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Agriculture, inflation et échanges: l’activité économique de l’UEMOA au vert

• Une croissance projetée à 7% pour 2024

• Au Faso, les cultures vivrières en hausse de 9% en 2023

• La hausse des prix influencée par… la Côte d’Ivoire…

Comment se sont comportés les principaux indicateurs économiques dans les 8 Etats membres de l’UEMOA ? Selon la note de conjoncture économique régionale (NCR), publiée fin juin 2024, la croissance économique de l’Union est projetée à 7%, contre 5,4% en 2023, à la faveur de la mise en production de ressources d’hydrocarbures au Sénégal et au Niger. Cette note analyse la situation économique et financière, ainsi que celle des échanges extérieurs des Etats membres de l’UEMOA, au premier trimestre 2024. Zoom sur l’évolution de l’activité économique (agricole), l’inflation, le secteur extérieur (exportations, importations), et les finances publiques de ces pays, au premier trimestre 2024.

Au Faso, les cultures vivrières en hausse de 9% en 2023

La hausse des prix influencée par… la Côte d’Ivoire…

Les statistiques agricoles transmises par les Etats membres sont des données consolidées pour la campagne agricole 2022/2023, qui fournissent une estimation solide de la production agricole au niveau de l’Union, au titre de l’année 2023. Le cumul, par pays, de la production agricole et vivrière disponible fait ressortir une baisse de la production agricole, au niveau régional, respectivement de 11,9% pour la production vivrière et de 2,5% pour la production d’exportation, sur l’année 2023. En Côte d’Ivoire, l’agriculture d’exportation s’est consolidée de 3,2%, malgré les fortes baisses des productions de cacao (-22,7%) et de café (-50,6%), notamment affectées par la pourriture de fongique qui a fortement impacté la production de cacao dans la région ouest-africaine. La production de coton s’est, quant à elle, repliée de 35,3%. En revanche, la production d’exportation s’est consolidée, tirée par la bonne performance de la production d’anacarde (19,2%) et de caoutchouc (+61,6%). La production d’huile de palme et de sucre s’est aussi bien comportée, avec des hausses respectives de 4,8% et de 7,4% en 2023.

Au Bénin, la production agricole est ressortie en hausse de 7% pour les produits vivriers et de 4,1% concernant les produits d’exportation. La production vivrière a été soutenue par les produits céréaliers qui se sont consolidés de 19,2%, par rapport à l’année précédente, malgré le repli de la production du riz (-6,2%). La production d’exportation, pour sa part, a tiré profit de la bonne performance de la production d’anacarde (+9%) et du palmier à huile (+6,2%). Le coton, produit phare d’exportation, s’est conforté, avec une hausse de 1,9% en 2023, permettant au pays de maintenir son rang de premier producteur au niveau régional.

Au Burkina Faso, les récoltes pour les cultures vivrières sont estimées en hausse de 9% en 2023, tirées par les bonnes récoltes des produits céréaliers (+6,7%) et des tubercules (+21,6%). Les produits d’exportation ont aussi augmenté de 3,2%, par rapport à l’année précédente, à la faveur des bonnes performances dans la production d’arachide (+36,9%) et de soja (+19,6%). Néanmoins, la production de coton s’est nettement repliée (-20,6%, en 2023).

Au Niger, la production vivrière s’est contractée de 20,2%, imputable aux contreperformances relevées dans les différentes spéculations, notamment, le mil (-13,5%), le sorgho (-19,1%) et le niébé (-24,9%). S’agissant de la production d’exportation, en l’absence des données sur le coton, les estimations sur la production arachidière ont été divisées par 10, par rapport à la campagne précédente, malgré le quasi-doublement de la production de pastèque sur la même période.

Au Mali, la production d’exportation, principalement constituée du coton, devrait être boostée en 2023, après le repli enregistré l’année précédente. La production devrait augmenter de 77% en 2023, contre une contraction de près de moitié en 2022. La production vivrière, en revanche, serait attendue en baisse de 1,2%, par rapport à l’année antérieure, plombée par les replis attendus sur les spéculations de maïs (-9,3%) et de sorgho (-3,4%). Les productions de riz et de mil, pour leur part, devraient se conforter, respectivement de 5,0% et de 6,0%.

