La hausse des prix à la consommation commence à se faire sentir dans le portefeuille des Burkinabè. Entre janvier et février 2022, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,3%, selon l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD). Par rapport à l’année passée, l’indice a augmenté de plus de 10%.
Parmi les secteurs de l’économie qui ont été les plus touchés, on retrouve l’alimentation, mais aussi les secteurs de services « eau, logement, gaz, électricité », « meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer ».
Les factures de combustibles sont les trois postes budgétaires qui ont connu l’une des plus fortes croissances. L’INSD, dans son rapport, explique que les prix de ces produits ont augmenté à un rythme plus rapide en février 2022 (3,4%) qu’en février 2021(0,3%). Il s’agit de la plus importante hausse annuelle enregistrée pour cette fonction.
Parmi les produits qui ont été les plus touchés par cette croissance, on retrouve les combustibles solides (bois de chauffe et charbon de bois) et des produits d’entretien de maison (ciment).
Les hausses observées en février 2022 ont été supérieures à celles enregistrées en décembre. L’INSD explique que la hausse du niveau général des prix en février 2022 est aussi due à la montée des prix dans les fonctions « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » et « boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants ». Comme il fallait s’y attendre, les prix des produits liés à l’alimentation continuent leurs hausses. Presque toutes les céréales sont concernées par cette hausse. A cela, il faut ajouter les pâtes alimentaires, les viandes, le lait, la volaille, les agrumes, les fruits secs et noix.
Les boissons aussi ont vu leurs prix augmentés. Il s’agit du café, du thé, la bière traditionnelle (dolo), ainsi que les tabacs et stupéfiants.
La fonction « meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer » connaît une augmentation des prix par l’entremise du renchérissement des services domestiques et des outillages pour la maison et le jardin. Dernier secteur qui a connu aussi une hausse des prix, les produits pour soin corporel, des articles de bijouterie et d’autres effets personnels…
Cette hausse marquée du coût de la vie inquiète
Selon la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS), dans certains marchés, la hausse des prix des céréales constatée est de près de 40%. Le bulletin hebdomadaire produit par la SONAGESS renseigne LeFaso.net que les prix moyens au détail du mil local et du sorgho blanc sont en hausse de 32% et ceux du maïs de 36%. Le bulletin informe que sur certains marchés de collecte, les prix au producteur sont aussi élevés avec des variations annuelles de 42% pour les prix du maïs et sorgho blanc, et de 24% pour celui du mil local. Les prix les plus élevés sont observés sur les marchés de Manga pour le maïs blanc (253 FCFA/kg), Bogandé pour le mil local (323 FCFA/kg) et Zabré pour le sorgho blanc (278 FCFA/kg), entre le 14 et le 20 février 2022. Le ministère du Commerce est en alerte. Et pour endiguer cette flambée des prix, il a interdit l’exportation de farine de mil, de maïs et de sorgho. Une interdiction qui intervient après celle des céréales non transformées. L’institution a aussi décidé de suspendre la délivrance des autorisations spéciales d’exportation de céréales.
Ces mesures suffiront-elles à protéger le pouvoir d’achat des populations ?
Près de chez nous, chez nos voisins Ivoiriens, le gouvernement a pris des mesures supplémentaires pour contrer l’inflation.
Il s’agit de 55 millions de dollars de subvention des prix des produits pétroliers tels que le gasoil ; le plafonnement des prix de l’huile de palme raffinée, du sucre, du lait, du riz, de la tomate concentrée, de la viande de bœuf et des pâtes alimentaires, durant la période de janvier à mars ; un élargissement de la liste des produits de grande consommation et services avec une règlementation des prix ; l’instauration du principe de l’information préalable et de concertation, avant toute augmentation des prix des denrées de grande consommation pour une période de six mois ; et la soumission à autorisation des exportations de produits vivriers de grande consommation, notamment, la banane plantain, le manioc et dérivés (attiéké, placali), l’igname et le riz local…
Notons que la zone UEMOA est concernée par cette hausse des prix. Selon l’INSD, la moyenne des indices des 12 derniers mois de la zone, comparée à celle de l’année 2021, est de 4,9%, contre 2,31% en février 2021.
L’inflation est due à plusieurs facteurs tels que la hausse des coûts du transport maritime et des cours du pétrole à l’international et la situation sécuritaire dans le Sahel, principal pourvoyeur de protéines animales au pays.
Mais aussi, la faible pluviométrie et le retard des pluies ont provoqué une baisse de la production vivrière.o
NK