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Allocation dans l’agriculture de 2020 à 2024: une hausse encore timide

  Soient 155,485 milliards FCFA en 2020 à 164,485 milliards FCFA en 2024

• En deçà de l’engagement de 10% de Maputo

• Financement agricole: l’Etat égalitaire avec l’extérieur

Selon de nombreux spécialistes du monde agricole, la souveraineté alimentaire au Burkina Faso (terres cultivables et la main d’œuvre abondante) est bien possible, pour peu que les gouvernants acceptent de faire des investissements financiers conséquents dans le secteur agricole ; car l’investissement dans la production agricole va permettre au pays de prendre en charge les besoins alimentaires de sa population et d’en exporter l’excédent vers l’extérieur.

De 2020 à 2024, les différents gouvernements ont accordé une volonté à faire du secteur agricole une priorité. Une volonté qui s’est traduite par une hausse croissante du budget alloué au secteur agricole. Ce constat relève du rapport sur les dépenses publiques des secteurs sociaux de base de 2020 à 2024, réalisé par le Centre de recherche appliquée en finances publiques (CERA- FP) et rendu public en mi-juin 2024, à Ouagadougou.

En « auscultant » le contenu du rapport, il ressort de l’analyse que le budget du secteur de l’agriculture montre une tendance haussière. Le Secrétaire exécutif du CERA-FP, qui a présenté le rapport au public, révèle que le budget alloué au secteur de l’agriculture est passé de 155,485 milliards FCFA en 2020 à 164,485 milliards FCFA en 2024, affichant ainsi un taux de croissance globale de 5,79% et un accroissement annuel moyen de 1,42% sur la période sous-revue.

Ces allocations représentent en moyenne par an 5,43% du Budget général de l’Etat. La priorité accordée aux secteur agricole fait apparaitre dans la nature des dépenses, la prédominance des dépenses de promotion des productions agrosylvopastorales qui représentent en moyenne 90% des allocations budgétaires, contre 10% des dépenses de pilotage et soutien du secteur de l’agriculture.

Sur la période 2020-2023, on constate une hausse relative des dépenses de promotion des productions agrosylvopastorales qui sont passées de 83% en 2020 à 93% en 2022, avant de chuter en 2023 et remonter en 2024, en se situant respectivement à 92% et 93% des dépenses du secteur.

L’Etat veut être le principal contributeur

Cette souveraineté alimentaire passe par une reprise en main du financement agricole par l’Etat lui-même. A ce titre, le rapport renseigne que l’Etat burkinabè est le principal pourvoyeur de ressources pour le secteur de l’agriculture, avec une contribution moyenne par an de 57%, contre 43% pour les financements d’origine extérieure. Une presqu’égalité qui préoccupe le CERA-FP. Pour Hermann Doanio, l’importance des financements extérieurs d’un secteur aussi vital que celui de l’agriculture est une situation préoccupante. Pour lui, cela dénote de la dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur. Et d’ajouter que «c’est une situation qui pourrait compromettre les efforts tendant vers la sécurité alimentaire, si ces financements venaient à tarir.»   

Le budget alloué au secteur de l’agriculture a été exécuté en moyenne par an de 131,47 milliards FCFA, sur une prévision de 163,03 milliards FCFA, affichant ainsi un taux d’exécution moyen annuel de 81% sur la période sous-revue. En outre, le montant exécuté du Budget de l’Etat consacré à l’agriculture se situant à un niveau satisfaisant (81% en moyenne par an) affiche une hausse entre 2020 et 2022, avant de chuter en 2023 avec un niveau d’exécution qui ressort à 71%. Cette situation pourrait s’expliquer par le contexte sécuritaire difficile pouvant entraver l’exécution de certains investissements du secteur, surtout dans les zones à forts défis sécuritaires.

Secteur de l’eau et de l’assainissement

En plus d’une hausse du budget du secteur agricole, celui du secteur de l’eau et de l’assainissement affiche aussi une tendance à la hausse de 2020 à 2024. Mais une hausse en dents de scie, fait remarquer le rapport.

