Une meilleure connaissance de la situation démographique et socioéconomique du pays et de sa dynamique afin de mieux assurer l’intégration des variables de populations dans le processus de planification du développement. Voici l’objectif principal qui a guidé le 5e Recensement général de la population et de l’habitation réalisé en 2019. « Le recensement général de la population offre une opportunité unique de mettre à jour les connaissances sur les phénomènes démographiques et socioéconomiques et, notamment, de cerner les dynamiques de la population à des niveaux géographiques très fins, afin de les prendre en compte dans les politiques de développement », a d’ailleurs précisé le ministre de l’Economie et des Finances, Seglaro Abel Somé , représentant le Premier ministre, Albert Ouédraogo, à la cérémonie officielle de présentation des résultats définitifs le vendredi 1er juillet 2022 à Ouagadougou.
Les précédents recensements avaient été réalisés en 1975, 1985, 1996 et 2006. L’utilisation des nouvelles technologies a constitué une innovation majeure pour le 5e RGPH qui a été réalisé dans un contexte sécuritaire particulier marqué par des attaques terroristes ayant occasionné de nombreux déplacements des populations vers des zones sécurisées. De l’avis des responsables de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), qui ont piloté les recherches, la collecte des données s’est faite en deux périodes : du «16 novembre au 15 décembre 2019 », sur toute l’étendue du territoire, et une « prolongation en janvier 2020 dans les grandes villes ». Un dénombrement des sans-abris s’est déroulé particulièrement dans la nuit du 13 au 14 décembre 2019. Pour un coût global du recensement de « 19,9 milliards FCFA » recherché au départ, cette enquête a coûté à la fin « 17,8 milliards FCFA », avec une contribution de l’Etat à hauteur de 56% et une contribution des PTF à 44 %.
Les résultats définitifs indiquent qu’au Burkina Faso, en 2019, on dénombre 20.505.155 habitants, soit 51,7% de femmes et 48,3% d’hommes, lors d’une cérémonie officielle. A l’analyse de la structure par sexe et par âge, les données montrent une pyramide à base large et au sommet effilé, une population à majorité jeune, moins de 5 ans = 16,2%, moins de 15 ans = 45,3%, moins de 35 ans = 77,9%, 65 ans ou plus =3,4 %.
De la structure de la population par milieu de résidence, il ressort que 5.360.112 habitants vivent en ville, soit 26,1 % de la population. La capitale Ouagadougou compte 2.415.266 habitants, soit 45,1 % de la population urbaine, tandis que dans la deuxième ville du pays, Bobo-Dioulasso, on dénombre 904.920 habitants, soit 16,9% de la population urbaine.
Au total, 15.145.043 habitants vivent en milieu rural, soit 73,9 % de la population. A ce niveau, il faut souligner une augmentation régulière du taux d’urbanisation : 6,4 % en 1975 ; 22,7% en 2006 ; 26,1% en 2019. Selon ces chiffres, l’évolution de l’effectif de la population indique une population en pleine croissance avec un taux d’accroissement démographique annuel de «2,94% entre 2006 et 2019 », contre « 3,12% pour 1996 à 2006».
Le défi sécuritaire a entaché le recensement
Cette situation a fait que 9 Communes n’ont pas été recensées. Mais, une technique a été utilisée en appui avec des techniciens de l’ONU pour faire des estimations. Sur 52 autres Communes recensées partiellement, 23 l’ont été avec des niveaux de dénombrement satisfaisant. Les difficultés étaient liées aux smartphones dont le nombre est insuffisant, le paramétrage non exhaustif, la faible autonomie, etc. Autres insuffisances, il y a l’absence de couverture du réseau de communication et d’Internet dans des localités et le mauvais comportement de certains agents (lenteur, abandons, refus au redéploiement, etc.)
L’effectif de la population du Burkina Faso est passé de 5,6 millions habitants en 1975 à 20,5 millions en 2019, soit un quadruplement de la population en 44 ans. Cette population est à prédominance jeune, avec environ huit personnes sur dix (78%) âgées de moins de 35 ans. L’espérance de vie à la naissance est passée de 42 ans en 1975 à 61,9 ans en 2019.
Martin SAMA
Encadré
Les défis de la croissance démographique
La forte croissance démographique et la jeunesse de la population posent d’importants défis en termes d’accès à l’emploi et aux services sociaux de base tels que l’éducation, la santé, etc.
Le taux de chômage calculé selon la méthode du Bureau international du travail demeure élevé et se situe à 7,1%. Les régions les plus touchées par le chômage sont le Sahel (17,1%), le Nord (10,1%) et le Centre (8,9%). Sur le plan de l’éducation, 63% des personnes âgées de 3 ans ou plus ne sont jamais allées à l’école. Seulement 5,5% ont le niveau secondaire ou supérieur, tandis que près de la moitié des jeunes de 15 à 34 ans (45,7%) ne sont ni dans l’emploi, ni dans un programme d’éducation ou de formation. La mortalité des moins de cinq ans a continuellement baissé depuis 1975, mais demeure toujours élevée, puisque 87 enfants sur 1.000 naissances n’atteignent pas leur cinquième anniversaire. Ces résultats montrent qu’une attention continue doit être accordée à la formation et à l’emploi des jeunes qui sont les couches les plus touchées par le chômage et qui, de ce fait, peuvent être tentés par l’oisiveté et les activités criminelles. La croissance démographique pourrait être transformée en atout pour le développement du Burkina Faso, si un effort est fait pour améliorer la qualité de la population, notamment, en termes de scolarisation, de santé et d’emploi des jeunes.