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Attaques terroristes: 136 personnes tuées entre le 2 et le 15 juin 2022

Le début du mois de juin 2022 est très sanglant pour le Burkina Faso. Sur 12 attaques terroristes différentes recensées au cours de la première quinzaine du mois de juin 2022 (entre le 1er et le 15 juin 2022), on a dénombré 136 personnes tuées. Dans le lot, on compte 22 Forces de défense et de sécurité (FDS) tuées et 16 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ces chiffres ne sont pas exhaustifs mais ils constituent un indicateur de la gravité de la situation. Par exemple, le nombre de victimes civiles annoncé par le gouvernement est remis en cause par d’autres sources. Alors que le gouvernement table sur 86 morts à Seytenga, d’autres sources avancent plus de 150 personnes civiles massacrées le même jour. Ces attaques engendrent le déplacement massif de populations. Selon les statistiques du gouvernement, plus de 14.256 personnes de Seytenga ont rejoint la ville de Dori, après la double attaque de la gendarmerie et de la ville. Les populations de Pama, dans l’Est du Burkina Faso, ont reçu un ultimatum de 10 jours pour quitter la ville la semaine passée. Plusieurs centaines de personnes ont déjà quitté Pama entre le 14 et le 15 juin.
Après une attaque des villages situés non loin de Kongoussi, cette ville continue de recevoir des centaines de déplacés. Le 15 juin, les terroristes ont sommé les habitants de villages situés à la périphérie de Kaya de quitter les lieux.

Pourquoi s’en prendre aux civils ?
« La montée en puissance de l’armée pousse les terroristes à s’en prendre aux populations en guise de représailles », a justifié le Lieutenant-Colonel Yves Didier Bamouni, Commandant des opérations du théâtre national (COTN), au cours d’une conférence de presse le 3 juin 2022. Il entend par « montée en puissance », des actions offensives lancées depuis le 19 mai, combinant moyens aériens et artillerie dans la région du Nord avec pour bilan la destruction des bases de Rimbolo, Bidi et Bouloukamba ainsi que la neutralisation d’une cinquantaine de terroristes et la récupération de matériels divers.
Selon les informations recueillies auprès des civils rescapés de ces attaques, outre les céréales, les terroristes emportent le bétail et d’autres biens. L’attaque de Seytenga, par exemple, a eu lieu un jour de marché. Un nombre important de bétails a été emporté pendant que les habitants fuyaient pour tenter d’échapper aux balles assassines des terroristes.
Les terroristes se ravitaillent très facilement en carburant sur le territoire national. Le 14 juin 2022, ils ont détourné 14 citernes transportant du carburant sur l’axe Kantchari et Matiacoali, à l’Est du Burkina Faso. Ce carburant provenait du Niger et transitait par le Burkina Faso pour le Mali.
Bien avant cet indicent, 2 camions citernes avec une capacité de 57.000 litres de carburant, qui ont quitté Ouagadougou le 17 avril 2022 avec pour destination finale Dori, ont été détournés. « Il est possible que le carburant soit envoyé dans un pays voisin où il est plus cher que le Burkina Faso », avait justifié le ministre en charge du commerce, Abdoulaye Tall.
Le 30 avril 2022, ils ont détourné un camion remorque transportant des produits, dont du riz et des produits pharmaceutiques entre Ougarou et Matiacoali, dans la région de l’Est.
Le 23 avril, les terroristes ont détourné un camion rempli de divers produits de consommation à Gabou, sur l’axe Kaya-Barsalogho, dans la région du Centre-Nord. Outre les céréales et le carburant, certaines attaques des sites d’exploitation comme celui d’Alga dans la province du Bam, visent à s’emparer d’autres biens de valeur. Ce carburant pourrait servir de sources de financement pour les terroristes.
C’est dire que la lutte contre le terrorisme doit impliquer impérativement le volet lutte contre le financement du terrorisme pour plus d’efficacité.
Dans son discours prononcé le 2 avril 2022, le président de la Transition, Paul Henri Damiba, a donné « rendez-vous dans 05 mois pour un premier bilan de la mission de reconquête de notre territoire ».
J B

Encadré

Echec du dialogue avec les terroristes ?

Ces attaques illustrent la difficulté du dialogue avec les groupes armés terroristes que le gouvernement a annoncé. L’annonce de ce dialogue a été faite par le président de la Transition, Paul Henri Damiba, dans un discours à la Nation le 2 avril 2022. Ce dialogue est confié à des « Comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix, dont la mission est d’initier des approches avec les membres des groupes en rupture de dialogue avec la Nation ». Afin d’opérationnaliser les cadres de dialogue, le gouvernement a adopté un décret portant organisation, fonctionnement et attributions de la Coordination nationale des comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix le 13 avril 2022. 

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