La Société de transport en commun (SOTRACO) vit une période difficile. Depuis la démission de Pascal Tenkodogo, dont la gestion a suscité des critiques, la société pourrait ne pas honorer certains de ses engagements parce que bientôt à court de ressources. Le contrat plan qui lie la SOTRACO à L’Etat n’a pas encore été signé. Ce contrat lui permettait de bénéficier de la subvention de l’Etat pour son fonctionnement. La nouvelle mouture de ce contrat a été rejetée par le ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (MINIFID) en novembre 2021.
Le ministère la conditionnait à la recapitalisation de la société, une des solutions proposées dans le cadre de la restructuration de la SOTRACO. Pas question donc pour le ministère en charge des finances de proroger l’échéance avant cette recapitalisation qui est le modèle retenu et qui serait une étape importante dans le déroulement du Projet de mobilité urbaine du Grand Ouaga (PMUGO) . Dans sa réponse aux responsables de la société de transport, le ministère attendait le mois de mars 2022 pour réexaminer le dossier SOTRACO.
Selon nos informations, la restructuration attendue n’est pas encore effective. Elle devrait consister à réviser le capital dans lequel la part de l’Etat sera prépondérante, ainsi qu’un certain nombre de mesures.
Le contrat-plan est échu en juin 2021 et dans une correspondance en date du 14 octobre 2021, la SOTRACO avait sollicité auprès du ministère en charge des finances, « la prorogation de l’échéance de l’avenant au contrat-plan entre l’Etat et la SOTRACO ». Le délai de prorogation proposé devait courir jusqu’au 31 décembre 2021. Les avantages liés au contrat-plan sont, notamment, les 650 millions annuels versés par tranches par le Minefid ainsi que 1, 3 milliard versé pour le compte du ministère en charge de l’enseignement supérieur pour le transport des étudiants.
C’est une manne non négligeable pour le fonctionnement de la Société de transport en commun. Elle sert concrètement à payer les salaires, le carburant et à prendre en charge l’exploitation. Les informations à notre disposition font état de négociations en coulisses avec la banque pour assurer les salaires en cours. Le risque est donc réel de voir la SOTRACO tourner au ralenti.
Et la survenance du coup d’Etat pourrait aggraver la situation financière de la société, à moins que les responsables de la société et les nouvelles autorités ne trouvent rapidement une solution d’urgence. Le Projet de mobilité du grand Ouaga, qui est en instance de mise en œuvre et dont la SOTRACO est la colonne vertébrale, pourrait également en être impacté. Le 9 septembre 2021, a eu lieu la signature officielle de la convention de financement entre les parties, et les ordres de service qui matérialisent les débuts des travaux sont également signés, apprend-on de sources proches de la société.
La Société de transport en commun (SOTRACO) existe depuis juillet 2003. Elle a démarré ses activités en novembre 2003 à Ouagadougou, en juin 2018 à Bobo-Dioulasso, en septembre 2018 à Koudougou et en février 2021 à Ouahigouya. Son actionnariat est composé de l’Etat, de la Commune de Ouagadougou et de privés burkinabè. Elle compte 534 travailleurs.
Le PMUGO qui va dynamiser l’activité du transport en commun fournira des autobus et des infrastructures et l’assistance à l’exploitation. Pour ce faire, des contrats commerciaux ont été signés par les parties prenantes avec SCANIA et RATP, respectivement les 12 et 13 mars 2021.
FW
Encadré
PMUGO: première phase
Le PMUGO a un coût global de soixante-quatre milliards, cent quarante-trois millions, cent six mille huit cent trente-huit (64.143.106.838) francs CFA. Il comprend deux phases. Focus sur la première.
La phase I du projet comprend les composantes 1, 2 et 5 et consiste en la restructuration de la SOTRACO et la rénovation du système de transport public par autobus à Ouagadougou, incluant :
– la livraison d’une flotte d’environ 300 autobus, minibus et autocars,
– la livraison et l’installation d’un système complet de transports intelligents (information voyageur, gestion de flotte, cellules de comptage, système d’aide à l’exploitation et billettique),
– la fourniture de pièces de rechange, de services de maintenance et de services de formation,
– la fourniture de services d’études, d’assistance technique et de pilotage projet,
– la construction et l’équipement d’un dépôt de bus.
Le coût de cette première phase est de quatre-vingt millions cent cinquante-cinq mille trente-six (80.155.036) euros, soient cinquante-deux milliards, cinq cent soixante-dix-huit millions deux cent cinquante-six mille neuf cent cinquante (52.578.256.950) francs CFA.
(Source : document de présentation du Projet PMUGO)