Au Sénégal, les perspectives de production de la campagne 2022/2023 font ressortir une hausse de 1,8% de la production des produits du vivrier, tirée essentiellement par la production céréalière. Cependant, la production d’exportation est estimée en baisse de 9,1%, tirée par les mauvaises récoltes de la production d’arachide (-10,5%), de coton (-26,7%) et de pastèque (-7,4%). Pour ce qui concerne le Togo, les estimations de production au titre de la campagne agricole 2022/2023 tablent sur une hausse des produits du vivrier de 2,9% par rapport à la campagne précédente et une forte contraction des récoltes sur les produits d’exportation (-36,1%). Cette dernière résulte de la combinaison des contreperformances enregistrées dans la production du coton (-32,3%), du café (-42,5%) et du cacao (-35,6%).

Production agricole dans l’UEMOA pour la campagne 2022/2023

Inflation : la hausse des prix influencée par l’appréciation des prix  en Côte d’Ivoire…

Au premier trimestre 2024, les prix à la consommation au sein de l’Union ont augmenté de 0,1%, par rapport au trimestre précédent. La hausse des prix est essentiellement expliquée par l’augmentation des indices de prix des composantes « logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles » (+1,6%), « restaurants et hôtels » (+2,1%) et, dans une moindre mesure, par ceux de la santé (+1,1%). Sur la même période, les prix des « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » se sont repliés de 0,8% pour atténuer la tendance haussière des produits de consommation susmentionnés.

En glissement annuel, l’indice des prix à la consommation globale a enregistré une amélioration de 2,9%, au 1er trimestre 2024, tirée par la hausse des prix des produits alimentaires (+3,2%), des logements et énergies (+3%), du transport (+2,5%) et de la restauration et de l’hébergement (+5,1%). Seuls les prix des services de communication ont enregistré une baisse au 1er trimestre 2024, comparativement à la même période de l’année précédente. Par ailleurs, bien que les prix des « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » aient baissé au premier trimestre 2024, influençant fortement l’évolution de l’indice, relevée en variation trimestrielle, son niveau demeure plus important que celui de l’année précédente. Au niveau des Etats membres, la hausse des prix relevée en variation trimestrielle a été essentiellement influencée par l’appréciation des prix en Côte d’Ivoire (+0,5%), au Bénin (+1,6%), au Niger (+1,1%) et en Guinée-Bissau (+1,2%). En revanche, au Sénégal et au Mali, les prix à la consommation se sont repliés, respectivement de 1,2% et de 1,1% au premier trimestre 2024 et au 4e trimestre 2023. Aussi, les prix ont légèrement baissé au Burkina Faso (- 0,1%) sur la même période.

Tableau 4 : Evolution de l’IHPC trimestriel de l’Union, par Etat membre

Comparativement au 1er trimestre de l’année 2023, le niveau des prix dans les Etats membres a augmenté, à l’exception du Togo, du Bénin et du Mali qui ont enregistré des baisses respectivement de 2,3%, de 0,3% et de 0,5%. La hausse des prix, la plus importante dans la sous-région, a été enregistrée au Niger (+7,8%), essentiellement influencée par les tensions géopolitiques avec le Bénin, suite à la fermeture des frontières entre les deux pays. Le niveau des prix est également ressorti à la hausse, dans l’ordre, en Côte d’Ivoire (+3,5%), au Burkina Faso (3,2%), en Guinée Bissau (2,7%) et au Sénégal (2,2%). Au niveau de l’Union, l’inflation sous-jacente est ressortie à 0,2%, en variation trimestrielle, tirée par la hausse des prix des produits frais, dans un contexte de baisse des prix des énergies dans la plupart des Etats membres.

Globalement, sur la base des informations disponibles au 1er trimestre de l’année 2024, les prévisions préliminaires de l’inflation de l’Union suggèrent un niveau d’inflation en deçà de 3%, au terme de l’année 2024.

