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Allocations budgétaires 2024: la santé et l’éducation évoluent en dents de scie

• Près de 400 milliards FCFA cette année pour le secteur de la santé

• Le budget pour l’éducation en hausse

• L’Etat demeure le principal bailleur avec plus de 90% par an

La guerre a un prix et celle que le gouvernement burkinabè actuel a engagée contre les terroristes coûte cher au point de faire fluctuer le portefeuille des ministères en charge des secteurs sociaux de base. Et pour cause, des secteurs tels que l’eau et l’assainissement, l’agriculture, l’éducation et la santé ont des allocations budgétaires qui évoluent en dents de scie, tantôt à la hausse et tantôt à la baisse. Ce constat relève du rapport sur les dépenses publiques des secteurs sociaux de base de 2020 à 2024, réalisé par le Centre de recherche appliquée en finances publiques (CERA- FP) et rendu public en mi-juin 2024, à Ouagadougou.

Le Secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio, qui a présenté le rapport, a révélé que « le budget de la santé est en hausse en valeur mais en baisse en valeur relative, exception faite de 2023, représentant un pic en baisse sur période ». Selon ses explications, le budget alloué au secteur de la santé est passé de 287,005 milliards FCFA en 2020 à 371,279 milliards FCFA en 2024, affichant ainsi un taux de croissance globale de 29,36% et un accroissement annuel moyen de 6,65% sur la période. Toutefois, le budget de la santé a connu une baisse entre 2022 et 2023, avant de reprendre sa tendance haussière entre 2023 et 2024.

Toujours d’après le rapport, la Comptabilisation des ressources des comptes d’affection spéciaux (CAST) dédiés à la santé augmente le budget de la santé. Par ailleurs, les allocations budgétaires du secteur de la santé sont estimées en moyenne à 10,05% du Budget général de l’Etat, y compris les financements extérieurs. La part budgétaire la plus élevée a été observée en 2020, avec 11,33% contre la plus faible part de 9,24% observée en 2023. Les dépenses liées à la délivrance des services de santé ont représenté en moyenne 84% de l’enveloppe budgétaire du ministère sur la période d’études du rapport. 16% de ces allocations ont été utilisées pour des dépenses de pilotage et de soutien au secteur.

Les financements extérieurs pour la santé, en chute

Pour ce qui est des allocations budgétaires, l’Etat burkinabè est le principal pourvoyeur de ressources pour le secteur de la santé, avec une contribution moyenne par an de 89%. Toutefois, la part contributive de l’Etat affiche une évolution en dents de scie sur la période, mais reste tout de même au-dessus de 80% des dépenses du secteur de la santé. Quant aux financements extérieurs, ils contribuent pour environ 11% au budget de la santé. Cette contribution des financements extérieurs décroît en 2021 et 2024, avec des valeurs respectives de 4% et 11%.

Le document indique qu’à fin décembre 2023, l’exécution budgétaire est ressortie à 278,05 milliards FCFA sur une prévision de 316,54 milliards FCFA, soit un taux d’exécution de 88%. Par rapport au montant exécuté du Budget de l’Etat, le niveau d’exécution du budget du secteur de la santé a représenté 10% en moyenne sur la période 2020-2023, d’où le non-respect de la norme de 15% du budget à allouer audit secteur. En outre, le montant exécuté du Budget de l’Etat, consacré à la santé quoiqu’à un niveau très satisfaisant (95% en moyenne par an), affiche une baisse entre 2021 et 2023. Le taux d’exécution passe ainsi de 97% et 98%, respectivement en 2020 et 2021, à 97% et 88%, respectivement en 2022 et 2023. Cette baisse s’explique par le contexte sécuritaire difficile qui entrave l’exécution des investissements du secteur de la santé dans les zones à forts défis sécuritaires.

A noter que la norme des 15% du Budget national à accorder au secteur de la santé n’est toujours pas respectée. Le secteur de la santé au Burkina, avec une part budgétaire de 10,18%, n’est pas en accord avec l’engagement international ratifié par l’Etat burkinabè. En effet, la déclaration d’Abuja de 2001 stipule que le gouvernement de chaque Etat signataire alloue chaque année, 15% de son Budget national à la santé.

745 milliards FCFA injectés en 2024 pour l’éducation

Le rapport sur les dépenses publiques des secteurs sociaux de base de 2020 à 2024, réalisé par le Centre de recherche appliquée en finances publiques (CERA- FP), mentionne que le budget du secteur de l’éducation est passé de 630,197 milliards FCFA en 2020 à 745,015 milliards FCFA en 2024, soit une hausse de 18,22% et un accroissement annuel moyen de 4,27% sur la période.  Il ressort du document que la Comptabilisation des ressources des comptes d’affection spéciaux (CAST) dédiés à l’éducation est passée de 660,58 milliards FCFA en 2020 à 749,11 milliards FCFA en 2024, affichant un taux de croissance globale de 13% et un taux d’accroissement annuel moyen de 3,19% sur la période. Dans le même temps, les allocations budgétaires du secteur de l’éducation sont en moyenne de 23,08% du Budget général de l’Etat, y compris les financements extérieurs. 

Le Secrétaire exécutif du CERA-FP a signifié que la part budgétaire la plus élevée avait été observée en 2021, avec un taux de 25,46%, tandis que la plus faible part c’est en 2024, avec 20,17%. Malgré cette baisse de taux en 2024, la bonne nouvelle est que la cible de 20% du Budget national à allouer au secteur de l’éducation a été respectée. Autre bonne nouvelle, selon Hermann Doanio, est que l’Etat burkinabè est le principal pourvoyeur de ressources pour le secteur de l’éducation, avec une contribution moyenne par an de 93%. A contrario, les financements extérieurs ne représentent que moins de 10% au budget de l’éducation. Cette contribution des financements extérieurs décroît en 2020 et 2024, avec des valeurs respectives de 9% et 4%.

En consultant de près ledit rapport, il ressort qu’à fin décembre 2023, l’exécution budgétaire est ressortie à 694,91 milliards FCFA, soit un taux d’exécution de 95%. Le rapport informe que le secteur de l’éducation peine à consommer la totalité de son budget. A titre d’exemple, les rédacteurs de l’enquête soulignent qu’en 2020 et 2021, le taux d’exécution est passé de 99% et 98% à 97% et 95%, respectivement en 2022 et 2023. Une situation due au contexte sécuritaire difficile qui entrave l’exécution des investissements dans les zones à forts défis sécuritaires.

Synthèse de Ambéternifa Crépin SOMDA

Encadré

Plus de 600 milliards FCFA en 2023 pour la sécurité-défense

Depuis 2023, le budget alloué à la sécurité-défense a atteint, pour la première fois, plus de 600 milliards FCFA, contre 416 milliards FCFA en 2022. En rappel, le Budget de l’Etat exercice 2024 se chiffre à 3 019.118.770.000 FCFA en recettes et à 3 694.594.012.000 FCFA en dépenses. De ce budget, il se dégage un déficit budgétaire de 675.475.242 milliards FCFA.

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