Au Burkina Faso, depuis 2018, le diagnostic de la pauvreté est mesuré sur la base du seuil de pauvreté monétaire revu, qui est de 194.629 F CFA par personne et par an. Qu’entend-on par seuil de pauvreté ? Il s’agit du revenu minimal en dessous duquel une personne est considérée comme pauvre. Ainsi, au Burkina Faso, est considéré comme pauvre, tout individu qui vit avec moins de 16.000 FCFA/mois, soit avec 523 FCFA/ jour.
Ce nouveau seuil de pauvreté élaboré par les travaux de l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM), conduite par l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD) et publiée en janvier 2022.
1 ménage sur 3 vit dans une situation de pauvreté
Sur la base de ce nouveau seuil de pauvreté, l’incidence de la pauvreté se situe à 41,4% au niveau national. Ce qui correspond à une population de 8,4 millions de pauvres sur une population totale projetée de 20,25 millions de personnes. Si l’on rapporte ces données au niveau des ménages, il ressort qu’environ un ménage sur 3 vit dans une situation de pauvreté, sur la base du seuil de pauvreté fixé par l’enquête. Cela représente environ 31,5% des ménages vivant au Burkina Faso.
Deux dimensions du capital humain sont utilisées dans l’analyse de la pauvreté. Il s’agit de l’éducation et de la santé. L’éducation des membres adultes du ménage est l’un des facteurs les plus discriminants entre pauvres et non-pauvres.
Le statut d’alphabétisation, le niveau d’instruction et le diplôme le plus élevé obtenus par le chef de ménage ont un impact sur les conditions de vie des ménages pauvres. Ces trois variables sont d’ailleurs fortement corrélées entre elles.
Selon l’enquête publiée par l’INSD, les personnes vivant dans des ménages dirigés par des personnes analphabètes ont deux fois plus de risque d’être dans une situation de pauvreté par rapport aux personnes des ménages dont les chefs sont alphabétisés. En effet, l’incidence de la pauvreté dans les ménages dirigés par des alphabètes est de 24%, contre 50% pour les ménages dont les chefs sont analphabètes. Quatre personnes pauvres sur cinq vivent dans des ménages dont les chefs sont des analphabètes. Dans cette population, la pauvreté y est deux fois plus profonde et plus sévère, comparée à celle des ménages dont les chefs sont alphabétisés. En tenant en compte les indicateurs de pauvreté selon le diplôme le plus élevé du chef de ménage, il ressort que le fait d’avoir au moins le CEP comme diplôme le plus élevé obtenu par le chef de ménage divise par au moins trois le risque de pauvreté des membres du ménage. De plus, la quasi-totalité des pauvres (99,7%) vivent dans des ménages dont les chefs n’ont aucun diplôme (97,1%) ou ont le CEP comme diplôme le plus élevé (2,6%).
Sur la scolarisation des enfants, les données de l’Institut national montrent que plus le niveau de vie du ménage est élevé, plus les enfants fréquentent l’école. En considérant tous les niveaux scolaires (du primaire au supérieur), on note qu’un enfant scolarisé sur deux (50,6%) de 6 à 24 ans fréquente effectivement l’école. Ce taux varie d’un tiers (34%) pour les 10% des ménages les plus pauvres à 82% pour les 10% des ménages les plus riches.
Santé : 300.000 FCFA par an par personne
Pour la dimension santé, les données fournissent une information de base pour l’analyse de problématiques liées à la demande de santé, notamment, le recours aux services de santé.
Toujours selon l’INSD, les Burkinabè dépensent près de 300.000 FCFA par an pour leur santé.
Même si l’automédication reste le premier recours en cas de maladie quel que soit le niveau de vie. Paradoxalement, cette automédication est plus répandue chez les populations moins pauvres que chez les pauvres.
Le taux de l’automédication pour les individus les plus riches est de 73%, contre 59% pour les individus. Environ une personne sur cinq trouve que la consultation n’est pas nécessaire. Le manque d’argent est aussi une raison de non-consultation des services de santé et est plus évoqué par les pauvres (15% pour les 10% les plus pauvres).
En termes de distance parcourue pour faire la première consultation, les ménages les moins pauvres sont plus avantagés que les ménages pauvres. En effet, les ménages les moins pauvres sont plus proches des services de santé que les pauvres. Environ 87% des personnes des ménages les plus riches ont parcouru moins de 5 km pour leur première consultation, contre 65% pour les personnes des ménages les plus pauvres. Globalement, trois quarts de la population (74,4%) parcourent moins de 5 km pour atteindre un centre de santé où a lieu leur première consultation.
NK
Encadré
Inégalités dans l’accès à l’eau, l’électricité et l’assainissement
Au Burkina Faso, l’accès à l’électricité par les ménages est fortement inégal selon leur niveau de vie. Au niveau national, la proportion de ménages qui utilisent principalement l’électricité pour l’éclairage est estimée à 53,4% (24,4% pour l’électricité réseau et 29% pour l’énergie solaire ou groupe électrogène). Les ménages les plus riches ont plus accès à l’électricité, notamment, via le réseau électrique, comparés aux ménages les plus pauvres. L’accès à l’assainissement est une dimension importante des conditions de vie d’un ménage. Quatre aspects de l’assainissement sont analysés sous l’angle du niveau de vie des ménages. Il s’agit de l’évacuation des déchets ménagers, de l’utilisation des toilettes saines, de l’évacuation des excréments et de l’évacuation des eaux usées du ménage. Pour l’ensemble des ménages, seulement un ménage sur quatre évacue aisément ses déchets ménagers et 6 ménages sur 10 utilisent des toilettes saines. Ces niveaux de confort varient selon le niveau de vie du ménage. Trois ménages sur quatre ont accès à l’eau potable. Comme pour l’utilisation de l’électricité, la consommation d’eau potable est fonction du niveau de vie du ménage. Les ménages les plus pauvres ont moins accès à l’eau potable, comparés aux moins pauvres.