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Finance islamique: l’exemple de la Caisse « ligdi baoré »

• Une dizaine d’années d’expérience dans le domaine

• Une pratique reconnue par la BCEAO

• Plus de 700 millions de crédit déjà accordés

Ouséini Sawadogo, DG/CLB : «Pour l’ouverture des comptes, il faut 3 500 francs pour les personnes physiques et 5000 francs pour les personnes morales». (Ph: Yvan SAMA)

« La finance islamique appliquée au secteur bancaire, fait couler beaucoup d’encre, victime de conjectures et des formules importées sans aucune tropicalisation… C’est vrai que tout ce qui est nouveau peut sembler étrange et effrayant, mais la finance islamique appliquée au secteur bancaire est aussi vieille que certaines théories et approches de gestion financière et monétaire dans le monde». Ces propos de Soumaïla Ouédraogo, Secrétaire exécutif de l’Association pour la promotion de l’épargne et de l’investissement (APEI), créée en 2003, sont illustratifs de sa conviction que ce type de modèle économique est bien viable. Pour les membres de l’APEI, la finance islamique est une opportunité, encore méconnue, qu’il faut pleinement saisir. C’est pourquoi, ils ont porté sur les fonts baptismaux en 2009, la Caisse ligdi baoré (CLB), une coopérative d’épargne et de crédit qui propose les principes et règles de la finance islamique.

Soumaïla Ouédraogo, Secrétaire exécutif de l’APEI. (Ph: Yvan SAMA)

Pour en faire davantage la promotion, les premiers responsables de l’APEI étaient face à la presse le 14 septembre 2022, au siège de la CLB à Ouagadougou, autour du thème : « La finance islamique, branche de l’économie islamique, traitant des questions financières et monétaires ».
On en a appris qu’au niveau de la finance islamique, les opérations financières et monétaires se font conformément aux principes et valeurs fondamentaux de la législation islamique (Sharia) contenus dans le Coran, la tradition prophétique et la jurisprudence des savants. Les opérations sont basées sur plusieurs principes, dont le principe de la matière licite ou halal, le principe du prélèvement sur la valeur ajoutée créée, le principe du partage des profits et des pertes (PPP), le principe de la certitude, le principe de l’endossement à un actif tangible, le principe de la transparence, le principe de la confiance mutuelle.
Sur la base des principes et règles de l’islam, des opérations et procédures applicables à la finance islamique ont été adoptées par la BCEAO depuis 2018. De ces instructions découlent les opérations et procédures financières intitulées comme suit : Qardh hassan, Mourabaha, Mousharaka, Moudaraba, Ijara, Salam… Parmi ces opérations et procédures, seules les opérations de Qardh hassan, il n’y a pas de marge bénéficiaire au profit du prêteur, c’est-à-dire que les bénéficiaires de crédit remboursent exactement le montant contracté à échéance. En matière de finance islamique, plusieurs produits financiers sont offerts aux populations, parmi lesquels, les produits de sauvegarde des ressources financières, les produits d’épargne, les produits d’investissement et les produits de financement ou de crédit. « La première préoccupation du financier islamique est la réalisation du projet qu’il finance. Il constate la réussite ou l’échec du projet et partage le profit ou les pertes.
La question de la solvabilité n’est pas mise en avant », a affirmé Ouséini Sawadogo, Directeur général de la Caisse ligdi baoré, pour marquer la spécificité de la finance islamique. « Selon la formule de l’octroi du crédit, l’institution assure l’accompagnement technique, car elle partage les pertes ou les profits. Pour un novice, l’accompagnement est nécessaire », a renchéri le président du Conseil d’administration de la structure, Kadré Sawadogo.
Depuis 2009, la CLB s’est engagée dans la promotion de la finance islamique, à travers ses produits et services en se basant sur les principes et règles de la finance islamique. La CLB est une coopérative d’épargne et de crédit dont l’objectif est la satisfaction des besoins de ses membres fondateurs et de ses membres adhérents. Elle propose trois principaux services: les produits de dépôts, les produits d’épargne et les produits de financement.
A titre d’exemple, sur la période 2013-2021, la CLB a accordé 860 crédits économiques d’un coût total de 800.709.315 FCFA. Les crédits sociaux, au nombre de 424, s’élèvent à 70.753.100 FCFA. Il faut noter que les crédits sont destinés aux clients de la CLB ayant un compte d’une ancienneté d’au moins 3 mois à la base. Sur la base de ses moyens halas ou licites, la CLB mène ses activités de promotion et de développement de la microfinance islamique à la satisfaction de ses membres de toutes catégories confondues. L’APEI poursuit ses activités de promotion et de développement de nouvelles sources de financement telles que la finance islamique, le crowfounding, les tontines épargnantes… Le crowfounding est un financement participatif ou un échange de fonds entre individus en dehors des circuits financiers institutionnels, afin de financer un projet via une plate-forme en ligne. La tontine épargnante est une convention entre plusieurs personnes. C’est un système d’épargne très ancien dont le principe est simple : des épargnants se regroupent en association pour investir en commun pendant une durée déterminée à l’avance, en général, entre dix à vingt-cinq ans.o
Martin SAMA

 

Encadré

Quelques avantages de la finance islamique

Possibilité d’être associé ponctuellement dans une activité : les populations peuvent prendre des parts ponctuellement pour des durées déterminées dans les affaires spécifiques ou générales sous le contrôle de l’institution.
Sincérité des parties prenantes : la sincérité entre les parties prenantes est indispensable pour renforcer la confiance mutuelle et la transparence dans l’exécution des contrats.
Contrôle des destinations des ressources prêtées : l’institution financière est tenue d’effectuer des contrôles et suivis-évaluations permanents pour s’assurer de l’affectation des ressources et éventuellement dégager ses responsabilités.
La révision permanente des clauses en cas de changement des hypothèses contractuelles : en cas de changement des hypothèses de départ, la révision des clauses contractuelles initiales s’impose aux parties prenantes pour éviter que les préjudices ne soient supportés par une seule partie.
Le non-refinancement par des sources non autorisées : les institutions financières engagées dans l’exercice de la finance islamique se financent à travers des sources licites ou halal ou autorisées par la législation islamique. Il leur est donc interdit de se refinancer par des banques au risque d’importer l’intérêt ou le riba. 

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