• Financer un projet en faisant appel au grand public
• Apports en dons, prêts et participations au capital
• Un secteur qui reste encore à explorer
Farafina Agri-Funding est convaincue que l’entrepreneur agricole bénéficie de peu d’accompagnement pour l’accès au financement. Pour cette entreprise sociale œuvrant dans le développement de l’agriculture au Burkina Faso, les institutions financières, à cause de la faible maîtrise des risques, sont réticentes à fournir des financements importants sur de longues périodes et les activités de micro-financement traditionnelles ne sont pas toujours adaptées aux besoins du secteur. C’est pourquoi, depuis sa création en 2019, elle prône le financement participatif, à travers une plateforme numérique.
« Le financement participatif comme alternative de financement de l’agriculture ». C’est d’ailleurs sous ce thème qu’une session de formation s’est tenue à l’endroit des journalistes et des jeunes leaders d’associations agricoles, le samedi 30 juillet 2022 à Ouagadougou. Informer les participants sur le financement participatif, présenter des expériences ou des initiatives, faciliter des productions d’articles et procéder à une vulgarisation du financement participatif sont les objectifs visés par cette rencontre de sensibilisation.
Du financement participatif ou crowdfunding (financement par la foule), on peut retenir que c’est un mode de financement qui consiste à financer un projet en faisant appel au grand public, par l’intermédiaire de plateformes Internet spécialisées. Il réunit 3 acteurs principaux : le porteur du projet, les investisseurs ou contributeurs et la plateforme de financement participatif.
Le premier acteur est l’initiateur du projet participatif, il a besoin de fonds. Le deuxième groupe d’acteurs concerne les internautes, les personnes morales ou physiques qui financent un projet participatif ; ils apportent chacun une part de financement. La plateforme de financement participatif site web offre aux porteurs et investisseurs un environnement d’échange et de communication, permet les moyens de paiement. « C’est un phénomène congruent avec la culture traditionnelle de réciprocité communautaire en Afrique. Au Burkina Faso, il existait sous forme de tontine. C’est juste une façon de puiser peu chez la masse pour un investissement », a précisé l’expert en mobilisation des ressources, Lévi Djiguemdé.
Il existe trois types de financement inclusif : les dons avec ou sans contreparties, les prêts et les participations au capital.
Ce financement présente plusieurs avantages. Pour le promoteur, il s’agit d’une alternative pour le financement de projets; d’un accès facile au crédit; d’une possibilité de tester un concept, produit ou service sans grande prise de risque, tout en fidélisant des clients potentiels, d’une ouverture de nouvelles parts de marchés dans des secteurs et pays émergents, de plus de visibilité pour le promoteur et son projet, d’une création d’une communauté autour d’un projet….Les investisseurs, quant à eux, bénéficient d’une mise à disposition de projets structurés, viables et rentables, peuvent participer au développement de projets, intervenir dans un investissement social et utile avec connaissance de l’impact, avoir des avantages fiscaux…
Ces communications ont mis en lumière les difficultés liées à la mise en œuvre de ce modèle de financement, dont l’absence d’un cadre règlementaire, la mauvaise couverture Internet, la faible culture digitale, la méfiance de la société, la corruption, les arnaques et les risques financiers et moraux, etc.
« En 2017, nous avons noté 34 milliards de dollars de financement participatif récoltés dans le monde entier, dont seulement 6 millions en Afrique. Ce qui est vraiment insuffisant. Au Burkina, la plupart des investisseurs sont de la diaspora. Cette formation, c’est aussi un moyen pour nous de faire savoir aux investisseurs que cela est également possible », a indiqué Aly Simboro, Directeur général de Farafina Agri-Funding.
Les participants, ayant compris que ce mode de financement est une alternative et un complément pour les entrepreneurs agricoles, ont pris l’engagement d’être des ambassadeurs du financement participatif, afin que ce secteur puisse profiter pleinement à tous les acteurs au Burkina Faso. L’ensemble des communicateurs a émis des pistes possibles pour le développement du financement participatif. Entre autres, ils préconisent de développer des actions de communication et de promouvoir le développement des plateformes locales ; faire des plaidoyers pour la mise en place d’un cadre règlementaire ; adapter le financement participatif à la culture locale ; travailler davantage au développement de l’Internet ; explorer l’utilisation de la technologie mobile en combinaison des plateformes en ligne.
Martin SAMA
Encadré
Une expérience du financement participatif au Burkina Faso
En 2014, une campagne de financement communautaire a été organisée par Kahitouo Hien et l’institut 2IE, à travers le site KissKissBankBank, pour lancer des produits à base de chenilles de karité, phase pilote du produit-phare de FasoPro, «Toumou Delice», dont le coût global du projet est évalué à 50.000 euros. Objectif atteint. Facteurs clés de succès : réseau de connaissances de FasoPro à l’international.