A l’armée comme à la Gendarmerie nationale, le terme est consacré. L’on parle de « Personnel militaire féminin ». Ce corps d’élite a ouvert ses portes aux femmes en 2007. Et depuis lors, plusieurs centaines se sont engagées et arborent fièrement la tenue bleue. Réparties sur l’ensemble du territoire et dans tous les services, elles sont affectées aux différentes unités, afin de mailler tout le territoire national. A l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, L’Economiste du Faso dresse le portrait de quelques-unes de ces gendarmes, fières, pleines d’entrain et dévouées à servir la Nation. Lisez plutôt !
Adjudant Yerbanga Mouniratou, fière d’avoir son pistolet au flanc
Si elle n’avait pas été gendarme, elle aurait aimé être… gendarme. La vie dans la tenue est apparue très tôt pour Mouniratou Yerbanga comme un double défi à relever. « J’ai toujours eu un penchant pour la tenue bleue, avec le pistolet au flanc, d’une part, et d’autre part, le fait d’exercer ce métier est une manière de permettre aux parents de trouver en moi le garçon de la famille », explique-t-elle. Elle a mis toutes les chances de son côté en se présentant au recrutement de la 37e promotion des élèves sous-officiers, en 2009.
Durant ses deux années au sein de l’Ecole nationale des sous-officiers de gendarmerie (ENSOG), à Bobo-Dioulasso, Mouniratou Yerbanga arrive à surmonter les épreuves pour quitter le statut d’élève à celui de gendarme. « La formation n’a pas été aussi dure comme je l’imaginais. Il y a eu des difficultés, certes, mais il faut se fixer un objectif et se donner les moyens de l’atteindre », affirme-t-elle encore aujourd’hui, lorsqu’on lui demande d’où elle a puisé ses ressources pour s’en sortir. Depuis 2011, Mouniratou Yerbanga est gendarme. Aujourd’hui Adjudant et chef secrétaire de la Direction de la communication et des relations publiques, elle se sent épanouie au milieu de ses collaborateurs avec lesquels l’ambiance au travail fait oublier le stress du ménage. La famille d’ailleurs reste néanmoins un pilier à qui elle est totalement reconnaissante : « J’ai le total soutien de ma famille et le soutien qu’elle m’apporte m’amène à dire que j’ai une famille en or ».
A toutes ces jeunes filles qui aimeraient, comme elle, embrasser le métier, l’Adjudant Mouniratou Yerbanga leur demande d’« être focus sur leur objectif, se documenter sur l’institution qu’elles veulent intégrer, une fois dedans, de s’armer de courage et se battre à fond ». Elles doivent, en outre, se débarrasser de ces « préjugés qui ne nous honorent pas ».
Elsa Kayidwendé Kiema, au rapport !
Déjà toute petite, Elsa Kayidwendé Kiema était amoureuse de la tenue bleue et caressait donc le rêve de la porter un jour. Mais en grandissant, son rêve se dissipait peu à peu, car elle s’est rendu compte que c’était un corps réservé exclusivement aux hommes. Un soir, devant le petit écran où elle s’est attardée, après le journal télévisé, elle tombe sur le spot publicitaire annonçant le recrutement de la toute première promotion du personnel féminin de la gendarmerie, avec cette interrogation qui lui a fait tilt : « Pourquoi pas elle ? ». Alors qu’elle était là à se refaire les idées, son père lui ôte tout doute du chemin en l’interpellant ainsi : « Tu attends quoi ? ».
La suite fait partie de l’histoire. Elsa Kayidwendé Kiema fait partie de la 35e promotion des élèves sous-officiers et de la première promotion du personnel féminin, en 2007. Elle est en service au cabinet du chef d’Etat-Major de la Gendarmerie nationale, notamment, au bureau rédaction et synthèse. « Avec la lutte contre le terrorisme, le personnel de soutien doit redoubler d’effort pour faciliter le travail sur le terrain. Quand il y a une urgence, on fait l’effort de venir tôt et de rentrer tard. Ce sont des sacrifices qu’on consent pour pouvoir améliorer les conditions de nos frères d’armes qui sont sur le terrain. La journée finit autour de 20h, tout dépend des sollicitudes. Tant que tu n’as pas fini le service, tu es gênée de quitter le bureau ». Ainsi se passe son quotidien au travail.
Adjudant Elsa Kayidwendé Kiema totalise plus de 16 années de service aujourd’hui et ses moments mémorables restent ceux de l’école : « Certaines scènes de la formation, on en parle et on en rit aujourd’hui encore ». Elle se sent si épanouie dans son corps qu’elle pense ne pas être comprise par tout le monde. « Il faut être dans le corps pour savoir que les femmes gendarmes n’ont plus rien à prouver », affirme-t-elle. Elle invite ses sœurs à les « rejoindre sans tergiverser ».
Adjudant Séraphine Nongawendé Ouédraogo vit son dévouement à la Nation
« En tant que femme, on est appelé à opérer des choix et des priorités, puisque la maternité occasionne des indisponibilités provisoires qui impactent le service, et souvent même l’avancement dans la carrière. Heureusement, cela est pris en compte dans le statut et règlement intérieur du corps». Ces propos de l’Adjudant Séraphine Nongawendé Ouédraogo illustrent la compatibilité entre son statut de femme et son métier de gendarme. Issue de la 37e promotion des élèves sous-officiers, elle a pu ainsi saisir sa chance au moment du recrutement et réalisé ainsi un vœu qui lui était cher.
« Sur les bancs, j’ai toujours voulu être utile à la société, servir et apporter ma contribution au développement socioéconomique de mon pays. J’ai toujours vu les personnes en uniforme, notamment, les gendarmes comme les personnels incarnant le devoir, le dévouement à la Nation et faisant toujours la fierté du peuple. Quand j’ai vu que la gendarmerie recrutait des femmes, je n’ai pas du tout hésité », dit-elle. Adjudant Séraphine Nongawendé Ouédraogo travaille à la Direction de la communication et des relations publiques de la Gendarmerie nationale (DCRPGN). Sa journée de travail est celle typique de tout gendarme. Se rendre au service, prendre le programme de la journée si on ne l’a pas eu la veille et exécuter les tâches qu’on vous a demandées. Pour elle, dépendant spécifiquement du service de la communication, elle s’occupe régulièrement de la revue de presse et de l’entretien de bonnes relations entre son institution et les médias, d’une part, et d’autre part, s’active à la préparation des cérémonies officielles et des sorties de sensibilisation sur le terrain en cas de campagne. Même si le boulot parait exaltant, des moments d’incertitudes et de remises en cause arrivent. Et en pareille circonstance, l’Adjudant Séraphine sait toujours vers où se tourner : « La famille reste le carburant pour notre moteur, même si elle s’inquiète beaucoup, surtout en ces temps d’insécurité et de fort engagement ».
Pour elle, tout tient en une chose, la motivation. « C’est un noble métier, comportant ses avantages tout comme ses inconvénients. La motivation est essentielle et permet de surmonter les difficultés qui vont se présenter immanquablement. Mais l’exaltation et la noblesse du métier font que ça vaut le coup de l’exercer. Dans tous les cas, elles seront toujours la bienvenue parmi nous ».
Entretien réalisé par MS et ESS