A la UneEconomie

Sécurité: une mission militaire de l’UE au Burkina ?

Le 20 mai 2022, l’Union européenne a publié sa revue stratégique de la Mission de formation des forces armées maliennes (EUTM Mali) et de la Mission civile de l’Union en soutien aux forces de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Mali) 2022. (DR)

Le 20 mai 2022, l’Union européenne a publié sa revue stratégique de la Mission de formation des forces armées maliennes (EUTM Mali) et de la Mission civile de l’Union en soutien aux forces de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Mali) 2022. On y lit que l’UE compte lancer 3 nouvelles missions militaires en Afrique de l’Ouest. Deux des pays concernés sont connus, il s’agit du Niger et du Burkina Faso. Pour le 3e, le rapport évoque un état côtier.

Trois options sont proposées pour la future architecture militaire au Sahel
Le document d’une soixantaine de pages propose trois options pour la future architecture militaire de l’UE au Sahel. La première est de poursuivre le rôle régional de l’EUTM Mali, tout en se déployant de manière permanente au Burkina Faso, et/ou au Niger, si les conditions le permettent.
L’option A repose sur le cadre juridique existant qui pourrait être maintenu temporairement, même si la mission ne peut plus opérer au Mali, assurant ainsi une certaine forme de résilience, mais cela ne serait pas durable sur une longue période. L’acceptabilité d’EUTM Mali pour les partenaires régionaux est plutôt limitée, comme l’indiquent notamment, les autorités nigériennes. L’efficacité de cette solution est jugée limitée, selon le document.
La deuxième proposition sur la table est de créer une nouvelle Mission militaire de l’UE pour le Sahel, fournissant un cadre juridique régional commun, commandant et coordonnant toutes les activités militaires dans la région, à travers plusieurs composantes, chacune dédiée à un pays spécifique. Cette mission militaire de l’UE pour le Sahel pourrait être basée dans la région. Cette option permettrait de renforcer la flexibilité et la durabilité de la présence militaire de la mission civile de l’Union en soutien aux forces de sécurité intérieure (PSDC) au Sahel. Des composantes supplémentaires pourraient facilement être créées à des fins spécifiques ou pour d’autres pays si le mandat de la mission est suffisamment large. Une option qui nécessiterait le maintien de l’EUTM Mali pour opérer dans ce pays.
La dernière option vise à établir des missions militaires de l’UE dans chaque pays : concentrer l’EUTM Mali sur son mandat principal au Mali, tandis que de nouvelles missions militaires seraient établies au Niger en priorité et au Burkina Faso si les conditions le permettent. Ainsi, l’on préserverait la liberté d’action de l’UE en cas d’arrêt des activités au Mali. « Elle renforce considérablement la résilience de la présence PSDC de l’UE dans la région du Sahel. Tirant les leçons du processus de régionalisation actuel, elle faciliterait la mise en œuvre d’une approche fondée sur le partenariat. Des missions dédiées seront construites autour d’objectifs sur mesure en fonction des besoins de chaque pays. La présence d’un commandant local de la force de la mission permettra d’accroître l’adhésion des autorités nationales et de renforcer la responsabilité mutuelle. Elle permettra également d’adapter la structure de chaque mission à ses activités et de maximiser son efficacité », peut-on lire dans le document.

« La situation en matière de sécurité ne peut que se détériorer »
« Les autorités de la Transition ne parviendront pas à inverser la tendance par elles-mêmes {…} Sans actions pour soutenir l’engagement opérationnel des forces dans le Nord, couplées au développement des capacités à moyen terme, la situation en matière de sécurité ne peut que se détériorer ». C’est le constat fait par l’Union européenne sur le Burkina Faso.
Plusieurs raisons ont été évoqués pour corroborer ce constat. L’insécurité s’étend sur deux fronts. Dans les régions du nord du pays, les forces armées nationales agissent presque exclusivement en réaction. Selon les experts de l’UE, elles ne sont pas en mesure de rassurer la population et restaurer la présence de l’Etat. De plus, le sud-ouest constitue lui aussi un défi majeur pour le pays, car il représente son principal lien avec les pays côtiers du Golf de Guinée.
« Compte tenu de l’urgence, les capacités opérationnelles des forces armées burkinabè devraient être rapidement renforcées. Le soutien à l’engagement opérationnel par la fourniture d’un paquet «former, équiper et accompagner» au profit d’unités spécialisées telles que les Unités légères de reconnaissance et d’intervention (ULRI) ou le bataillon de renseignement tactique », recommandent les experts.o
NK

 

Encadré

Utilisation de forces affiliées à la Russie

Pour mettre en œuvre les trois piliers du modèle «former, équiper et accompagner», l’approche pourrait être similaire à celle proposée pour le Niger. Dans un premier temps, la relocalisation d’une équipe mobile lourde de conseil et de formation depuis le Mali pourrait représenter une solution pour la partie formation si les conditions politiques pour agir sont réunies rapidement.
Cependant, l’environnement politique au Burkina Faso n’est actuellement pas propice à une telle action pour le moment. En attendant, les autorités ont régulièrement exprimé leur volonté de diversifier leur coopération dans le domaine de la défense et de la sécurité. Le Burkina Faso a envoyé une délégation militaire de haut niveau au Mali mi-avril 2022 pour discuter avec les autorités. « Le contenu exact des discussions reste inconnu, mais un communiqué a déclaré la volonté des deux pays de coopérer davantage dans la lutte contre le terrorisme. Dans le contexte actuel, on ne peut exclure la possibilité d’une reproduction du modèle malien et l’utilisation de forces affiliées à la Russie. Si l’UE est prête à faire une offre alternative, elle doit être suffisamment ambitieuse et audacieuse pour convaincre les Burkinabè de renoncer à d’autres partenariats, s’engager à haut niveau dès que possible et s’assurer que les bonnes conditions politiques se matérialisent », affirme le document.
Pour mieux évaluer les besoins et préparer la voie à une éventuelle réponse de l’UE, EUTM Mali devrait renforcer immédiatement sa présence au Burkina Faso pour assurer la liaison avec les autorités militaires, l’UE est prête à les soutenir et dans quelles conditions cela serait possible, et informer le processus de planification politique et stratégique si le développement d’un concept de gestion de crise est nécessaire. Il est donc recommandé à l’UE de continuer à explorer les domaines de coopération possibles avec les autorités burkinabè en vue de développer un concept de gestion de crise pour une éventuelle mission militaire au Burkina Faso, une fois les conditions réunies. 

Commentaires

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page