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Théâtre populaire Désiré Bonogo: un nouveau souffle de vie

• L’espace de nouveau utilisable par les acteurs

• La Mairie sollicitée pour les voies d’accès et les ordures

• Rendez-vous le 26 novembre 2022

Martin Pockrandt, Directeur Goethe Institut Burkina Faso. (Ph: Yvan SAMA)

Parler de Théâtre populaire aux adolescents de maintenant, ils vous indiqueront le marché des cycles en face de la chapelle Jean 23. Pourtant, de Théâtre populaire, l’unique d’ailleurs, il s’agit d’une des réalisations les plus remarquables du peuple burkinabè dans sa lutte de tous les jours pour son émancipation. L’infrastructure a été inaugurée le mardi 29 juillet 1986, dans le quartier Samandin, alors secteur 7 de la ville de Ouagadougou.  Fruit de la coopération entre la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) et le Burkina, c’est un joyau multifonctionnel à ciel ouvert de 1600 places assises, mais pouvant contenir 3000 personnes, étendu sur une superficie de 4500 m². Il comporte un bâtiment principal de 3 pièces, dont une salle de réunions, 2 salles d’habillage des acteurs, 2 salles de toilettes, un écran, une estrade (podium ou aire de scène), une salle de projections, un bâtiment extérieur comportant 5 bureaux, un guichet extérieur et des gradins. Ce lieu de spectacle, qui devait être « au service de la libération du talent », selon les initiateurs du projet, n’a malheureusement pas survécu à la période du Conseil national de la révolution. Tombé en désuétude, il est aujourd’hui le nid de reptiles de tout genre et d’individus de mauvaise moralité qui s’y refugient, après avoir écumé des quartiers environnants.  En 2000, Salia Sanou et Sedou Boro tentent de redonner une nouvelle vie à l’espace, en initiant le « Centre de développement chorégraphique La Termitière ».  Le CDC, la Termitière, s’est implanté sur cet ancien site de culture et a été inauguré le samedi 16 décembre 2006. Les chorégraphes occupent alors une petite partie  de l’infrastructure qui s’étale sur 4 500 m2. En janvier 2022, le CDC La Termitière a estimé qu’il fallait 250 millions FCFA pour réhabiliter l’infrastructure abandonnée depuis plusieurs années.

Le joyau multifonctionnel à ciel ouvert de 1600 places assises était toujours, à la date du 12 octobre, envahi par la végétation et les reptiles. (Ph: Yvan SAMA)

L’embellie est venue du Goethe-Institut, l’institut culturel de la République fédérale d’Allemagne, actif dans le monde entier. Depuis le 15 septembre 2022, le Goethe-Institut du Burkina Faso et celui du Soudan sont à pied d’œuvre pour la mise en œuvre d’un projet intitulé Harakaat. En langue arabe, Harakaat signifie « mouvement ». Harakaat est un projet de résidence artistique internationale qui réunit des danseurs soudanais et burkinabè sous la houlette des Goethe-Instituts du Soudan et du Burkina Faso. L’encadrement artistique est assuré par Salia Sanou (Burkina Faso), Justin John Billy (Soudan du Sud) et Baidy Ba (Sénégal). Dans le cadre de cette résidence, des travaux de réhabilitation de la cuvette du Théâtre populaire Désiré Bonogo, située dans l’enceinte du CDC-La Termitière, seront réalisés. Pour rendre cet espace d’environ 2500 places assises, jadis au cœur de la vie culturelle de la ville de Ouagadougou, opérationnel, des travaux de nettoyage général, de peinture, d’électricité, de plomberie, de menuiserie métallique, de revêtement (toiture et étanchéité) sont entrepris et devraient être finalisés fin octobre 2022.  Quelle est la somme mise pour réaliser ces travaux ?  « Le coût importe peu. Le plus important, c’est la rénovation afin d’offrir un cadre d’expression aux acteurs culturels au centre-ville de la capitale pour les Burkinabè par les Burkinabè », répond Martin Pockrandt, Directeur Goethe Institut Burkina Faso. Il est rejoint par le coordinateur Harakat, Mahamoudou Nacanabo, qui précise que « dans un projet global, il est prévu une réhabilitation d’une certaine envergure,  nous avons donné le top départ de ces travaux en permettant que l’espace soit utilisable ».La date du 12 octobre  a été retenue pour le début des travaux. Il est attendu particulièrement de la Mairie, l’aménagement et l’éclairage des voies d’accès, l’enlèvement des ordures (le lieu était un dépôt pour les riverains, si bien qu’une colline est sortie de terre).

Le projet  Harakat se terminera par l’organisation d’une performance finale et d’un concert qui réunira des stars de la musique burkinabè, dont Hawa Boussim. Cette activité se tiendra dans l’enceinte du Théâtre populaire Désiré Bonogo, le 26 novembre 2022.

Martin SAMA

 

Encadré

Histoire d’un Théâtre populaire

L’ouverture officielle du Théâtre populaire a été effectuée par le ministre délégué à la Présidence du Faso, Blaise Compaoré, représentant le président du Faso, le Capitaine Thomas Sankara, en mission au 22e  Sommet de l’OUA à Addis-Abeba, et l’Ambassadeur de la République démocratique de Corée, en présence de Watamou Lamien, ministre de l’Information et de la Culture.

Baptisé Théâtre populaire Désiré Bonogo, en mémoire de Désiré Bonogo, chef du département socioculturel de la Présidence du Faso, décédé le 3 décembre 1985, et qui était bien connu pour son dévouement constant pour la défense de la culture burkinabè. La salle des artistes a été aussi baptisée à la mémoire des musiciens de l’orchestre national de la police, qui ont trouvé la mort le 30 juin 1986, dans un accident de la circulation.

Les travaux ont débuté en mai 1984 et la main d’œuvre a été assurée par la participation populaire pour la fabrication des briques, également par les 1re  et 2e promotions du SERNAPO, le génie militaire, les sapeurs-pompiers.  Avant de tomber en désuétude, le Théâtre populaire Désiré Bonogo a révélé bien des talents culturels, surtout au niveau de la danse, du salou, du kigba.o

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