• Le décaissement tardifs des ressources des partenaires, une des causes
• Certains travaux ont été lancés en 2017
• Comme le bitumage de la route Kantchari frontière Bénin
La 11e Assemblée générale des Projets et Programmes de développement (PPD), qui a eu lieu le 10 mai 2024, à Ouagadougou, a mis à nu les Projets en souffrance durant l’année 2023, ainsi que les raisons de ces entraves. Parmi les ministères qui enregistrent des Projets qui accusent des retards dans l’exécution, le département des Infrastructures compte sept PPD qui présentent des risques de ne pas être exécutés. Le Projet de construction et de bitumage de la route Kantchari-Diapaga-Tansarga-Frontière du Bénin est un projet emblématique et constitue une préoccupation majeure pour les autorités, au regard de la situation sécuritaire que connait le Burkina Faso. Longue de 145 kilomètres, la route construite devait permettre de soutenir la croissance économique du Burkina Faso par le désenclavement des zones potentielles de pôles de croissance, de mettre en œuvre la «Stratégie de développement du secteur des transports au Burkina Faso» (2011 – 2025), de contribuer à l’essor des échanges entre le Burkina, le Niger, le Bénin et le Togo et d’améliorer l’accès aux zones à haute potentialité agricole et pastorale des régions de l’Est et du Centre-Est du Burkina Faso, et de lutter contre la pauvreté par une facilitation des échanges. Les travaux avaient été lancés le 19 décembre 2017, à Diapaga, par le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. D’un coût global de 33 milliards FCFA, les travaux de construction de la route, qui devaient être exécutés par la société SOROUBAT et la Compagnie sahélienne des entreprises (CSE), sont depuis lors à l’arrêt, à cause de l’insécurité qui gangrène la région de l’Est.
La construction de l’axe routier Ouahigouya-Djibo est aussi symbolique, dans la mesure où elle devait permettre de relier les deux localités et de désenclaver la ville de Djibo. Le 13 juillet 2022, le Conseil des ministres avait confié la réalisation des travaux de construction de la route, longue de 115 kilomètres, à l’entreprise Africaine de travaux publics (ATP) pour un montant de plus de 48 milliards 144 millions FCFA TTC, avec un délai d’exécution de 30 mois, y compris la saison pluvieuse. Les travaux devaient être financés par le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe, le Fonds saoudien de développement, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique et le Budget de l’Etat. Selon le rapport présenté, lors des Assises des PPD, cette route est en souffrance. La région du Nord est actuellement en proie aux groupes armés terroristes qui écument la zone et ont pratiquement isolé Djibo du reste du Burkina Faso.
C’est aussi le cas de la route Tougan-Ouahigouya. Long de 94 kilomètres, l’axe est dans un état particulièrement difficile aussi bien en saison sèche qu’en saison pluvieuse. Sa construction et son bitumage doivent coûter 42 milliards FCFA. En plus du bitumage, il est prévu plusieurs travaux connexes, dont la réalisation de 10 km de voiries urbaines dans la ville de Ouahigouya, l’ouverture de 20 kilomètres de pistes rurales, l’aménagement de 6 marchés dans les villages de Bouaré, Bonou, Kiembara, Dio, Zogoré et Sissamba.
Une centaine de tombes retardent le chantier
Les travaux de construction et de bitumage de la rocade nord, bouclage du boulevard Circulaire de Ouagadougou, sont aussi à la traine. La situation a contraint le ministre des Infrastructures et du Désenclavement, Adama Luc Sorgho, à faire une descente sur le terrain.
Les travaux consistent en l’aménagement de 10,230 km de route du boulevard des Tensoaba, ainsi qu’à la construction d’un passage supérieur à l’intersection avec la RN°3, d’une part, et d’autre part, en la réalisation de contre-allées de part et d’autre de la chaussée principale (1.373 m), de 20. 629 ml de réseau d’assainissement et de drainage.
Les principales difficultés sur ce chantier sont d’ordre social et environnemental. Il s’agit, notamment, du déplacement d’une centaine de tombes, des populations riveraines affectées. Face à ces difficultés, le patron des infrastructures a accepté de repousser le délai d’exécution des travaux jusqu’en décembre 2024. Les travaux sont exécutés par les entreprises Globex Construction et SOROUBAT pour un coût global de 21 milliards FCFA.
Le Projet de renforcement route communautaire Cu2a section Gounghin-Fada-Piéga-Frontière du Niger, celui de l’aménagement de routes de désenclavement interne (PARDI), le bitumage de la route régionale n°11 (RR11) Kolinka- Fara-Poura Carrefour sont aussi parmi les Projets qui connaissent un retard inquiétant dans l’exécution.
Les raisons, selon le rapport, sont essentiellement les contentieux liés aux attributions de certains marchés, le non-respect des délais contractuels par certaines entreprises et des incidents de chantiers qui entrainent souvent l’arrêt des travaux. A ceux-là, il faut ajouter les décaissements tardifs des ressources par des partenaires, la suspension des décaissements sur une partie de l’année 2022, suite aux changements institutionnels et la multiplicité des avis de non-objection (ANO) à demander dans la procédure de passation des marchés. L’accès difficile à certains sites du fait de la situation sécuritaire, l’inflation (qui a atteint un record de 14,6% en 2022) entrainant un renchérissement des prix sont aussi à mettre au compte des difficultés qui freinent la mise en œuvre de certains PPD.o
Issa SAWADOGO (Collaborateur)