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Allocation des secteurs sociaux de base: baisse drastique du budget alloué en 2024

• La raison : impact sécuritaire

• L’éducation, secteur prioritaire du gouvernement

• L’agrosylvopastoral bénéficie de 4,72% du budget 2024

La lutte contre le terrorisme affecte considérablement le budget de l’Etat alloué aux dépenses des secteurs sociaux de base (santé, éducation, eau et assainissement, agriculture, etc.). Le constat suivant relève de “l’analyse citoyenne de la loi de finances initiale 2024”, rendue publique le mardi 7 mai 2024, à Ouagadougou, par le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP). Le Secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio, révèle, d’une part, que le budget alloué aux secteurs sociaux en 2024 est de 31,77%. Pour lui, ce taux assez important démontre l’attention particulière accordée par les autorités de la Transition pour la fourniture des services sociaux à la population.

Il affirme, d’autre part, qu’à travers la décomposition par secteur de base, l’éducation est la priorité prépondérante du gouvernement de transition, avec un taux de 20,17% du budget de l’Etat, suivie de la santé avec 10,18%. Le secteur rural (agrosylvopastoral) bénéficie de 4,72% du budget, suivi de l’eau et l’assainissement avec un taux de 1,42% en 2024. Autre constat est qu’à part le secteur de l’éducation qui respecte les engagements internationaux ratifiés par le Burkina Faso, les autres secteurs de base sont nettement en deçà desdits engagements. Hermann Doanio a souligné que l’analyse sectorielle du budget de l’Etat, exercice 2024, montrait que les dotations budgétaires des secteurs sociaux de base (santé, éducation, eau et assainissement) sont évaluées à 1.173.658.348.000 FCFA, soit 31,77% du budget global. Il précise que par décomposition, la santé va bénéficier de 376.019.272.000 FCFA, l’éducation 745.015.981.000 FCFA, l’eau et l’assainissement sera doté de 52.623.095.000 FCFA, en 2024.

Le gouvernement a ignoré les engagements ratifiés

Le secteur de la santé, avec une part budgétaire de 10,18%, n’est pas en accord avec l’engagement international ratifié par l’Etat burkinabè. En effet, la déclaration d’Abuja de 2001 stipule que le gouvernement de chaque Etat signataire alloue chaque année, 15% de son Budget national à la santé. De même, ce ratio est encore largement en deçà de la plateforme revendicative des partenaires sociaux qui réclament 20% du budget pour la santé. Le taux du secteur ‘’eau et assainissement’’, en 2024, est de 1,42%.

L’analyse a concerné plusieurs programmes du ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, à savoir « Assainissement de l’environnement et amélioration du cadre de vie », « Aménagements hydrauliques », « Gestion intégrée des ressources en eau », « Approvisionnement en eau potable », « Assainissement des eaux usées et excréta ». A ces programmes, on a ajouté les Transferts de ressources aux collectivités dans le secteur ‘’eau potable assainissement’’. Selon le rapport, la faiblesse des ressources allouées à ce secteur n’est pas de nature à permettre une fourniture adéquate des services en eau et assainissement à la population, afin de parvenir à un accès universel à l’eau et aux services d’assainissement.

Contraste dans le secteur agrosylvopastoral

Le secteur rural (agrosylvopastoral) bénéficie de 4,72% du Budget 2024. Les éléments d’analyse sont le budget du ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques et, certains programmes du ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement. Le constat est que le ratio budgétaire est largement en deçà de l’engagement de 10% de Maputo ratifié par l’Etat burkinabè. La Déclaration de Maputo de 2003 engage les chefs d’Etat africains à l’allocation de 10% de leur budget à l’agriculture, en vue d’assurer la sécurité alimentaire. Le non-respect de la Déclaration de Maputo de 2003 par le gouvernement de transition a soulevé un contraste, à en croire le Secrétaire exécutif du CERA-FP. Pour lui, ce contraste réside dans le fait que les plus hautes autorités du pays se sont lancées dans un ambitieux programme de souveraineté alimentaire, à travers l’offensive agrosylvopastorale et halieutique. L’objectif dudit programme, dit-il, est de réduire la dépendance alimentaire du pays vis-à-vis de l’extérieur. Pour donner toute la priorité au secteur agricole, Hermann Doanio invite l’Etat burkinabè à relever la part budgétaire pour concrétiser les ambitions de ce programme qui sont, entre autres, l’autosuffisance et la sécuritaire alimentaire.

Synthèse de Ambéternifa Crépin SOMDA

Encadré

Augmenter les budgets des secteurs sociaux

Le CERA-FP, en collaboration avec le Réseau des OSC intervenant sur les finances publiques (ROSC/FP), a effectué une analyse citoyenne de la Loi de finances initiale 2024 du Burkina Faso, afin qu’elle serve d’outil de plaidoyer pour la société civile. Cette analyse indépendante a comme objectif de faire des propositions qui pourront guider les décisions des autorités dans la prise en compte des besoins des citoyens dans le Budget de l’Etat. Elle s’inscrit dans le cadre du projet de « Renforcement des bonnes pratiques et des mobilisations citoyennes en faveur de politiques publiques adaptées à la réduction des inégalités au Sahel ». L’analyse des allocations budgétaires de base vise à décéler les insuffisances et inviter le gouvernement à y consacrer une attention particulière dans les budgets alloués aux secteurs prioritaires tels que le secteur de l’éducation, le secteur du développement rural (l’agriculture, les ressources animales et halieutiques, l’environnement, l’eau et l’assainissement). 

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