Dans le cadre des grands projets régionaux, le Burkina Faso semble être à la traîne ? L’exemple patent est celui du projet autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou (PAYO) où le bitume de cette autoroute côté burkinabè n’a pas encore vu le jour ; à l’inverse, l’Etat ivoirien a presque achevé son autoroute Yamoussoukro-frontière Burkina Faso. C’est à croire que l’autoroute du pays des Hommes intègres n’existe que sur papier et dans les discours politiques. Au pays de Félix Houphouët- Boigny, le réalisme a fait place aux discours creux, c’est ainsi qu’après l’autoroute du Nord (Abidjan-Yamoussoukro) achevée depuis des années, l’Etat ivoirien a entamé la deuxième phase qui relie Yamoussoukro à la frontière du Burkina Faso, en passant par Tiébissou-Bouaké et Ferkéssédougou, longue de 435 km. Celle du Burkina Faso est d’une distance de 601,7 km qui traverse Koudougou-Bobo-Banfora- frontière Côte d’Ivoire.
Financement : les Chinois promettaient 700 milliards FCFA
Mais qu’est-ce qui peut bien expliquer un tel retard dans le démarrage effectif de l’autoroute Ouaga-Banfora ? Pire, même la portion de 110 km, Ouaga- Koudougou, n’a pas encore démarré ? La principale raison est que l’Etat burkinabè est toujours au stade de recherche des ressources financières pour sa réalisation. Cette question de financement a été évoquée en filigrane le 18 novembre 2021 à Bobo-Dioulasso, par le Secrétaire général du ministère des Infrastructures, Ollo Frank Hervé Kansié, qui a présidé l’atelier de restitution du rapport d’avant-projet détaillé des études techniques, économiques, d’impact environnemental et social, de mise en concession de l’autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou, tronçon Bobo-Dioulasso/Frontière Côte d’Ivoire (CU7B). A cette occasion, il a souligné que le retard accusé par le Burkina Faso était dû au fait que le projet est « lourd », nécessitant la participation de plusieurs bailleurs de fonds. Les principaux bailleurs sont la Banque africaine de développement (BAD), le Japon, l’Union européenne et la Banque mondiale. Il a rappelé aussi le contexte sécuritaire. Ce manque de financement avait été abordé par l’ancien président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, en marge de sa visite officielle en République populaire de Chine. Dans un communiqué de la Direction de la communication de la Présidence du Faso en date du 31 août 2018, il a été mentionné une audience présidentielle avec le président de China Harbour Engineering Company, Lin Yichong.
« Les échanges au cours de cette audience ont porté sur un accord de partenariat pour la construction de l’autoroute Ouagadougou-Bobo-Dioulasso. China Harbour Engineering Company a pris l’engament de réaliser le plus vite possible ce projet qui va coûter plus de 700 milliards FCFA, répartis en trois phases. La première phase de 110 kilomètres coûtera environ 200 milliards FCFA et va relier Ouagadougou à la région du Centre-Ouest. Le démarrage des travaux interviendra en 2019 ». 4 ans après cette belle promesse, toujours pas de lancement officiel de cette autoroute. La précision importante à noter est qu’à la date du 18 novembre 2021, toutes les études techniques, économiques, d’impact environnemental et social ont été réalisées. Le financement de ces études préalables ont été assuré par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et l’Etat burkinabè.
Autoroute Côte d’Ivoire : sur 435 km, 105 km restants
Le point focal de l’autoroute au niveau de la Côte d’Ivoire, Lancina Diomandé, a révèle, lors d’une rencontre entre les techniciens de Bobo-Dioulasso, que la Côte d’Ivoire était très en avance sur les chaînons manquants.
Selon ses dires, d’ici fin juin 2022, l’autoroute sera à Bouaké. Car, dit-il, Tiébissou-Bouaké, longue de 69 km, a un taux d’exécution de 60% et la date de fin prévisionnelle des travaux est le premier semestre 2022. Il va rester pour la partie ivoirienne, la section Bouaké – Ferkessédougou, longue de 250 km, et la section Ferkessédougou – Frontière du Burkina Faso, longue de 80 km.
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré 1
Autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou: la Côte d’Ivoire très en avance
«Yamoussoukro – Tiébissou, longue de 36 km, le taux d’exécution est de 90% et la date de fin prévisionnelle des travaux est décembre 2021. Tiébissou – Bouaké, longue de 69 km, le taux d’exécution est de 60% et la date de fin : les travaux est le premier semestre 2022. Les études techniques de ces deux sections ont été financées par l’UEMOA.
Concernant les chaînons manquants reliant Bouaké aux frontières du Burkina et du Mali, au stade des études, APD et lesdites études sont financées par la Commission de l’UEMOA. La section Bouaké – Ferkessédougou, longue de 250 km. La section Ferkessédougou – Frontière du Burkina Faso, longue de 80 km. La section Ouangolodougou – Frontière du Mali, longue de 100 km », selon le point focal du projet au niveau de la Côte d’Ivoire, Lancina Diomandé.
Encadré 2
La Transition n’y pourra rien faire
S’il est vrai que l’ancien président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, est venu trouver ce gigantesque projet d’autoroute Ouagadougou-Banfora- Frontière Côte d’Ivoire, le constat est qu’après 6 ans de pouvoir démocratique, aucun mètre carré de bitume n’a vu le jour. L’espoir de voir sa matérialisation est-il possible avec cette Transition ? Pas si sûr. Selon le président de la Transition, le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, la priorité des priorités pour les 3 ans à venir est et demeure la lutte contre l’insécurité, le retour des millions de déplacés internes et la promotion de la bonne gouvernance. C’est dire donc que tous les investissements iront dans ces priorités lesquelles une majorité des Burkinabè est d’accord. Toutefois, gageons de respecter nos engagements communautaires en rendant concret ce projet.
Encadré 3
AGETIB, maîtrise d’ouvrage déléguée du PAYO
Il faut noter que le projet autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou (PAYO) a pour maîtrise d’ouvrage déléguée l’Agence des travaux d’infrastructures du Burkina (AGETIB et les études technico-économiques et environnementales confiées au groupement de bureaux d’études AIC PROGETTI/ACE.
Encadré 4
Amélioration de la compétitivité régionale
L’autoroute va améliorer la compétitivité économique et faciliter les échanges commerciaux et agricoles du pays des Hommes intègres, dépourvu de mer vers la Côte d’Ivoire. Aussi, une fois l’autoroute achevée, elle réduira le temps du trajet et le coût du transport.