• Pour neutraliser les terroristes
• 800 milliards FCFA dans les 4 priorités de la Transition
• Le CERA-FP fait le point
7 ans que l’économie burkinabè stagne. La cause, les multiples attaques terroristes auxquelles le Burkina Faso fait face. En 2022, les impacts du terrorisme sont toujours « hideux ». Près de 2 millions de Burkinabè en situation de réfugiés dans leur propre pays. Près de 40% du territoire hors du contrôle étatique. Le pire, des milliers de Burkinabè ont perdu la vie. Le taux de croissance, en 2022, est projeté entre 4 et 5%. Pour éviter le « naufrage », les Capitaines, arrivés au pouvoir le 30 septembre 2022, avec leur gouvernement veulent redonner de l’espoir aux Burkinabè. Un espoir basé sur 4 grandes priorités de la Transition que sont : lutter contre le terrorisme et restaurer l’intégrité du territoire ; répondre à la crise humanitaire ; refonder l’État et améliorer la gouvernance et œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale. Mais combien le gouvernement compte-t-il engager pour financer ses priorités dans un contexte de raréfaction des ressources financières ? La réponse est contenue dans le projet de budget, exercice 2023. Le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP), à travers une analyse citoyenne sur le projet du budget de l’Etat, gestion 2023, a fait le point. Ledit document a fait l’objet d’une conférence publique, le 15 décembre 2022, à Ouagadougou.
161,955 milliards FCFA à la crise humanitaire
Il ressort de cette analyse citoyenne que le gouvernement va allouer dans ces 4 priorités, la somme de 894,693 milliards FCFA, représentant 27,65% des dépenses budgétaires de l’année 2023. Le Secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio, souligne que la désagrégation de ces dépenses indique que la priorité « Sécurité et Défense » va absorber environ 690,282 milliards FCFA, soit 21,33% des dépenses totales. La « Réponse à la crise humanitaire », conséquence directe de l’insécurité, recevra environ 161,955 milliards FCFA du budget, soit 5% des dépenses totales. La « Refondation de l’Etat » et la « Réconciliation nationale » seront dotées respectivement de 34,555 milliards FCFA (1,07%) et 7,899 milliards FCFA (0,24%). Hermann Doanio de CERA-FP a insisté sur la bonne exécution des dépenses sécuritaires. Il a souhaité que les 600 milliards FCFA puissent « réarmer » le moral de la troupe et que du matériel adéquat lui soit doté.
Il se dégage une prédominance des ressources financières à la défense et la sécurité. Preuve que le président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré, est cohérent dans sa démarche, celle de vaincre l’hydre terroriste. Cette cohérence a, du reste, été observée dans la préparation du budget de l’Etat, exercice 2023, où le gouvernement a procédé à des ajustements budgétaires. En témoigne le rapport du Conseil des ministres du 30 novembre 2022, où le ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective, Dr Aboubakar Nacanabo, a déclaré que l’essentiel du budget 2023 était orienté à la question sécuritaire, avec son corollaire humanitaire. Il a aussi souligné que cette option du gouvernement actuel était de faire en sorte que l’armée soit mieux équipée, que les conditions de vie des personnes déplacées internes (PDI) soient améliorées et rendre l’éducation effective pour les élèves déplacés.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré
Lutter efficacement contre la corruption
dans les dépenses sécuritaires
Dans le budget, exercice 2022, adopté le 16 décembre 2021 par l’Assemblée nationale, l’Etat a consacré 20,27% du budget pour les secteurs de la Défense et la Sécurité. En 2022, le budget de la Défense est évalué à 290,865 milliards FCFA et 124,536 milliards FCFA pour le ministère de la Sécurité. Les 2 départements se voient alloués 416 milliards FCFA, soit 20,27% du budget national. De 416 milliards FCFA en 2022, nous sommes passés dans le projet du budget, exercice 2023, à un montant d’environ 690,282 milliards FCFA, soit 21,33% des dépenses totales pour le secteur « Sécurité et Défense. Cette hausse de montant témoigne de la volonté politique à contrer l’insécurité qui plombe la vie des Burkinabè depuis 7 ans. Mais ce blanc-seing ne doit pas consacrer l’impunité au niveau de l’armée. Car, les dernières révélations faites par le journal d’investigation « L’Evènement » a laissé plus d’un Burkinabè sans mot. Il s’agit de cette affaire de détournement présumé des primes des volontaires pour la défense de la patrie. Dans un pays en situation sécuritaire, avec 2 millions de réfugiés à nourrir et à héberger et des milliers d’écoles, services étatiques fermés, de telles pratiques ne doivent pas se passer.