C’est un véritable ouf de soulagement pour les populations. La réouverture des frontières terrestres et ferroviaires, après un an et 10 mois de réclusion, marque sans doute la reprise économique et pourquoi pas la baisse des prix de certains produits, mais pas que. Les familles séparées par la Covid-19 et surtout ceux qui n’ont pas pris de risque de franchir illicitement les frontières pourront désormais se rapprocher. Fini donc les faux frais et les détours risqués pour passer la barrière.
Si la mesure de restriction est levée, il ne s’agit pas hélas d’un retour à la normale. Pour passer les frontières, il faudra montrer patte blanche, pour ne pas dire, un test attestant que l’on n’est pas porteur de la Covid-19. Les conditions préliminaires sont annoncées par le gouvernement dans son décret publié en date du 30 novembre 2021. Le premier responsable du secteur de la Santé était, quant à lui, face à la presse le 2 décembre dernier, pour apporter des précisions sur les conditions de voyage (NLRD : lire encadré).
Ouverture progressive
La réouverture des frontières signifie que les populations pourront passer d’un pays à un autre. Pour le moment, dans l’espace UEMOA, seuls 2 pays ont effectivement réouvert leurs portes communes avec le Burkina Faso. Il s’agit du Mali et du Niger.
Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, il faudra patienter. « Nous sommes dans une dynamique qui participe dans la négociation », a expliqué Charlemagne Ouédraogo, ministre de la Santé. Selon lui, à l’issue du sommet sur le Traité d’amitié et de coopération (TAC), les ministres en charge de la santé et de la sécurité des deux pays devraient se réunir pour proposer une feuille de route afin de planifier la réouverture des frontières. Ce dernier voit en cet acte une main tendue vers les autorités ivoiriennes.
Quant aux voisins du Togo, du Bénin et du Ghana, il faut encore patienter. La réouverture des frontières encouragée par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement se veut progressive.
La dernière réunion sur la question a eu lieu le 28 septembre 2021. Elle a réuni les ministres en charge de la santé, des transports terrestres et de la sécurité. Cette rencontre fait suite à une instruction de Roch Kaboré, président du Faso, président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA, qui a demandé au président de la Commission de l’UEMOA de lui faire des propositions, en relation avec les Etats membres, en vue de la réouverture des frontières terrestres de l’Union.
« Nos frontières restent ouvertes et nous allons renforcer la surveillance épidémiologique. Les tests rapides sont gratuits, parce que ce sont des dons que le Burkina Faso a reçus. Lorsque ces doses vont finir et que nous serons obligés d’en acheter, ces tests seront facturés selon les directives communautaires. », a déclaré le ministre, lors de la conférence de presse.
NK
Encadré
Les conditions et mesures à prendre pour les voyages
Pour toute personne d’au moins 11 ans, il faut respecter l’une des conditions suivantes :
La présentation d’une carte de vaccination (Pass-vaccinal) contre la Covid-19 datant d’au moins 14 jours et attestant de l’achèvement du schéma vaccinal complet d’un vaccin ; la présentation d’in document attestant un test PCR ou d’un test TRD négatif datant d’au plus 5 jours, à compter de la date du prélèvement.
Dans les gares routières et ferroviaires au départ et lors des escales, tout embarquement de passagers est conditionné par la présentation d’un résultat négatif d’un test TDR antigénique ou PCR valide ou d’une carte de vaccination valide.
Afin de rendre accessibles les tests et la vaccination au profit des populations et particulièrement des voyageurs, des sites de réalisation des différents tests ont été identifiés dans toutes les régions ou localités abritant des points d’entrée. La liste des formations sanitaires sera diffusée et disponible auprès de nos structures de santé ou en appelant au 3535.
La réalisation du test PCR COVID-19 pour les voyageurs se poursuit dans les sites habituellement désignés.
Dans le cadre de la réouverture des frontières terrestres et ferroviaires, des actions ont été réalisées :
l’opérationnalisation des points d’entrée terrestres dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, avec le renforcement en infrastructures, équipements, intrants et de capacités des ressources humaines (en quantité et bien formées) ;
le renforcement en logistique roulante pour la mise en œuvre des activités en lien avec le contrôle sanitaire ;
la tenue des cadres de concertation avec les autres acteurs que sont les ministères en charge des transports, de la sécurité et de l’administration territoriale, l’association des municipalités du Burkina Faso et les partenaires techniques.
Encadré 2
Covid-19 : les variants Alpha, Eta et Delta présents au Burkina
Lors de la conférence de presse sur la situation de la COVID-19, l’état des lieux et le dispositif sanitaire mis en place pour la réouverture des frontières terrestres et ferroviaires, le ministre de la Santé, Charlemagne Ouédraogo, a évoqué plusieurs sujets.
Concernant les variants :
« sur 424 échantillons collectés, des séquençages ont été réalisés avec l’appui des centres collaborateurs de l’OMS et des laboratoires nationaux de références (LNR-FHV et LNR-RAM) et des variants en circulation dans notre pays ont été retrouvés. Ces variants identifiés sont : 06 Alpha, 26 Eta et 21 Delta. »
« Nous assistons depuis quelques jours, à l’émergence d’un nouveau variant issu du variant Béta identifié en fin d’année 2020. Ce nouveau variant dénommé B.1.1.529 a été baptisé « Omicron » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays, travaille déjà à empêcher, voire limiter l’introduction de ce nouveau variant sur notre territoire. »
Un mécanisme de surveillance des variants est mis en place. Ce mécanisme sera renforcé par un protocole qui permettra de prendre en compte les cas graves hospitalisés dans les hôpitaux, afin de déterminer le lien avec les variants en circulation. Trois séquenceurs (portatifs) sont disponibles, dont 2 au Centre Muraz (LNR-FHV) et 1 au CHU-Sanou Sourou (LNR-RAM). »
Couverture vaccinale
En vue d’augmenter la couverture vaccinale et de contribuer à réduire le nombre de formes graves et de décès, une campagne de vaccination est prévue du 15 au 23 décembre 2021 et concernera essentiellement 4 régions (Centre, Centre-Ouest, Hauts-Bassins, Sud-Ouest). Cette campagne cible la population de 18 ans et plus dans les marchés, les établissements scolaires et du supérieur, les institutions publiques, les garnisons,…»
« Au titre de la vaccination, le Burkina Faso a reçu, dans le cadre de l’initiative COVAX dès le 31 mai, 222.800 doses d’Astra Zeneca et la vaccination a effectivement débuté le 2 juin 2021. En plus de l’Astra Zeneca, nous avons reçu 621.860 doses de Johnson and Johnson, 1.074.400 doses de Sinopharm et 1.107.980 doses de Pfizer en attente de démarrage. »
Concernant les cas de Covid-19
« A la date du 28 novembre 2021 (semaine 47), le pays a enregistré 16.000 cas cumulés et confirmés de Covid-19, dont 5.918 femmes et 10.082 hommes, avec 286 décès. Le nombre de guéris à la même période est de 15.345. Au cours de ces dernières semaines, on enregistre un nombre moyen de 41 nouveaux cas par jour.
« Cela montre une recrudescence des cas dans notre pays et j’en appelle au renforcement du respect des mesures barrières à tous les niveaux, mais surtout l’engagement de tous pour la vaccination », a-t-il conclu. o