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Conférence africaine sur le journalisme d’investigation: le climat à l’honneur à Johannesburg

• A l’orée de la COP 27 en Egypte

• Des conséquences bien réelles sur le continent

• Surveiller les décaissements pour dénoncer la corruption

La 18e édition de l’African Investigation Journalism conference (AIJC) a clôturé ses portes le 2 novembre 2022, à Johannesburg, en Afrique du Sud.

La 18e édition de l’African Investigation Journalism conference (AIJC) a clôturé ses portes le 2 novembre 2022, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Cette messe du journalisme d’investigation a réuni près de 500 participants venus des quatre coins  du  monde. Le sujet vedette de cette édition 2022 a été sans nul doute le climat. Un clin d’œil fait à la 27e conférence annuelle de l’ONU sur le climat, qui se tient du 6 au 18 novembre 2022 à Sharm El-Sheik, en Egypte.

Les deux semaines que dure le sommet seront consacrées à des négociations autour d’enjeux de taille, notamment, celui de s’assurer que les promesses faites depuis des années voient enfin le jour. Entre la sécheresse record dans la Corne de l’Afrique, les inondations au Nigeria ayant fait cinq cent morts et qui ont ravagé les voisins tchadiens et camerounais, l’avancée de la mer sur la façade côtière du Sénégal, les conséquences du changement climatique sur le continent sont bien réelles.

Qu’attendent les pays africains de la COP 27 ?

L’un des grands débats sur la table pour le continent africain est la transformation de la reconnaissance historique occidentale de trois siècles d’industrialisation pour l’environnement en des compensations financières et sociétales. Les catastrophes telles que les inondations, les sécheresses, les ouragans, les glissements de terrain et les incendies de forêt sont toutes plus fréquentes et plus intenses, en raison du changement climatique, et les pays les plus touchés demandent, depuis des années, une aide financière pour faire face aux conséquences. Répondre aux besoins de ces pays sera au centre des négociations de ce sommet mondial. Ces pays se considèrent comme des victimes du changement climatique, tout en contribuant modestement aux émissions de gaz à effet de serre.

Ces pays demandent aux pays riches d’honorer leur promesse de 100 milliards de dollars par an pour les aider à s’adapter au changement climatique. Ils exigent également la reconnaissance des dommages et des pertes qu’ils ont subis, tels que les effets de l’élévation du niveau de la mer ou des inondations fréquentes. Ce montant doit servir à réduire les émissions de  gaz à effet de serre et à prendre des mesures pour faire face aux impacts du changement climatique.

Le rôle des journalistes d’investigation

La question a été posée, lors de la conférence de Johannesburg. Les institutions financières qui débloquent les fonds climatiques et les pays qui les reçoivent sont pointés du doigt. Dans le passé, des problèmes se sont posés au niveau des bailleurs de fonds, en raison des procédures trop longues. Les fonds ne sont pas décaissés immédiatement. Et d’autre part, il faut noter les problèmes de mauvaise gouvernance et de corruption de certains des pays bénéficiaires.

Lors des 3 jours de conférence, plusieurs sessions dans le cadre du climat ont été distillés. L’on peut retenir celle concernant le guide sur les rapports climatiques du continent. Un partage d’expériences a aussi eu lieu sur le travail collaboratif sur les questions de changement climatique. Les outils nécessaires pour des enquêtes environnementales et l’importance des données. Au niveau de cette session, le coordonnateur de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) a partagé l’expérience de son organisation. Il s’agit d’un projet d’enquête qui doit aboutir à la publication de 4 grandes investigations transnationales et qui concerne le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Mali.

Deux cas concrets d’investigation ont été présentés, lors de cette conférence, toujours en lien avec le climat. Il s’agit, en premier, du trafic du bois rose au Cameroun. Une présentation qui a mis en évidence les résultats du programme « Investigate West Africa » du CiFAR. La session a été axée sur un réseau de trafic de bois illégal à la frontière entre le Sénégal et la Gambie -l’histoire a conduit à la révocation de la licence d’exportation de bois de rose de la Gambie-. Le second cas pratique présenté a été le projet Museba. Une enquête sur le trafic de bois de rose du Cameroun vers la Chine via le Nigeria. Une enquête qui a entrainé la suspension de ce commerce au Cameroun.

La conférence africaine sur le journalisme d’investigation est une rencontre de partage. Trois jours pour partager de belles histoires, discuter des défis auxquels sont confrontés ces journalistes sur le terrain, se former, créer des réseaux et mettre en place des collaborations.

NK

 

Encadré 1

Conférence commémorative Carlos Cardosa 2022

À l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre les journalistes, le 4 novembre, la conférence de cette année a porté sur la campagne mondiale visant à traduire en Justice ceux qui menacent les journalistes et commettent des actes de violence à leur encontre. Les principaux intervenants ont été Baba Deyda Hydara de la Gambie, qui a parlé de son combat pour que les assassins de son père, le journaliste Deyda Hydara, soient condamnés, et Penny Sukhraj, qui a évoqué son combat pour faire la lumière sur le meurtre de son mari, le photographe Anton Hammerl. L’évènement, en mémoire du journaliste mozambicain, Carlos Cardosa, assassiné en 2000, a été coparrainé par le Comité pour la protection des journalistes et la Campagne pour la liberté d’expression.

Encadré 2

Le changement climatique vu d’Afrique

En deux ans, 131 évènements climatiques extrêmes (tempêtes, sécheresses, inondations…) ont frappé le continent, décompte la Banque africaine de développement (BAD), dans son édition 2022 sur les Perspectives économiques en Afrique (PEA), intitulée « Soutenir la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique ». Ce rapport met en exergue la menace croissante que fait peser le changement climatique sur les vies et les moyens de subsistance en Afrique.

Comparé aux autres régions du monde, l’Afrique est le continent le moins résilient au changement climatique, en raison d’un niveau de vulnérabilité élevé et d’un faible niveau de préparation. « Le poids du changement climatique sur les économies du continent et les moyens de subsistance des Africains est disproportionnellement élevé en rapport à leur faible participation dans les émissions mondiales de carbone », observe le rapport sur les PEA. « Il est essentiel que les prochains engagements climatiques prennent en considération le contexte spécifique du continent africain, notamment, ses perspectives souhaitées de développement, et intègrent également le rôle important que le continent peut jouer dans un avenir à bas carbone, au niveau mondial », souligne, de son côté, la Fondation Mo-Ibrahim, présentant son rapport publié en juillet, « En route vers la COP27 : positionner l’Afrique dans le débat global sur le climat ».o

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