• Le service va de l’abattage au plumage et à la transformation
• Une capacité de 600 poulets par heure
• 10 emplois à temps plein et 10 autres à temps partiel
Battre le fer pendant qu’il est chaud. Voilà à quoi on peut résumer la mise en place de l’abattoir semi-moderne de Paul Yaogo. Cet homme de 35 ans sort d’une déception, celle de n’avoir pas pu honorer toutes ses commandes de fin d’année, faute de l’absence d’un maillon de la chaîne : la transformation. Il est le responsable de la Société de production agropastorale (SOPRA), promotrice de la marque de poulet « Coq intègre ».
La ferme, située dans la Commune de Koubri, arrive à produire 10.000 têtes par bande de 45 jours. « En tant qu’éleveur, j’ai des difficultés pour livrer mes produits à temps, surtout quand la quantité est élevée. Rien que pendant les fêtes de fin d’année, j’avais beaucoup de poulets, mais comme je n’avais pas un système pour mettre à la disposition des clients des poulets plumés et prêts pour la cuisine, j’ai perdu beaucoup de marchés », se rappelle-t-il. Pour combler ce déficit, la réalisation d’un abattoir apparait comme une panacée. Mais il faut, avant tout, un préalable : la maturation du projet. « En plus des poulets provenant de notre ferme, le site va accueillir toute personne qui a des poulets, quel que soit le nombre, pour plumage, découpe et même transformation. Nous avons des caisses de transport et des tricycles pour enlever les animaux dans les différentes fermes. Malgré la qualité que nous offrons, le prix reste le même que dans les marchés de volaille, mais le transport de la ferme à l’abattoir est à la charge du client », explique-t-il.
Entre l’étude du marché et la recherche de la somme nécessaire au projet, tout est allé vite. L’année 2024 démarre donc sur des chapeaux de roue pour ce logisticien de formation qui a décidé de se consacrer exclusivement à l’élevage. Un abattoir semi-moderne exclusivement réservé à la volaille trône désormais à Ouagadougou, au quartier Kouritenga, dans l’Arrondissement 06 de la Commune. Sur une superficie de 500 m² environ, l’infrastructure est divisée en trois compartiments. Dans l’ordre, il y a d’abord la cour. Elle est destinée à accueillir les animaux vivants et un hangar de vente de poulets où toute personne pourra venir chercher sa volaille vivante. Il y a ensuite la salle réservée pour l’abattage des poulets ou « salle sale ». Elle est composée d’un saignoir, d’une chaudière de 170 litres ; une machine plumeuse ; une table 100% inox pour l’éviscération. Et enfin, la salle réservée à la transformation de la volaille appelée « salle propre », composée de: une table de découpe 100 % Inox; une machine à hacher la volaille désossée ; un poussoir pour les merguez de volaille ; une batteuse pour le mélange.
Par semi-moderne, il faut voir la volonté d’allier qualité et quantité dans le plumage de la volaille. L’objectif recherché est de travailler le plus rapidement la volaille, afin de la stabiliser après abattage, pour garantir la qualité aux clients. Par exemple, la chaudière est dotée d’un thermostat qui permet de réguler la température en fonction de l’animal à plumer : 60°C pour le poulet de chair, 80-90°C pour le poulet local et 100°C pour la pintade.
L’abattoir a une capacité de 15 kg /mn, soit en moyenne 600 poulets/heure et compte employer une dizaine de personnes à temps plein et autant à temps partiel. Pour y arriver, Paul a injecté plus de dix millions (10.000.000) FCFA répartis entre l’étude de marché, l’aménagement du local et l’acquisition du matériel.
L’acquisition d’autres équipements est prévue pour rendre l’abattoir complètement moderne. Tout dépendra de l’accueil qui sera réservé à l’installation de départ. Les premières merguez à base de volaille de cet abattoir semi-moderne ont été produites le 16 février 2024.
« Mon objectif est de moderniser complètement les installations, peut-être avant même la fin de l’année. Tout dépendra des résultats que nous aurons après le démarrage des activités ».
Moumouni SIMPORE
Encadré
L’offensive agropastorale, pour booster la filière avicole
La politique gouvernementale en matière d’agriculture et d’élevage baptisée « Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 » a retenu la volaille au nombre des filières à promouvoir pour assurer, à son terme, la souveraineté alimentaire et nutritionnelle du Burkina Faso. En termes d’objectifs à l’horizon 2025, le gouvernement entend relancer la filière avicole et l’appui aux éleveurs affectés par les différentes crises. En termes d’investissements et d’actions, on retient l’installation de 5 éleveurs de volaille dans chaque village du pays, ainsi que l’appui au relèvement de 200 aviculteurs modernes affectés par la grippe aviaire.