Au Burkina Faso, la production fruitière est dominée par la mangue qui représente plus de la moitié des vergers et de la production nationale. Selon les statistiques du recensement général de l’agriculture de 2008, la filière a un potentiel de production de plus de 300.000 tonnes par an, avec plus de 2,2 millions de pieds répartis sur une superficie de 12.250 ha. La filière mangue est donc d’une importance capitale pour l’économie du pays. Cependant, elle est confrontée depuis quelques années, à des attaques d’insectes ravageurs. Ils sont la cause d’importantes pertes dans la production de mangue au Burkina. Il s’agit des mouches de mangue comme le « Bactrocera dorsalis » et le Dacus ciliatus. En plus de ces mouches, il y a une autre espèce d’insectes du nom de cochenille farineuse. Même si elles semblent moins dangereuses que les mouches de mangue, leur propagation dans toute la région des Hauts-Bassins (57% de la production nationale de mangue) est inquiétante.
Qu’est-ce que la cochenille farineuse ?
La cochenille farineuse du manguier est un insecte qui se reproduit en pondant des œufs ou des larves. Son cycle de développement est marqué par trois stades larvaires et un stade adulte aussi bien chez les mâles que chez les femelles (sources : travaux de recherche de la thèse de Doctorat unique en développement rural présentés par l’entomologiste Nébié Karim, à l’Université Nazi Boni, en 2017). Ce sont de très petits insectes parasites (maximum 0,6 cm de long) qui appartiennent à la super famille des « Coccoidea ». Ils sont connus sous le nom scientifique de « Rastrococcus invadens », couverts de poudre blanche.
A en croire Moctar Ficou, dans les colonnes de vivafrik.com, l’insecte ravageur se nourrit de la sève nourricière du manguier en l’affaiblissant. Il secrète une substance sucrée, huileuse appelée « miellat », qui attire les fourmis. Le « miellat » recouvre entièrement la feuille, empêchant ainsi le bon déroulement du processus de la photosynthèse, un mécanisme vital pour la plante.
Au stade avancé, le « miellat » se transforme en un champignon noirâtre appelé fumagine. Le ravageur s’attaque principalement aux arbres fruitiers et aux plantes ornementales.
102.211 tonnes de mangues attendues pour la campagne 2022
Selon l’Interprofession des acteurs de la mangue du Burkina (APROMAB), les prévisions de la campagne 2022 sont de 100.000 tonnes pour la mangue fraîche, avec un revenu prévisionnel brut estimé à plus de 9 milliards FCFA et 2.211 tonnes pour la mangue séchée, avec un revenu prévisionnel brut de 8,8 milliards FCFA. Ces chiffres montrent l’importance de la filière mangue dans l’économie nationale. Ces projections sont malheureusement menacées par les cochenilles farineuses du manguier. Pour Théophile Malo, les manguiers attaqués perdent leur capacité de productivité. La valeur esthétique et la qualité de la mangue peuvent être dénaturées. Les fruits attaqués ne sont pas exportables à l’international, car la cochenille est une espèce en quarantaine. Minata Traoré/Agbessi est la présidente de l’Association vision d’Afrique (AVA). C’est une coopérative évoluant dans l’agroalimentaire, notamment, dans la transformation des produits forestiers non ligneux, des produits agricoles, des produits en nectar et en confiture. « Depuis l’année surpassée, ce phénomène a envahi les vergers. En 2020, nous n’avons pas pu produire comme les années précédentes. Je lance un appel aux autorités à aider les propriétaires de vergers à combattre ces insectes, car la filière mangue a une contribution non négligeable dans l’économie du pays », a-t-elle déclaré.
Issouf TAPSOBA (Collaborateur)
Encadré 1
Les origines des cochenilles farineuses
La cochenille farineuse du manguier est originaire du Sud-Est de l’Asie. Elle s’est propagée dans le monde, probablement à travers le commerce international des fruits et des plantes ornementales contaminées. Elle a été signalée pour la première fois au Togo et au Ghana en 1980, avant de se propager dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest. Observée dans les années 2000 à l’extrême Ouest du Burkina Faso, le ravageur s’est ensuite propagé dans la principale zone productrice de mangues du pays.
(Sources : travaux de recherche de la thèse de Doctorat unique en développement rural présentés par l’entomologiste Nébié Karim, à l’Université Nazi Boni, en 2017).
Encadré 2
Comment lutter contre ces insectes ?
Il existe plusieurs actions de lutte contre ces insectes ravageurs. Selon le responsable de la protection des végétaux dans les Hauts-Bassins, Théophile Malo, il s’agit de la lutte mécanique, la lutte chimique, la lutte biologique, la lutte prophylactique et la lutte intégrée. La lutte mécanique consiste à laver la plante de façon répétée avec de l’eau savonneuse ou de l’eau simple en appliquant une forte pression d’eau sur la plante. Aussi, il est possible de couper les feuilles infestées de la plante au début de l’attaque. La lutte chimique consiste à l’utilisation des produits chimiques contenant la matière active « Chlorpyriphost-ethyl ». Mais monsieur Malo déconseille cette lutte sur les arbres fruitiers, les produits étant destinés à la consommation. Néanmoins, elle peut être pratiquée en l’absence des fruits. La lutte biologique est l’utilisation des parasites pour exterminer les cochenilles. Il existe des parasites prédateurs des cochenilles, notamment, certaines espèces de coccinelles (Chilicorus renipustulatus, Chilicorus nigritus) et de guêpes (Metaphycus helvolus ou Metaphycus lounsburyi). La lutte prophylactique constitue à veiller sur l’hygiène dans le verger. Les herbes constituent un nid de parasites. Il faut fréquemment désherber le champ et éviter d’y transporter des organiques malades. Quant à la lutte intégrée, elle est la combinaison de plusieurs luttes sans celle chimique pour ne pas tuer les parasites de la lutte biologique.