Echanges commerciaux : baisse des achats

Au premier trimestre 2024, les échanges commerciaux de l’Union (hors Bénin et Mali) avec l’extérieur ont été caractérisés, comparativement au trimestre précédent, par une hausse des ventes et une baisse des achats, respectivement de 31,9% et 12,7%. Par rapport à la même période de l’année 2023, les exportations de l’Union ont augmenté de 20,8%, alors que les importations ont chuté de 10,2%.

Les exportations de l’Union (hors Bénin et Mali) ont augmenté de 207,1 milliards (mds) (+4,5%) au premier trimestre 2024, par rapport au quatrième trimestre 2023. Cette augmentation résulte principalement des hausses des ventes à l’extérieur enregistrées au Burkina Faso (+18,8%), au Niger (+53,4%) et au Sénégal (+24,5%), atténuées par les baisses observées en Côte d’Ivoire (-0,7%), en Guinée Bissau (-82,0%) et au Togo (-19,6%). La hausse des exportations du Niger résulte de l’augmentation des ventes à l’extérieur des produits des « Hydrocarbures » de 235,6%, des « Produits agricoles » et « Autres produits », respectivement de 67% et 359%. En glissement annuel, c’est-à-dire, comparativement au même trimestre de 2023, les exportations de l’Union (hors Bénin et Mali), au premier trimestre 2024, sont en baisse de 211,0 milliards (-4,2%), en lien avec les baisses observées dans les Etats membres, à savoir en Côte d’Ivoire (-183,9 mds), au Niger (-84,7 mds), au Sénégal (-84,6 mds) et au Togo (-4,6,4 mds), à l’exception du Burkina Faso et de la Guinée Bissau pour lesquels des hausses de 143,9 mds et 2,9 mds ont été enregistrées respectivement.

Les importations de l’Union ont baissé de 828,8 mds (-12,7%), au premier trimestre 2027, par rapport au trimestre précédent, en lien avec les chutes enregistrées dans tous les Etats membres, à l’exception du Niger et du Togo, où elles ont respectivement augmenté de 17,2% et 0,5%. La Côte d’Ivoire (-16,9%) a enregistré la baisse la plus importante en valeur relative, suivie respectivement du Sénégal (-15,5%), du Burkina Faso (-5,9%) et de la Guinée Bissau (-0,4%). La hausse des importations au Niger provient de l’augmentation enregistrée au niveau de l’achat de tous les principaux produits, à l’exception des « produits pétroliers » (-2,4%), à savoir les « produits alimentaires » (+14,0%), les « biens d’équipement » (+1,9%) et les « autres produits » (+42,6%).

En glissement annuel, au premier trimestre 2024, les importations de l’Union se sont établies en baisse de 644,1 mds (-10,2%), en conséquence de leur chute dans tous les Etats membres, à savoir la Côte d’Ivoire (-5,8%), la Guinée Bissau (-3,1%), le Niger (-72,6%) et le Sénégal (-2,8%). Seuls le Burkina Faso (+5,7%) et le Togo (+1,8%) ont affiché des importations en hausse, sur la période.

NK

 

Encadré

Finances publiques: hausse des recettes au Burkina Faso

Au cours du premier trimestre de l’année 2024, les données conjoncturelles sur les finances publiques de l’Union indiquent que les recettes budgétaires totales s’y sont établies à 4.258,8 milliards (mds), contre 4.002,9 mds au même trimestre de l’année précédente. Cette évolution correspond à une augmentation de 255,9 mds, en termes absolus, et à une progression relative de 6,4%, en glissement annuel. L’évolution de la situation financière dans les Etats membres de l’Union indique une hausse des recettes qui a été la conséquence de la progression des recettes totales en Côte d’Ivoire (+190,7 mds, soit +11,3,0%), au Bénin (+52,1 mds, soit +12,8%), au Togo (+37,0 mds, soit +20,2%), au Burkina Faso (+24,2 mds, soit +3,7%) et au Sénégal (+12,6 mds, soit +1,6%). Sur la même période, les recettes budgétaires totales se sont, en revanche, affichées en baisse au Niger (-57,2 mds, soit -22,4%) et en Guinée-Bissau (-3,5 mds, soit -11,6%). Concernant les principales composantes des recettes, la hausse constatée des recettes totales de l’Union résulte de la dynamique de toutes les composantes.

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