Le Secrétaire exécutif du CERA-FP souligne qu’au titre des années 2020 à 2022, le budget du secteur de l’eau et de l’assainissement a connu une croissance. A l’inverse, au titre des années 2022 à 2024, une décroissance du budget alloué a été observée. Le CERA-FP, après avoir pris connaissance de tous les documents budgétaires, mentionne que le budget est passé de 44,29 milliards FCFA en 2020 à 62,386 milliards FCFA en 2024, affichant ainsi un taux de croissance globale de 40,86% et un accroissement annuel moyen de 8,94% sur la période sous-revue. La comptabilisation des ressources du compte d’affection spécial (CAST) dédié à l’eau et à l’assainissement augmente le budget du secteur. Les allocations budgétaires de l’eau et de l’assainissement passent ainsi de 87,466 milliards FCFA en 2020 à 92,82 milliards FCFA en 2024, affichant un taux de croissance globale de 6,13% et un taux d’accroissement annuel moyen de 1,5% sur la période sous-revue.

Par ailleurs, les allocations budgétaires du secteur de l’eau et de l’assainissement représentent en moyenne 1,90% du Budget général de l’Etat, y compris les financements extérieurs. La part budgétaire la plus élevée est de 2,11% et elle a été observée en 2021 et 2022, tandis que la plus faible part de 1,69% a été observée en 2024.

Financement eau et assainissement: l’État accorde plus de 70%

L’examen du budget par nature de dépenses fait apparaitre la prédominance des dépenses de délivrance des services d’eau et d’assainissement qui représentent en moyenne 87% des allocations budgétaires, contre 13% des dépenses de pilotage et soutien du secteur de l’eau et de l’assainissement. Sur la période 2020-2023, on constate une baisse relative des dépenses de délivrance des services d’eau et d’assainissement qui sont passées de 93% en 2020 à 77% en 2023, avant de reprendre leur hausse en se situant à 82% des dépenses du secteur en 2024. 

L’analyse des allocations budgétaires par source de financement indique que l’Etat est le principal pourvoyeur de ressources pour le secteur de l’eau et de l’assainissement, avec une contribution moyenne par an de 73%. Du reste, cette part contributive est assez stable de 2021 à 2024, après une augmentation fulgurante entre 2020 et 2021. Les financements extérieurs ont une contribution d’environ 27% au budget de l’eau et de l’assainissement. Cette contribution des financements extérieurs décroît en 2021 et 2023, avec des valeurs respectives de 19% et 29%.

L’insécurité retarde certains investissements

Le budget alloué au secteur de l’eau et de l’assainissement a été exécuté en moyenne par an de 47,5 milliards FCFA sur la période 2020-2023, avec un taux d’exécution moyen annuel de 84% sur la période sous-revue. A fin décembre 2023, l’exécution budgétaire est ressortie à 50,02 milliards FCFA, sur une prévision de 62,38 milliards FCFA, soit un taux d’exécution de 79%. Par rapport au montant exécuté du Budget de l’Etat, le niveau d’exécution du budget du secteur de l’eau et de l’assainissement a représenté 2% en moyenne sur la période 2020-2023.

En outre, le montant exécuté du Budget de l’Etat consacré à l’eau et l’assainissement, quoiqu’à un niveau satisfaisant (84% en moyenne par an), affiche une baisse entre 2020 et 2021 et 2022 et 2023. Le taux d’exécution passe ainsi de 85% à 82%, respectivement en 2020 et 2021, et de 89% à 79%, respectivement en 2022 et 2023. Cette situation pourrait s’expliquer par le contexte sécuritaire difficile pouvant entraver l’exécution de certains investissements du secteur, surtout dans les zones à forts défis sécuritaires.  

Ambéternifa Crépin SOMDA

Encadré

Relever la part budgétaire de l’offensive  agrosylvopastorale et halieutique

La Déclaration de Maputo de 2003 engage les chefs d’Etat africains à l’allocation de 10% de leur Budget à l’agriculture, en vue d’assurer la sécurité alimentaire. Le non-respect de la Déclaration de Maputo de 2003 par le gouvernement de transition a soulevé un contraste, à en croire le Secrétaire exécutif du CERA-FP. Pour lui, ce contraste réside dans le fait que les plus hautes autorités du pays se sont lancées dans un ambitieux programme de souveraineté alimentaire, à travers l’offensive agrosylvopastorale et halieutique. L’objectif dudit programme, dit-il, est de réduire la dépendance alimentaire du pays vis-à-vis de l’extérieur. Pour donner toute la priorité au secteur agricole, Hermann Doanio invite l’Etat burkinabè à relever la part budgétaire pour concrétiser les ambitions de ce programme qui sont, entre autres, l’autosuffisance et la sécurité alimentaire.

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