• Près de 7.000 milliards FCFA en 2021
• Contre 1.400 milliards FCFA en 2010
• Pour des investissements structurants
Le Burkina Faso s’endette-t-il beaucoup auprès des bailleurs financiers internes et externes pour faire face à son développement ? Le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB), dans un rapport final publié en octobre 2022, intitulé « Gouvernance de l’aide publique au développement (APD) et de la dette publique du Burkina Faso dans un contexte de Covid-19 », qui a fait une analyse de cette dette de 2010 à 2021, n’est pas affirmatif mais donne des indicateurs. Le rapport révèle que la dette publique du Burkina Faso est en hausse continue et se rapproche du seuil règlementaire de 70%. De façon concrète, les chiffres de cette dette font froid au dos. Les Burkinabè devront consentir d’énormes sacrifices pour rembourser cette dette. Il ressort qu’en 2021, la dette s’établit à près de 7.000 milliards FCFA. Ce montant, d’après le CIFOEB, a servi de financer des investissements structurants.
La dette intérieure surplombe celle extérieure
Le rapport souligne que l’encours de la dette publique est passé de 1. 324,41milliards FCFA en fin 2010 à 6. 212,25 milliards FCFA en 2021, soit une progression en moyenne annuelle de 15,26%. Autre précision de taille, le pays s’endette plus avec les bailleurs internes. A titre d’exemple, la dette intérieure connaît un accroissement annuel moyen de 29,24%.
A contrario, la dette extérieure connaît une croissance annuelle moyenne de 9,09%. Le CIFOEB explique cette évolution par le recours plus accru à l’endettement pour financer les investissements structurants. Un recours de plus en plus accru à la dette intérieure. Sur l’encours de la dette intérieure, il est mentionné que sur la période 2010-2021, elle a connu une croissance continue, passant de 206,33 milliards FCFA en 2010 à 3. 341,3 milliards FCFA en 2021, soit une croissance annuelle moyenne de 29,24%. Son poids dans la dette publique est passé de 15,58% en 2010 à 53,8% en 2021. Cette évolution est principalement imputable aux émissions de titres publics (Bons et Obligations du Trésor) sur le marché sous- régional qui a représenté en moyenne 84,88% du volume de la dette intérieure sur les 5 dernières années. Quant à l’encours de la dette extérieure, il est passé de 1. 118,08 milliards FCFA en 2010 à 2. 870,95 milliards FCFA en 2021, soit un accroissement annuel moyen de 9,09%, contre 29,24% pour la composante intérieure sur la même période. Sa proportion dans la dette publique est passée de 84,42% en 2010 à 46, 21% en 2021. La dette extérieure absorbe une part importante des ressources d’exportations du pays.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré
Le surendettement pas efficace pour le développement
Le niveau d’endettement du Burkina Faso, même s’il est inférieur au seuil de 70% du PIB, réduit toutefois les marges d’endettement du pays et par conséquent, accroît sa vulnérabilité face à des chocs externes. Le recours à l’endettement joue un rôle essentiel pour le développement, mais des niveaux insoutenables fragilisent la croissance, réduit les dépenses sociales, engendre l’éviction des investissements privés et la pression budgétaire. Ainsi, la priorité doit être mise sur la gestion et la transparence de la dette pour que tout nouvel emprunt contribue à la croissance et ce, dans le cadre d’une politique crédible. De ce fait, toute nouvelle dette doit être guidée par le recours à des instruments moins risqués et moins coûteux tels que déclinés dans les stratégies d’endettement.