Le 21 juin 2022, a eu lieu la cérémonie d’ouverture de la revue conjointe de la performance du portefeuille des projets et programmes financés par la Banque mondiale au Burkina Faso. Il s’agit de la première revue, après le réengagement du Groupe de la Banque mondiale au Burkina Faso, même si l’exercice en soi n’est pas nouveau. L’on se souvient qu’après le coup d’Etat de janvier dernier, l’institution de Bretton Woods avait gelé ses actions avec le Burkina Faso.
« Je salue le réengagement de la Banque mondiale notifié le 10 mai 2022, après sa mission d’évaluation, consécutive à la transition politique intervenue au Burkina Faso », a déclaré le ministre de l’Economie, des Finances et de la Prospective, Abel Seglaro Somé, lors de son discours d’ouverture des travaux.
La rencontre entre le partenaire financier et son pays hôte s’effectue une fois par an et vise à faire le point de la situation du portefeuille pour en assurer sa mise en œuvre efficiente dans l’atteinte de ses objectifs. « La présente revue nous offre l’occasion de partager des idées en vue d’obtenir de meilleurs résultats dans notre action aux cotés des populations en quête de meilleures conditions de vie. Les échanges auront lieu sur le thème « La performance du portefeuille dans un contexte de crise : quelles approches innovantes pour une mise en œuvre efficiente des projets et programmes financés par la Banque mondiale », a affirmé la Représentante-résidente de la Banque mondiale au Burkina Faso, Maïmouna Mbow Fam.
Un contexte marqué par une superposition de crises
« Cette revue se tient dans un contexte particulièrement difficile marqué par une superposition de crises qui a ralenti l’exécution des opérations et impacté la performance globale du portefeuille », a tout de suite annoncé Pauline Zouré, nouvelle chargée des opérations du portefeuille du Burkina Faso auprès de la Banque mondiale. Et Mme Fam d’expliquer que l’insécurité a « sérieusement rétréci notre champ d’intervention et cela s’est traduit par un surenchérissement des coûts, des difficultés de supervision physiques des activités, un niveau d’exécution relativement faible et des risques élevés de non-atteinte des objectifs de développement des projets dans les délais impartis ».
Malgré la situation politique qui a occasionné une pause d’un trimestre sur les décaissements, le Burkina Faso dispose de flux importants de ressources qui constituent des opportunités de relance de l’activité économique et de solutions aux différentes crises. En témoigne le portefeuille des opérations qui a pratiquement doublé en trois ans ; les engagements nets sont ainsi passés à 1,7 milliard de dollars américains en 2018 à plus de 3 milliards de dollars américains à ce jour. Mieux, depuis le réengagement, deux nouveaux projets viennent d’être approuvés par le Conseil d’administration de la Banque mondiale et avec ceux qui deviendront effectifs dans les prochains jours, le portefeuille de la Banque mondiale passera à 3,51 milliards de dollars américains, dont 2,51 milliards de la trésorerie disponible.
29 projets pour un montant de 3,8 milliards de dollars US
Le portefeuille de la Banque mondiale est constitué de 29 projets pour un montant de 3,8 milliards de dollars US, dont 2 milliards non encore décaissés. Il se compose de 19 projets nationaux, 10 projets régionaux et 11 fonds fiduciaires. Pauline Zouré a présenté le ratio des performances du portefeuille par rapport aux années précédentes. Il ressort que pour cette année, le ratio est de 15%, contre 30% en 2021 et 20% en 2020. De plus, 56% du portefeuille comporte des projets modérément satisfaisants, et seuls 5 projets affichent une performance satisfaisante, et cela représente 26% du portefeuille. Pris ainsi, il s’agit d’une contreperformance. Cependant, la chargée des opérations a tenu à préciser que le pays a connu plus de 3 mois d’arrêt de décaissement et cette situation a influé sur le ratio. « Actuellement, nous avons près de 30 millions de dollars en cours de traitement et d’ici à la fin du mois, nous pourrons avoir le ratio de décaissement de 2020 », a-t-elle précisé. Et d’ajouter qu’il reste attendu le financement additionnel du projet Covid-19 et « nous espérons avoir son approbation pour le 30 juin 2022. Le stock de 248 millions de dollars a été obtenu juste après la reprise, et ça montre que les engagements de la Banque mondiale en ce qui concerne notre pays ont été tenus ».
NK
Encadré
Solutions proposées en vue d’une optimisation des résultats
Il est souvent déploré les lenteurs dans la délivrance des avis de non-objection, les exigences restrictives de profils et de niveau d’expérience des personnels-clés et la lourdeur des procédures de sauvegarde environnementale et sociale et de passation de marchés, a fait remarquer la Représentante-résidente de la Banque mondiale au Burkina Faso, Maïmouna Mbow Fam. Aussi, en guise de réponse, des efforts sont en cours pour avoir les chargés de projets basés à Ouagadougou pour fluidifier la délivrance des avis de non-objection et traiter les dossiers au fil de l’eau.
Les autres solutions proposées par Mme Fam sont :
Les équipes de la Banque mondiale ont également lancé l’Initiative masse critique des professionnels de projets et programmes (renforcer le capital humain des projets et programmes par la formation dans les fonctions-clés de gestion des projets ainsi que la gestion financière, la passation des marchés, les sauvegardes environnementales et sociales ainsi que le suivi-évaluation).
Des mesures de flexibilité ont été apportées aussi bien sur la passation des marchés et les mesures de sauvegarde dans le Projet d’urgence pour le développement local et la résilience et pourraient être généralisées à l’ensemble du portefeuille.
Du côté du gouvernement, nous attendons une supervision plus accrue par les ministres de tutelle qui pourraient, par exemple, instaurer une coordination au moins mensuelle avec les unités de gestion des projets afin de passer en revue tous les goulots d’étranglements et instaurer une culture de performance et de redevabilité.
Une coordination plus stratégique au niveau du Premier ministre (renforcer le portage politique des projets, l’appropriation du portefeuille par le gouvernement et l’implication des services de sécurité dans la définition et l’identification des zones d’intervention et la mitigation du risque sécuritaire).