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ENAREF: le multilatéralisme en débat à la conférence pédagogique

Amélie Josseline Gisèle Belém, SG de l’ENAREF, représentait le premier responsable de la structure à cette activité. (DR)
Le conférencier, Seydou Bouda
Le public composé d’élèves de l’ENAREF, d’étudiants en économie, de cadres de l’administration publique, d’universitaires a mis sur la table plusieurs questions sur le développement.

Dans le cadre de ses activités pédagogiques, l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF) a organisé une conférence publique autour du thème : « Le multilatéralisme et le financement du développement », dans la matinée du jeudi 23 juin 2022. « Chaque année, nous organisons des conférences autour de thématiques qui intéressent les élèves pour poser le débat sur certaines questions et leur permettre de compléter leurs formations avec des sujets qu’ils n’auront peut-être pas la chance d’aborder en classe », a expliqué Amélie Josseline Gisèle Belém, Secrétaire générale de l’ENAREF, qui représentait le premier responsable de la structure à cette activité. L’école a sollicité l’ancien ministre en charge de l’économie, Seydou Bouda, pour développer la thématique.
Dans son exposé, le conférencier a d’abord défini les concepts de multilatéralisme et le financement au développement avant d’expliquer la manière dont le multilatéralisme facilite le financement du développement. On en retient alors que le multilatéralisme est un concept utilisé dans le champ des relations internationales et qui a connu une avancée significative, après la deuxième guerre mondiale, pour mieux réguler les relations et éviter les tensions. Il se définit comme un mode d’organisation des relations inter-étatiques. Il se traduit par la coopération de trois États au moins dans le but d’instaurer des règles communes et en la matière, l’ONU reste le symbole parfait. « Il s’agit d’une organisation de la vie des Etats autour d’un contrat pour éviter l’état de jungle », précisera le conférencier. Une fois l’organisation des Etats scellée, on assistera à la mise en place des différents mécanismes organisés autour d’une constellation d’organisations internationales en charge du développement, dont notamment, les banques régionales comme la Banque africaine de développement, la Banque asiatique de développement…. Deux mécanismes de financement se sont dégagés dès lors : les cycles ou décennies du développement et les tables rondes. Les tables rondes sont des rencontres pour réaliser un appel aux donateurs et autres partenaires financiers à partir de sujets définis. On peut avoir donc des tables rondes générales et des tables rondes sectorielles ou thématiques.
Le public composé d’élèves de l’ENAREF, d’étudiants en économie, de cadres de l’administration publique, d’universitaires a mis sur la table plusieurs questions sur le développement : les différentes sources de financement de la Banque africaine de développement (BAD), les donateurs de la Banque mondiale, l’efficacité du multilatéralisme dans le développement des pays africains, le multilatéralisme et l’intégration régionale, le multilatéralisme et la communauté internationale, la gestion de l’aide au développement, la mobilisation des ressources internes pour le financement du développement….Il y a des raisons de remettre en cause le multilatéralisme, au regard de la violation flagrante de certaines dispositions de l’ONU par certaines grandes puissances comme l’invasion de l’Irak, la guerre en Lybie, la guerre en Ukraine….

Tout se fait avec une contrepartie
Le conférencier a pris la carte de la réserve : « Sans multilatéralisme, le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Avec la COVID, par exemple, nos pays ont bénéficié de vaccins pour leurs populations gratuitement grâce à un mécanisme de l’OMS, alors qu’en temps normal, il leur serait difficile de le faire. Le multilatéralisme a bien des avantages qui profitent aux plus faibles, même si les plus forts ont des privilèges ».
Sur l’aide au développement, souvent appelée aide publique au développement (APD) qui est l’ensemble des financements apportés par les acteurs publics des pays les plus favorisés pour améliorer les conditions de vie dans les pays moins favorisés, Seydou Bouda s’est voulu formel : tout se fait avec une contrepartie.
« Ceux qui nous aident ont intérêt à nous aider et leur intérêt est à prendre en compte. Ceux qui financent les projets de développement nous diront que les coopérants doivent venir des pays des bailleurs de fonds. Ceux qui nous apportent de l’aide alimentaire vont vouloir qu’on s’approvisionne chez eux…. Les choses sont faites de façon subtile, ce n’est pas un retour brutal, donc on ne le sentira même pas », a-t-il affirmé, précisant au passage que ce n’est pas tant l’aide au développement qu’il faut décrier mais plutôt la gestion de cette aide dans les différents Etats africains. Pour lui, pour peu qu’on mette de la volonté et beaucoup d’organisation, les pays africains peuvent relever les nombreux défis qui se présentent à eux. Concernant le cas spécifique du Burkina Faso, beaucoup de choses restent à faire, mais la voie tracée semble être la bonne. « Nos pays ont la possibilité de s’autofinancer à 100% si on arrivait à la mobilisation des ressources internes. Le financement interne s’améliore, mais nous n’y sommes pas encore », a-t-il indiqué.
Martin SAMA

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