• 236 sur 237 identifiés ont été évalués pendant la période 2021-2022
• 48 Projets ont été classés «rouge» parce qu’ils présentent tous les risques de ne pas atteindre les objectifs
La 11e Assemblée générale des Projets et Programmes de développement, tenue le 10 mai 2024, à Ouagadougou, a révélé les difficultés dans l’exécution de ces PPD. Organisées sous le thème « Facteurs limitants dans la mise en œuvre des Projets et Programmes de développement : cas des avis de non-objection, des procédures et mécanismes de passation des marchés et le non-alignement des partenaires techniques et financiers aux référentiels nationaux », ces assises ont passé en revue l’état de mise en œuvre des PPD sur le terrain. Pour l’occasion, les responsables des Projets et Programmes, les partenaires techniques et financiers et des membres du gouvernement, dont le Premier ministre, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambèla, se sont retrouvés pour un conclave d’une journée. Objectifs : faire l’état des lieux, déceler les difficultés et dégager des solutions pour la mise en œuvre des PPD au bénéfice des populations. L’exercice couvre la période de 2021-2022 et 2023. Au total, 236 Projets et Programmes, répartis dans 14 secteurs de planification, ont été analysés pour les années 2021et 2022, et 163 pour le compte de l’année 2023.
Des rapports sur la santé des Projets et Programmes de développement en 2021-2022, il ressort que 94 présentent des performances satisfaisantes, 94 autres ont des performances moyennes et celles de 48 sont faibles. « Les risques de non-atteinte des résultats sont très élevés », précisent les agents dans leurs rapports. Parmi ces Projets en difficultés, 8 relèvent du secteur de la santé.
Niveau de mise en œuvre moyennement satisfaisant
Le Projet « Amélioration de l’accès aux soins de santé pour la mère et l’enfant au Burkina Faso (ORI) » présentait un taux d’exécution de 21,25%. Le Projet qui propose de remplacer dans cinq villes/villages les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) par des Centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA) avait pour ambition d’améliorer l’accès des femmes enceintes, des femmes accouchant et accouchées et les nouveau-nés, ainsi que les autres habitants de la périphérie de ces centres aux soins médicaux plus performants. Il a été victime des différents évènements politiques que le Burkina Faso vit depuis l’insurrection d’octobre 2014 à nos jours. Les différents gouvernements qui se sont succédé n’ont pas réussi à réunir les financements nécessaires à la réalisation du Projet devant contribuer sensiblement à améliorer l’offre de santé aux populations.
L’un des Projets qui avaient suscité également l’espoir des populations était celui de la construction et d’équipement d’un Centre de gériatrie à Ouagadougou (PCE-CEGO). D’un coût global de 4. 285 995 660 FCFA, il devait être financé à 60% par la CARFO et le reste par le budget de l’Etat. Bien qu’ayant connu un gros retard dans son exécution, le centre dédié aux personnes du troisième âge devait normalement ouvrir ses portes en mai 2024. « Dans ce centre, nous voulons mettre en œuvre des activités qui vont permettre aux personnes âgées de mieux vivre leur vieillesse et pourquoi pas une vie meilleure. On veut que les personnes âgées vieillissent en bonne santé. Tout a été mis en place pour cela. Il y a une salle de sport. Il y aura des animations permanentes pour que les personnes âgées se sentent vraiment bien. On ne sera pas là seulement pour gérer leurs bobos, mais il y a également l’aspect récréatif. C’est un centre où la personne âgée pourra venir passer la journée et se faire des amis. Ce sera convivial », expliquait, au cours d’une visite du chantier, Célestine Paré/Kanzié, chargée du Projet de construction du centre de gériatrie de Ouagadougou. Pour l’instant, le centre n’est toujours pas fonctionnel.
Le Projet de construction et d’équipement d’un nouveau Centre hospitalier universitaire de Bassinko (PCE-CHU-BSK) avait été applaudi par les populations de Ouagadougou qui rêvaient de voir pousser du sol un autre hôpital de référence en plus de celui de Tengandogo. Pour sa mise en œuvre, l’Assemblée nationale avait autorisé la ratification un accord de prêt avec la Deutsche Bank SAE, une banque allemande. D’un coût global de 77 960 796 438 FCFA, le Projet devait être financé par un consortium de partenaires techniques et financiers. Sa réalisation devait permettre au ministère de la Santé de désengorger les trois Centres hospitaliers universitaires de la ville de Ouagadougou, afin d’améliorer la qualité des soins offerts aux patients. La Famille Royale des Emirats Arabes Unis apportait une subvention non remboursable équivalant à 35%, soit environ 24,781 milliards FCFA et un prêt concessionnel contracté auprès du consortium de Banques Commerzbank et ABN AMRO. Les 65% restants font l’objet d’un prêt contracté pour une durée de 10 ans, avec un différé de 2 ans et un taux d’intérêt fixe de 1,65%. Ces financements sont destinés à supporter les coûts liés à la construction et à l’équipement (machines, appareillages, installations, assemblages, véhicules, mobilier et instruments à usage strictement médical) de l’hôpital de référence de Bassinko. En dépit des différents efforts, les populations de Ouagadougou attendent toujours la réalisation du projet.
Dans les régions, c’est le Projet de construction et d’équipement des Centres hospitaliers régionaux de Dédougou, Fada N’Gourma et Gaoua Phase 2, qui avaient porté de la joie aux populations. Annoncé en grande pompe, le Projet devait prendre fin en 2020. Il devait permettre de construire et d’équiper les Centres hospitaliers régionaux de Dédougou, Fada N’Gourma et Gaoua de 300 lits chacun. Pour le financement de ce Projet dont le coût global est estimé à 47 389 018 560 FCFA, le gouvernement avait pu mobiliser 4. 972 379 000 FCFA, soit un financement à rechercher de 42 416 539 560 FCFA. Même si le Centre hospitalier régional de Gaoua, construit sur une superficie de 25 hectares, avance, ceux de Dédougou et de Fada sont à l’arrêt. La principale cause de cet arrêt est la situation sécuritaire dans ces deux villes.
Ces Projets en souffrance présentent, selon les auteurs des rapports sur l’état de mise en œuvre des PPD, des risques très élevés de ne pas atteindre les objectifs. Le constat est réel et il appartiendra au gouvernement de travailler à lever les barrières à leur mise en œuvre. Pour cela, tous les acteurs devront accorder leur violon sur les solutions aux facteurs limitants qui peuvent être les avis de non-objection, les procédures et mécanismes de passation des marchés et le non-alignement des partenaires techniques et financiers aux référentiels nationaux.o
Issa Sawadogo (Collaborateur)
Encadré
Selon Dr Aboubakar Nacanabo, ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective, le gouvernement est en pleine refondation des Projets et Programmes de développement. Jugeant les résultats moyennement satisfaisants avec 34 points sur 50, il a indiqué qu’ils pouvaient être améliorés. « Il y a des réalisations concrètes sur le terrain mais certains Projets et Programmes ont encore beaucoup d’efforts à fournir », a-t-il déclaré.o