• Des taux élevés pour le Burkina
• Discret sur le marché des titres publics au 4e trimestre
• Les Appels publics à l’épargne sauvent la mise
Le 18 janvier 2023, au Burkina Faso, la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique renoue avec le marché des titres publics. Le gouvernement est à la recherche de 40 milliards FCFA sur ce marché, à travers une émission simultanée de bons assimilables du Trésor. Les résultats de cette première émission de l’année seront scrutés de très près par les observateurs, d’autant que la signature du pays n’a pas été très courue par les investisseurs comme le souhaitaient les autorités. La preuve, c’est que le pays a été pratiquement absent du calendrier des émissions du dernier trimestre. « Un principe de précaution », explique un observateur du marché financier, histoire de gagner un peu de temps, malgré le besoin pressant de liquidités du gouvernement. En effet, le Burkina faisait face à des taux d’intérêt et courait en plus le risque de ne pas couvrir ses besoins.
Ainsi, au premier trimestre 2022, ce sont 250 milliards FCFA qui étaient annoncés. Ce montant a été revu à la baisse à 210 milliards FCFA, avec au final, une réalisation de 216 milliards FCFA. Mais déjà, l’effet du coup d’Etat avait commencé à se faire sentir : taux de rendement plus élevés, révision à la baisse des montants à lever, investisseurs locaux de plus en plus sollicités.
Au deuxième trimestre, le pays a mobilisé 138,5 milliards sur 165 milliards annoncés
Au troisième trimestre, sur 125 milliards FCFA annoncés, le pays a retenu 128 ,79 milliards.
Au quatrième trimestre, le pays n’a pas fait d’émissions
Constatant le peu d’engouement pour sa signature sur ce marché des titres publics, le Burkina a basculé, au cours du dernier trimestre, sur le marché financier régional, à travers trois (3) emprunts obligataires par appel public à l’épargne. Selon nos informations, ces appels publics n’étaient pas initialement dans le programme 2022. Ils ont été imposés par les conséquences de la situation politique sur l’économie nationale. En effet, le coup d’Etat du 30 septembre est intervenu à un moment où le pays et ses partenaires techniques et financiers commençaient à digérer le putsch du 24 janvier 2022, avec un retour progressif à la confiance sur les marchés financiers. La preuve, en janvier 2022, l’agence de notation financière Standard and Poor’s, qui avait précédemment noté le Burkina « B », a dégradé la note du Burkina à CCC, avec un risque de défaut de paiement de sa dette et l’avait placé sous surveillance. Mais en juin 2022, l’agence avait levé cette mesure de surveillance « credit wacht », levant ainsi la menace de « défaut de paiement ».
« Nous avons retiré nos notes à long terme sur le Burkina Faso de CreditWatch en développement », a annoncé l’agence, dans son rapport d’évaluation définitive, le 13 mai 2022 ».
Cette bonne nouvelle devait contribuer à ramener la confiance au sein des investisseurs et laisser les coudées franches au Trésor pour intervenir sur le marché de la dette publique, lorsque le second coup d’Etat est arrivé. Dans la foulée de cet évènement politique, une nouvelle notation de l’agence est tombée en novembre 2022, mais celle-ci maintenait la note précédente.
Le premier emprunt par appel public à l’épargne (TPBF 6,30% 2022-2034) a eu lieu seulement en août 2022. Celui-ci a permis de mobiliser 165 milliards FCFA. Il pourrait expliquer l’annulation le mois qui a suivi, en septembre 2022, de l’émission simultanée des Obligations de relance (OdR) du Trésor, de maturité 3 ans et 5 ans et d’un montant de 30 milliards FCFA sur le marché des titres publics.
Le deuxième emprunt a permis de lever 127.350.000.000, arrangé par SBIF, et le troisième qui a été arrangé par Coris bourse a pu mobiliser 150 milliards de francs au taux de 6%. Cet emprunt, qui a couvert la période du 19 décembre au 29 décembre, a dû être prorogé au 5 janvier 2023, si on s’en tient au communiqué du ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective. Le taux de couverture réalisé est satisfaisant pour les autorités, puisqu’il a été de 115.34 %. Ces deux dernières opérations se sont déroulées en fin d’année, une période qui n’est pas toujours favorable aux établissements financiers et bancaires, majoritairement impliqués dans la mobilisation des ressources. Ce qui pourrait expliquer la prorogation de la dernière opération. Une hypothèse sur laquelle s’appuient certains observateurs pour dire qu’un deuxième tour de table a été nécessaire pour combler l’objectif des 150 milliards FCFA.
Les difficultés de mobilisation deviennent réelles et le pays doit ses résultats également à la qualité de ses chefs de file à qui le gouvernement a confié l’arrangement de ses opérations d’emprunts ; qu’en sera-t-il en 2023. Si la situation économique ne se détend pas. Toute chose qui est liée à la situation politique et sécuritaire, les spécialistes que nous avons rencontrés tablent sur des taux encore plus élevés et de courtes maturités, en l’absence d’une bonne visibilité sur la situation du pays.
AT