• La Banque mondiale et le FMI plus prudents
• Le Burkina Faso table sur la reprise minière
• Bretton Woods se base sur le contexte sécuritaire
Le gouvernement burkinabè est-il trop optimiste sur ses taux de croissance économique prévisionnels au titre de l’année 2023 ? La Banque mondiale (BM) le pense. Et pour cause, dans son rapport annuel intitulé « Note sur la situation économique au Burkina Faso », publié en avril 2023, la BM relève que les prévisions de croissance du gouvernement burkinabè au titre de 2023 sont plus élevées que celles du Fonds monétaire international (FMI) et la BM. Le document souligne que le budget 2023 table sur une croissance économique de 5,3% en 2023, après une année de faible croissance (2,7% en 2022), contre 2,5%, selon les estimations du FMI et de la BM. Or, les prévisions du FMI et de la BM sont à 4,9% et 4,3% respectivement. L’optimisme du gouvernement de transition s’explique, selon les institutions de Bretton Woods, par le fait que le Burkina Faso compte sur une reprise de la production d’or (+13,0%), soutenue par la reprise des activités des mines fermées en 2022 et l’ouverture de nouvelles mines. A contrario, le pessimisme de la BM repose sur la persistance de l’insécurité qui menace l’activité minière.
Les deux parties pas d’accord sur le déficit budgétaire
Autre différence constatée : le déficit budgétaire. En effet, le budget 2023 mentionne que le déficit budgétaire devrait diminuer légèrement. Passant de 5,0% du PIB en 2022 à 4,7% du PIB en 2023. Alors que le FMI et la BM prévoient un déficit nettement plus élevé. La récente mission des services du FMI, dans son rapport, a estimé le déficit budgétaire à 10,3% du PIB en 2022 et prévoit qu’il restera élevé à 8% du PIB en 2023, en raison de l’augmentation des dépenses de sécurité et des subventions. Un écart assez important.
Les secteurs sociaux pris en otages
Le rapport note que le budget augmente considérablement les dépenses de défense (+40,8), qui représentent désormais 15,5% des dépenses totales inscrites au budget. Cette augmentation substantielle est compensée par une baisse des allocations à la planification urbaine (-29,3%), aux sports (-19,2%), à la communication (-16,1%) et à la santé (-9%). Dans l’ensemble, les dépenses publiques devraient diminuer en pourcentage du PIB pour atteindre 25,4% du PIB. La composition du budget pose des problèmes d’efficacité de l’allocation. Environ la moitié des recettes totales (y compris les dons) couvrira la masse salariale (8,6% du PIB) et les paiements d’intérêts (1,8% du PIB). Seuls 9,1% du PIB (dont 40% devraient provenir de financements extérieurs) sont alloués aux dépenses d’investissement. La dette intérieure continuera à dominer le financement et cette tendance devrait se renforcer en 2023.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré 1
Baisse de la dette publique
La dette publique totale devrait diminuer légèrement pour atteindre 58,4% du PIB en 2023, avec une forte augmentation de la dette intérieure (de 40 à 61% de la dette totale). Ce chiffre est basé sur le déficit budgétaire prévu dans le budget qui pourrait ne pas être atteint.
Enccadré 2
Le budget de la défense en forte croissance
Le secteur de la défense a augmenté sa part des dépenses totales budgétisées de 10,0% à 15,5%. Il occupe désormais la troisième place, derrière l’administration publique (30,9%) et l’éducation (20,9%) et dépasse désormais l’allocation du secteur de la santé (9,1%). Les dépenses de protection sociale restent très faibles, moins de 2% des dépenses totales inscrites au budget.
Encadré 3
Près de 350 milliards FCFA en obligations publiques et 680 milliards FCFA en bons du Trésor en 2023
Le rapport souligne que les autorités de la Transition cherchent à répondre à leurs besoins de financement par des émissions de dette intérieure plus coûteuse sur le marché régional. En 2023, le gouvernement prévoit d’émettre pour 350 milliards FCFA (2,8% du PIB) en obligations publiques et 680 milliards FCFA (5,4% du PIB) en bons du Trésor (source ??).