo Terminal SA à verser 6 120 000 francs pour les 612 batteries endommagées soit 10 000 francs CFA par batterie. «Cette somme est largement en deçà de la valeur de la cargaison. Pire, elle ne couvre même pas l’expertise qui m’a coûté 13 millions de francs CFA. Ce qui est encore décevant et regrettable dans cette affaire, comment pouvez-vous comprendre que nous avons rejeté la proposition de Togo Terminal SA qui, après les résultats de son expert, était prête à nous payer 17 millions de francs CFA pour 11 batteries endommagées et que la justice togolaise demande, après moult tracas, de nous payer 6 120 000 francs CDA pour 612 batteries endommagées ?», fulmine le patron de «Adam Solaire». Selon l’homme d’affaires, la justice togolaise a calculé le préjudice en se fondant sur les déclarations du transitaire. Ce qui est différent de la valeur réelle de la cargaison. Face à cette «situation d’injustice» qui devient comme une impasse, Nonraogo Adama Sawadogo s’en remet aux autorités pour trouver une solution à son problème. «J’ai tapé à presque toutes les portes au Burkina Faso et au Togo afin de trouver une solution au problème. Mais visiblement, lorsqu’il s’agit du Groupe Bolloré, personne ne veut vraiment m’aider. C’est pourquoi, je demande aujourd’hui au président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, de me venir en aide», a lancé l’opérateur économique qui contenait difficilement ses larmes lorsqu’il évoque la décision de justice dans l’affaire qui dure maintenant 5 ans. Un appel en cassation a été interjeté par l’avocate de l’homme d’affaires burkinabè. Il n’exclut pas aussi la possibilité de recourir à la justice de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour rentrer dans ses droits. Cette affaire soulève publiquement des situations que vivent d’autres opérateurs économiques dans des pays voisins ou lointains et qui méritent que le gouvernement accorde une attention particulière.
Issa Sawadogo (Collaborateur)