• A Ouagadougou, Kaya et Bobo-Dioulasso
• Pour renforcer les capacités d’action de la Gendarmerie prévôtale
• Travailler aux côtés des troupes engagées et déployées sur le théâtre des opérations
Le Colonel-major Ernest Kisbédo a présidé, ce 26 mars 2024, à Ouagadougou, au nom du Ministère de la défense et des anciens combattants, la cérémonie d’inauguration des infrastructures de la Gendarmerie prévôtale. Ces bâtiments vont renforcer les capacités opérationnelles de la prévôté sur le terrain. Engagées dans la lutte contre le terrorisme, les Forces de défense et de sécurité et les Volontaires pour la défense de la patrie sont régulièrement accusés d’atteinte aux droits humains sur le terrain. A Karma dans la Région du Nord (Ouahigouya) et dans d’autres localités à l’Est et au Sahel, les FDS et les VDP sont souvent pointés du doigt dans des cas d’atteinte aux droits de l’homme. Dans les grandes villes, ils sont surtout accusés d’enlèvement de citoyens vers le front. Toutes ces accusations interrogent et inquiètent au sommet de l’Etat et au niveau des partenaires du Burkina Faso.
La Gendarmerie prévôtale, présente depuis des années au Burkina Faso, restait inactive du fait de manque de moyens roulants, infrastructurels et d’équipement. Avec l’appui de l’ONG suisse COGINTA, spécialisée dans la gouvernance judiciaire et sécuritaire, la prévention des conflits et la lutte contre la criminalité, le Burkina Faso dote sa Gendarmerie prévôtale d’infrastructures flambant neuves. « L’ONG COGINTA avec le financement de l’Union européenne a bien voulu nous gratifier d’un programme qui permet de renforcer nos capacités en matière de gendarmerie prévôtale. C’est à ce titre que quatre infrastructures majeures ont été réalisées dans les différentes sections de recherche à Sig-Noghin, Boulmiougou, Kaya et Bobo-Dioulasso. Nous allons les utiliser dans le cadre de la chaine prévôtale qui a été redynamisée », a expliqué le Colonel William Combary, directeur organisation et emploi, point focal chargé de la liaison avec le partenaire.
La construction des infrastructures s’inscrit dans le cadre du projet d’Appui au renforcement de la Justice militaire et de la justice de proximité (AJUMJUP) dont le financement de 6 millions d’euro, soit environ 3.935.742.000 francs CFA, est assuré par l’Union européenne. Il s’agit de la construction de 4 cellules dans les Brigades de recherche de la Gendarmerie de Sig-Noghin et de Boulmiougou, d’une cellule à Kaya et d’une autre à Bobo-Dioulasso pour un montant global de 394 millions de francs CFA. En plus de ces bâtiments, la Gendarmerie avait reçu 20 motos de type Aloba, de 10 véhicules Pick-up, des équipements de protection individuelle et du matériel de police technique et scientifique.
La Gendarmerie prévôtale est une entité spécifique chargée, aux côtés des troupes engagées et déployées au plan national, de s’assurer que ces dernières agissent conformément aux règles. « La force prévôtale exerce non seulement une fonction régulatrice et de protection de l’outil militaire et des VDP mais procède également sur le terrain à des actes d’enquête sous la direction de la justice militaire », a indiqué Edem Comlan, responsable de l’ONG COGINTA et aussi Chef du projet AJUMJUP.
Les prévôts seront déployés sur tout le territoire national et vont assister les combattants engagés dans la lutte contre le terrorisme. « Ces cellules prévôtales auront également pour mission de constater les infractions commises lors des opérations de reconquête du territoire, d’apporter un appui-conseil aux unités déployées sur les théâtres d’opérations et de servir de liaison entre la justice militaire et les unités déployées sur les théâtres d’opérations, en cas de violation des droits humains », a précisé, le Colonel Kouagri Natama, Chef d’Etat-major de la Gendarmerie nationale.
Pour un meilleur fonctionnement de la Justice militaire, elle a aussi bénéficié de la construction d’un bâtiment à usage de bureaux équipé en matériel informatique et mobilier de bureau, de la réhabilitation et de l’équipement d’une salle de réunion, de 2 véhicules Pick-up, d’un fourgon bus de transport de détenus et de 2 motocyclettes.
Si l’une des missions de la Gendarmerie prévôtale est de mener des enquêtes sur le terrain, elle doit aussi permettre de protéger les troupes combattantes déployées sur les différents théâtres d’opérations. Avec sa redynamisation, ce sont 39 prévôts qui vont être affectés auprès de l’Etat-major et des trois légions de gendarmerie. « Ils auront à leur disposition toute la panoplie des textes en la matière, la formation requise et les équipements qui vont leur permettre d’agir », a rassuré le Colonel Combary.
Pour sa part le Chef d’Etat-major de la Gendarmerie, le colonel Kouagri Natama, s’est réjoui de la mise en œuvre du programme AJUMJUP qui témoigne «de la volonté des hautes autorités de disposer d’un outil important au service du droit ». Il s’est aussi dit reconnaissant à l’endroit de l’Union européenne qui finance le projet. « Elle aura contribué au renforcement et à la dynamisation des cellules prévôtales pour être en phase avec l’évolution des théâtres d’opérations », a ajouté le Colonel Natama.
Le patron de la Gendarmerie n’a pas manqué de rappeler l’importance de la police militaire dans le respect des droits humains dans la lutte contre l’insécurité. « Le déploiement des prévôtés témoigne de la volonté des hautes autorités burkinabè de prévenir et de lutter contre les violations des droits de l’homme », a-t-il conclu. Le premier responsable de la Gendarmerie burkinabè a également appelé les hommes à faire un bon usage des infrastructures et équipements mis à leur disposition.
Issa SAWADOGO (Collaborateur)
Encadré
Genèse
Créés à l’époque du moyen âge en France, les prévôts étaient l’œil et l’oreille du roi. Ils avaient aussi pour mission d’administrer, de juger et de percevoir les taxes.
Dans l’armée, ils étaient envoyés à la suite des unités militaires en campagne afin de suivre leurs activités sur le terrain. Ils relèvent les bavures et rapportent les renseignements au roi qui, en retour, procède à des mesures correctives. Dans le contexte du Burkina Faso, marqué par la crise sécuritaire, il est nécessaire d’avoir des prévôts qui accompagnent les unités militaires afin de protéger non seulement les civils mais aussi les unités militaires qui opèrent, en faisant en sorte que les opérations ou le théâtre des opérations puisse être judiciarisé. 1