• Une vingtaine de participants ont pris part à l’atelier
• Un phénomène fréquent qui comporte d’énormes risques
La Société internationale de transport africain par rail ou SITARAIL a animé une séance de sensibilisation ce vendredi 3 mai 2024, sur le site de l’Ecole supérieure des métiers ferroviaires. Cette sensibilisation a porté sur les dangers du siphonage de carburant transporté par la compagnie. Ce sont environ une vingtaine de participants, dont des représentants des villages riverains tels que Farakoba, Darsalamy, Peni, Noumoudara… qui ont pris part à cette sensibilisation initiée par la SITARAIL. L’objectif était d’échanger avec ces personnes ressources autour de la problématique du siphonage, afin de dégager ensemble des voies et moyens pour l’éradiquer. « Le siphonage de carburant est un phénomène qui a la peau dure. C’est au regard de ce que nous voyons comme conséquences, ici et dans les autres pays, que nous avons initié cette activité de sensibilisation, d’information et de prévention à l’endroit de ces personnes ressources », a laissé entendre M. Ouattara, coordonnateur des activités de SITARAIL. Mais d’entrée, les premiers responsables de SITARAIL ont présenté, à travers un film documentaire, la SITARAIL, ses missions, ses activités. Après cela, le phénomène de siphonage a été explicité dans ses contours par le responsable santé-hygiène-environnement et sécurité de SITARAIL, M. Losseni Dissa, à travers une présentation. De la définition aux risques et dangers en passant par l’état des lieux, tout a été abordé. « De façon pratique, le siphonage peut être perçu comme le fait de s’agripper sur les citernes pour prélever du carburant dans le fond des wagons-citernes », a affirmé M. Dissa. S’inscrivant dans la même logique, le coordonnateur des services de SITARAIL, Adama Ouattara, va plus loin en affirmant que « c’est du vol de carburant dans des citernes déjà dépotées ou pleines ».
M. Dissa continue en disant qu’au Burkina, le phénomène est fréquent et comporte d’énormes risques, tant pour les siphoneurs que pour les populations. Pour lui, « cette pratique est une menace pour la sécurité nationale, étant donné qu’on ignore la destination du carburant prélevé ». Toujours sur le plan sécuritaire, le siphonage comporte de hauts risques d’exposition et de destruction. « La citerne vide est plus dangereuse que la citerne pleine, à cause du gaz qui se trouve à l’intérieur. Donc à la moindre erreur, une explosion peut surgir », a-t-il confié. Des exemples d’explosions survenues dans certains pays comme le Canada et le Nigeria ont été montrés au public à titre d’exemple illustratif. Sur l’aspect économique, cette pratique impacte négativement sur l’économie nationale, en engendrant d’énormes pertes pour la SONABHY. À l’échelle individuelle, le siphoneur s’expose non seulement à des maladies, mais il met également en danger sa vie. C’est le cas d’un jeune de 23 ans qui a perdu la vie dans une citerne il y a de cela quelques semaines.
À la suite de la présentation, des échanges s’en sont suivis. Des débats, il est ressorti que si le problème perdure en dépit des dispositions prises, l’éventualité d’une possibilité de complicités et ce, à plusieurs niveaux, n’est pas à écarter. Le Commissaire Nacro a soutenu cette thèse.
Selon un témoignage d’un représentant, « j’ai déjà vu une opération de siphonage se mener. Après que les siphoneurs ont fini de mener leur opération, ils ont fait signe à l’aide d’une torche à l’agent conducteur ». De son côté, la SITARAIL admet qu’il peut, en effet, exister des brebis galeuses parmi ses agents. « Nous faisons la sensibilisation à l’interne. Je ne cache pas le fait que nous SITARAIL en tant que transporteur, notre complicité soit totalement écartée. De par le passé, nous avons eu des agents qui ont été complices mais nous les avons sanctionnés. Nous continuons de mener nos actions de sensibilisation à l’interne. Si malgré tout, un agent se fait prendre par l’appât du gain facile, il répondra de ses actes », a laissé entendre M. Ouattara.
Le Commissaire Nacro salue la démarche de SITARAIL, et l’encourage à continuer dans ce sens. Il invite, par ailleurs, les populations riveraines à faire preuve de sagesse, surtout celles de Peni. « Il ne faudrait pas que l’erreur de Bingo se répète à Peni. À Bingo, après la construction du dépôt de la SONABHY, les populations se sont dit que ça leur appartenait, puisque c’est sur leur terre. C’est de là que tout est parti, et maintenant, on a du mal à lutter contre ce phénomène. Je vous invite à travailler en collaboration avec les autorités, à dénoncer les individus s’adonnant à cette pratique ».
À l’issue de cette rencontre, il a été demandé aux représentants de réfléchir sur des actions de prévention et de lutte contre le siphonage qu’ils pourraient mener auprès de leurs différentes localités. Comme a conclu M. Dissa dans sa présentation, « la lutte contre le siphonage est l’affaire de tous ».o
IB/Collaborateur