• Celles en rupture d’union sont plus exposées
• Le mari ou le partenaire intime, principal auteur
• Selon l’enquête démographique et de santé de l’INSD
Environ une femme de 15–49 ans sur 5 (20 %) a subi des actes de violence physique depuis l’âge de 15 ans. C’est ce que révèle l’INSD, dans sa 5e enquête démographique et de santé du Burkina Faso (EDSBF-V), réalisée en 2021 et rendue publique en août 2023.
La violence domestique, une forme de violence basée sur le genre, est définie par les Nations unies comme tout acte de violence entraînant un préjudice corporel ou une souffrance physique, sexuelle ou psychologique pour les femmes, les filles, les hommes et les garçons, ainsi que la menace de tels actes, la coercition ou la privation arbitraire de liberté. Cette définition englobe non seulement la violence exercée par les conjoints et partenaires actuels, mais aussi par les conjoints et partenaires antérieurs (OMS 2017).
20% de femmes victimes de violence physique
Les principaux résultats de ce chapitre révèlent que les femmes au Burkina Faso font l’expérience de violence physique. Sur 10.863 femmes de 15-49 ans sélectionnées et interviewées, 20 % ont déclaré avoir subi des actes de violence physique. Les pourcentages de ces femmes ayant subi des actes de violence physique varient de manière importante avec le statut matrimonial : c’est parmi les femmes en rupture d’union que ce pourcentage est, de loin, le plus élevé (37 %). Par comparaison, il est plus faible parmi les célibataires n’ayant jamais eu de partenaire intime (15 %).Les résultats montrent aussi que les femmes qui ont été les plus fréquemment victimes de violence physique sont celles qui ont un niveau d’instruction primaire (24 %), contre 20% parmi celles qui n’ont aucun niveau d’instruction et 17 % parmi celles ayant le niveau secondaire ou plus.
Les proportions de femmes ayant subi des actes de violence physique varient par région : c’est dans le Centre-Est (26 %), les Hauts-Bassins (25 %), le Sud-Ouest (25 %) et le Centre-Ouest (23 %) que ces proportions sont les plus élevées. À l’opposé, dans l’Est, ce pourcentage est nettement plus faible (9 %).
On a demandé aux femmes qui avaient subi des actes de violence physique depuis l’âge de 15 ans, qui était l’auteur de ces actes. L’INSD a présenté les résultats dans un tableau (NDLR : voir tableau dans filet ci-contre), en fonction du type de partenaire matrimonial.
Parmi les femmes qui ont été en union ou qui ont déjà eu un partenaire intime, c’est le mari/partenaire ou le partenaire intime, qu’il soit actuel ou précédent, qui a été déclaré le plus fréquemment comme l’auteur des actes de violence. 63 % des femmes ont subi des actes de violence physique commis par leur mari/partenaire intime actuel et pour 19 % des femmes, c’est un ex-mari/partenaire intime.
Parmi les femmes n’ayant jamais été en union ou vécu avec un partenaire intime, c’est la mère/femme du père (38 %) et le frère ou la sœur (38 %) qui ont été les plus fréquemment déclarés comme l’auteur des violences physiques.
5% subissent des violences sexuelles
« Vous a-t-il déjà forcée physiquement à avoir des rapports sexuels avec lui, alors que vous ne le souhaitiez pas, forcée physiquement à accomplir tout autre acte sexuel que vous ne souhaitiez pas, forcée par la menace ou de toute autre façon à accomplir des actes sexuels que vous ne souhaitiez pas ? ». A cette question, 5% des femmes interviewées ont répondu par l’affirmatif. Et pour 3 % des femmes, ces actes se sont produits récemment, c’est-à-dire, au cours des 12 mois avant l’enquête.
Le pourcentage de femmes ayant subi des actes de violence sexuelle varie avec la situation matrimoniale : c’est parmi les femmes en rupture d’union et les femmes célibataires qui ont déjà eu un partenaire intime que la fréquence de la violence sexuelle est la plus élevée (11 % et 9 %). Le pourcentage le plus faible concerne les femmes célibataires qui n’ont jamais eu de partenaire intime (moins d’un pour cent). Les femmes ayant travaillé ont plus fréquemment déclaré avoir subi des actes de violence sexuelle que les autres (6 % contre 4 %). Dans la région du Centre-Sud (11 % et 5 %) et du Centre-Est (7 % et 5 %), les pourcentages de femmes ayant déclaré avoir subi des actes de violence sexuelle, à un moment donné ou récemment, sont plus élevés qu’ailleurs.
Que dire sur ces auteurs de violences sexuelles ? Le rapport montre que parmi les femmes ayant déjà été en union ou ayant déjà eu un partenaire intime et qui ont subi des actes de violence sexuelle, 72 % ont déclaré que l’auteur de ces actes était le mari ou le partenaire intime actuel. Dans 27 % des cas, l’auteur est un précédent mari ou partenaire intime. Dans 3 % des cas, les femmes ont cité un petit ami actuel ou précédent, comme étant responsable de ces violences.
Qu’en est-il des violences initiées par les femmes contre leurs maris ou partenaires ? Quel est le pourcentage de femmes qui ont déjà frappé, giflé, donné des coups de pied ou fait quoi que ce soit d’autre, afin de blesser physiquement leur mari/partenaire intime actuel ou le plus récent, alors que le mari/partenaire intime ne les avait ni battues, ni blessées physiquement ? Le rapport sur l’enquête démographique et de santé atteste que moins de 1% de femmes ont déjà commis, à un moment quelconque, des actes de violence physique contre leur mari/partenaire intime, alors qu’il ne les avait pas agressées.
NK
Encadré
Comportements de contrôle et de violences : la jalousie en tête
Certains comportements de contrôle du mari ou du partenaire intime peuvent être précurseurs d’actes de violence contre les femmes. Pour mesurer ce niveau de contrôle des maris ou partenaires intimes sur les femmes, on a demandé aux femmes qui avaient déjà eu un mari ou un partenaire intime si ce dernier avait eu, à leur égard, certains comportements dominateurs. Il en ressort que plus de deux femmes sur cinq (45 %) qui ont déjà eu un mari/partenaire ou un partenaire intime ont déclaré avoir subi au moins un des comportements de contrôle. Le comportement de contrôle le plus fréquemment déclaré par les femmes est la jalousie ou la colère de l’homme quand elle parle à d’autres hommes (35 %) et son insistance pour savoir où elle se trouve à tout moment (26 %).