• Avec une croissance annuelle de 12% ces 10 dernières années
• 58% des pays en risque élevé de surendettement
• Selon les données de la Banque mondiale
Depuis le 12 avril 2023, se tient à Washington aux Etats-Unis, les réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Occasion pour ces instituts de lancer leur rapport sur la croissance, les perspectives et risques qui pèsent sur le continent africain.
Pour cette année, la Banque mondiale, dans son rapport Africa’s Pulse, constate que le niveau d’endettement reste élevé et les vulnérabilités qui pèsent sur les pays africains persistent.
« La dette publique en Afrique subsaharienne a plus que triplé depuis 2010, avec une forte augmentation avant le début de la crise COVID-19 », peut-on lire dans le document. Et les chiffres le confirment. A fin 2022, la dette publique de la zone est estimée à environ 1.140 milliards de dollars, contre 354 milliards de dollars en 2010. Une croissance qui s’est accentuée avant le début de la Covid-19, à un taux de croissance annuel moyen de 12 % au cours de la période 2010-2019, contre 9 % au cours de la période 2020-2022.
« Au cours de la dernière décennie, la composition de la dette publique s’est progressivement déplacée vers la dette intérieure, et les données suggèrent qu’il y a eu un recours encore plus important à la dette intérieure pour répondre aux besoins de financement liés à la COVID-19 », affirme la Banque mondiale. Et d’expliquer que la persistance de déficits primaires a été le principal facteur d’augmentation de la dette publique dans la région. Ces déficits ont, en effet, augmenté la dette publique de près de 20 % du PIB depuis 2015.
Le taux de change réel a également contribué à augmenter la dette publique de près de 7 % du PIB depuis 2015, avec des contributions plus importantes en 2015, 2016 et 2018. L’augmentation de la dette dans la région s’est accompagnée de changements parmi les créanciers extérieurs. Entre 2010 et 2021, les pays d’Afrique subsaharienne ont accru leur recours aux euro-obligations et aux prêts de la Chine. Depuis 2010, plus de 15 pays de la région ont émis des obligations sur les marchés internationaux, ce qui a augmenté la part de la dette extérieure publique et garantie par l’État (PGE) de 18 % en 2010 à 27 % en 2021.
58% des pays d’Afrique subsaharienne en risque élevé de surendettement
Les risques de surendettement en Afrique subsaharienne se sont considérablement accrus en raison de l’augmentation des niveaux d’endettement et de l’accroissement des emprunts non concessionnels. En décembre 2022, le nombre de pays de la région présentant un risque élevé de surendettement ou en situation de surendettement était déjà passé à 22 (contre 20 en 2020), ce qui représente 58 % des pays de la région éligibles à l’Association internationale de développement (IDA), et aucun pays de la région ne présente un risque faible de surendettement. En vertu du cadre de viabilité de la dette des pays à faible revenu, quatre pays de la région ont vu leur cote de risque de surendettement se détériorer depuis le début de la pandémie de Covid-19. En début 2023, le Ghana a demandé à restructurer sa dette bilatérale au titre du cadre commun du G20, rejoignant ainsi l’Éthiopie, le Tchad et la Zambie, qui ont signé au début de l’année 2021. D’autres pays de la région sont engagés dans des négociations bilatérales de restructuration. Des risques importants pourraient encore aggraver les vulnérabilités de la dette publique dans la région, bien que la vague de défaillances attendue par certains observateurs ne se soit pas encore matérialisée.
Resserrement des conditions financières, inflation, les défis
Les pays d’Afrique subsaharienne sont confrontés à de multiples défis, notamment, le resserrement des conditions financières, l’inflation élevée, les effets économiques de l’invasion russe de l’Ukraine et la crise persistante de la Covid-19. « Ces facteurs pourraient encore détériorer les conditions macroéconomiques et pousser davantage de pays dont la solvabilité et la liquidité sont mises à rude épreuve à se retrouver en situation de défaut de paiement », poursuit le rapport Africa’s Pulse.
Le service de la dette extérieure dans la région a connu une hausse de 6 milliards de dollars en 2010 à près de 34 milliards de dollars en 2021. Le service de la dette extérieure dans la région de l’Afrique subsaharienne est passé de 10 milliards de dollars en 2010 à près de 43 milliards de dollars en 2021. Plus de 15 pays de la région ont eu recours (à plusieurs reprises) aux marchés internationaux. Par conséquent, un nombre croissant de pays ont négocié des programmes financés par le Fonds monétaire international (FMI) pour répondre à leurs besoins de financement bruts. Le Bénin, le Ghana, l’Ouganda et le Rwanda ont récemment signé des accords avec les services du FMI.
Le Burkina Faso et le Malawi ont conclu des accords avec les services du FMI par l’intermédiaire du guichet « choc alimentaire » de la facilité de crédit rapide.
La Côte d’Ivoire négocie avec le FMI un nouvel accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit/ mécanisme élargi de crédit, qui sera axé sur l’assainissement budgétaire fondé sur les recettes et la viabilité de la dette. En décembre 2022, le Conseil d’administration du FMI a conclu les consultations au titre de l’article IV et la quatrième revue de la facilité élargie de crédit pour la Somalie. Les autorités somaliennes enregistrent des progrès constants vers la satisfaction des conditions de l’Initiative « Pays pauvres très endettés », ce qui permettra au pays de bénéficier d’un allègement total et irrévocable de sa dette.
NK
Encadré
La croissance en Afrique subsaharienne reste faible
La croissance économique en Afrique subsaharienne reste faible, mais son ralentissement pourrait toucher à sa fin, passant de 4,1 % en 2021 à 3,6 % en 2022, elle est en fait en hausse de 0,3 point de pourcentage par rapport aux prévisions d’octobre 2022 d’Africa’s Pulse. La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de la sous-région Afrique de l’Ouest et centrale (AFW) est estimée à 3,4 % en 2023, contre 3,7 % en 2022, tandis que celle de la sous-région Afrique de l’Est et australe (AFE) est estimée à 3,0 % en 2023, contre 3,5 % en 2022. La performance de la région est toujours tirée vers le bas par une croissance à long terme plus faible dans les plus grands pays du continent. L’activité économique en Afrique du Sud devrait encore diminuer en 2023 (0,5 %), en raison de l’aggravation de la crise énergétique, tandis que la reprise de la croissance au Nigeria pour 2023 (2,8 %) reste fragile à cause de la faiblesse de la production pétrolière et des nombreux défis politiques que confronte la nouvelle administration. Ces perspectives compliquent la tâche des décideurs politiques de la région qui cherchent à accélérer la reprise après la pandémie, à réduire la pauvreté et à placer l’économie sur une trajectoire de croissance durable.o