• Plus de 13 millions de pauvres en plus
• Des pertes de PIB
• Du fait des chocs liés au changement climatique
Le 19 septembre dernier, le Bureau résident de la Banque mondiale au Burkina Faso a organisé une table ronde des médias dans les 5 pays du G5. Objectif, discuter autour du nouveau rapport de l’institution sur le climat et le développement au Sahel.
Le rapport national sur le climat et le développement (CCDR, en anglais) estime que 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté, à travers la sous-région d’ici 2050, du fait des chocs liés au changement climatique, si des mesures urgentes en matière d’adaptation ne sont pas mises en place.
Le Sahel est particulièrement vulnérable à la dégradation des terres et la désertification. La région est en effet confrontée à une sévère augmentation des sécheresses, des inondations, et autres impacts causés par le changement climatique. « Le changement climatique affecte sévèrement les populations et vient remettre en cause les gains de développement durement acquis. L’analyse indique que le changement climatique renforce les cycles de pauvreté, de fragilité, et de vulnérabilité dans le Sahel », a souligné Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, lors de sa présentation.
Des millions de personnes, à travers la région, sont exposées au risque ou déjà en situation d’insécurité alimentaire, du fait d’une production agricole décevante liée aux chocs climatiques, à la montée de l’insécurité et à des prix alimentaires élevés.
La crise de la sécurité alimentaire au Sahel devrait encore s’aggraver en 2022, peut-on lire dans le document de 119 pages. Pour atténuer l’impact de cette crise et aider le secteur agricole à développer sa résilience climatique à moyen terme, il convient d’étendre les programmes de protection sociale et les initiatives en faveur des paysages agricoles pour adopter de meilleures pratiques de gestion des ressources et accroître l’usage des technologies adaptives. Les cinq pays développent actuellement des systèmes de protection sociale adaptative permettant d’offrir régulièrement des transferts monétaires et des services aux ménages les plus pauvres et les plus vulnérables, afin de leur permettre de s’adapter et de faire face aux chocs climatiques à venir.
Le rapport comporte trois messages principaux. Premièrement, les opportunités de développement résilient au changement climatique et plus sobre en carbone des pays du G5 sont importantes. Les pays du G5 peuvent diversifier leurs économies de manière plus résiliente et plus inclusive, grâce à des investissements et des politiques judicieuses.
Deuxièmement, une croissance rapide, résiliente et inclusive est la meilleure forme d’adaptation au changement climatique, et la meilleure stratégie pour atteindre les objectifs de développement de manière efficace, durable et productive. Plus un pays et ses citoyens sont prospères, plus le gouvernement, les entreprises et les ménages disposent de ressources pour investir dans les technologies d’adaptation au changement climatique.
Troisièmement, les coûts de l’inaction sont bien plus élevés que ceux de l’action. Grâce à une action précoce et ciblée sur les politiques et programmes présentés dans ce rapport, les pays du G5 Sahel peuvent évoluer vers un avenir plus vert, plus résilient, plus prospère et plus inclusif.
Des pertes importantes de PIB
Le rapport de la Banque mondiale estime qu’il y aura des pertes importantes de PIB dues aux effets nets combinés des six canaux d’impact modélisés (baisse des rendements des cultures pluviales, des rendements du bétail, baisse de la productivité du travail liée aux fortes chaleurs, baisse de la productivité liée à la détérioration de la santé humaine, dommages causés par les inondations et dommages occasionnés aux routes et aux ponts).
Les impacts négatifs augmentent avec le temps, et sont plus importants dans les scénarios de faible niveau de précipitation et scénarios climatiques pessimistes.
D’ici 2050, le PIB annuel devrait accuser une baisse de 2,2 % (Niger) à 6,4 % (Mali) dans le scénario d’un niveau élevé de précipitation et scénarios optimistes et une baisse de 6,8 % (Burkina Faso) à 11,9 % (Niger) dans les scénarios de faible niveau de précipitation et scénarios pessimistes.
Les impacts négatifs sont suffisamment importants pour supprimer une grande partie ou la totalité de la croissance annuelle du PIB réel et du PIB par habitant.
Les besoins en investissement pour l’adaptation au changement climatique jusqu’en 2030, calculés par les pays dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) les plus récents, s’élèvent à 33 milliards de dollars pour les cinq pays. Le chiffre équivalent pour l’action d’atténuation des effets du changement climatique est proche de 50 milliards de dollars US. Les besoins annuels moyens de financement des CDN représentent entre 2,2 % et 54,2 % du PIB de 2021 et 31,6 % à 704 % des dépenses d’investissement de 2021.
Les secteurs prioritaires du G5 Sahel
Le rapport propose des recommandations de politiques pour étendre les acquis en matière de développement et d’adaptation dans cinq domaines ou secteurs spécifiques : les institutions, le financement climatique et l’atténuation des risques, l’énergie, la gestion des paysages et les villes.
Ce document doit normalement aider les pays à hiérarchiser les actions les plus efficaces en vue de réduire les conséquences néfastes du climat, tout en réalisant des objectifs de développement plus larges.
En somme, il a identifié trois axes prioritaires qui sont de grands défis des pays du G5 Sahel. Pour atténuer l’impact de cette crise et aider le secteur agricole à développer sa résilience climatique à moyen terme, il convient d’étendre les programmes de protection sociale et les initiatives en faveur des paysages agricoles pour adopter de meilleures pratiques de gestion des ressources et accroître l’usage des technologies adaptives, confère tableau sur l’estimation globale des investissements dans les secteurs prioritaires du G5 Sahel.
NK