Invité par le Centre Valère Somé pour l’innovation politique, le philosophe et formateur d’origine egyptienne, Bilal Ramadan, a animé une conférence publique sur le thème « Islam, islamophobie et terrorisme », le mardi 21 septembre à Ouagadougou.
Dans l’interrogation sur les causes du terrorisme et ses soutiens, l’on assiste à une floraison de thèses qui vont des plus raisonnables aux plus farfelues. Comment passer par l’activité réflexive pour penser et panser un mal qui constitue une menace pour tout le monde ? C’est le défi qu’entend relever le Centre Valère Somé pour l’innovation politique, à travers des conférences publiques. « Islam, islamophobie et terrorisme » est le thème autour duquel le public ouagalais a été invité à débattre avec le philosophe et formateur, Bilal Ramadan, le mardi 21 septembre 2021. Le conférencier a planté le décor en affirmant qu’il faut éviter de tomber dans le piège de l’amalgame. « L’islam est une religion d’un peu plus de deux milliards d’habitants à travers la planète. Peut-on condamner des milliards de pratiquants sur le fait de quelques personnes peu instruites qui agissent mal ? Absolument pas ! », a-t-il souligné. Pour le penseur qui vit en Suisse, l’islam se définit comme une religion de paix, d’amour et de liberté. De ce fait, le terrorisme est aux antipodes des principes de cette religion. L’islam, a-t-il dit, proscrit toute forme de radicalisme et lutte contre toutes les formes d’injustice. Dans un monde où certains médias entretiennent délibérément la confusion, a suggéré le conférencier, il faut travailler à faire la part des choses entre ceux qui n’ont rien compris à l’islam et ceux qui prônent la fraternité entre les hommes. « Si l’islam est ma vérité, c’est mon chemin à moi et non celui de l’autre. La grande qualité reconnue par tous au prophète Mahomet, c’est d’avoir mis toutes les religions sur la même estrade. Le vrai islam revendique la liberté de chacun », a indiqué Bilal Ramadan. En clair, pour lui, l’islam vise à libérer l’homme, à l’aider dans sa quête de sens. C’est pourquoi, il a argué qu’il fallait rejeter toute religion qui voudrait dominer l’homme.
Comment résister à la tentation de céder aux sirènes de la confusion ? Bilal Ramadan a recommandé un travail sur soi. Les musulmans ont, selon lui, la responsabilité de mener une vie qui participe à instaurer la justice pour tous. Le sens du grand Jihad, a-t-il souligné, c’est l’humilité, le dépassement de soi, la pondération et l’exercice de sa foi dans le respect de l’autre. D’où son appel à lutter contre toutes les formes d’injustice courantes dans les pays musulmans. « La condition des femmes dans beaucoup de pays musulmans est intenable. Il faut travailler à combattre ces torts que certains exploitent pour charrier leur haine contre l’islam », a exhorté M. Ramadan. L’ouverture d’esprit, la quête du savoir et la tolérance devront, selon le conférencier, être des boussoles qui doivent permettre aux musulmans de mieux connaitre leur religion. L’islamophobie, a-t-il expliqué, même si elle a pris une autre dimension en France de nos jours, a longtemps existé en Occident. Elle puiserait ses racines dans l’occultation de l’apport de 800 ans de civilisation islamique dans l’avènement du siècle des Lumières en Occident. Aux dires de Bilal Ramadan, cette haine contre les musulmans et l’islam est inconcevable et doit être combattue. Il s’est étonné qu’en France, le débat ait pris une tournure qui surprend même les pays anglo-saxons. « La naissance d’une intelligentsia islamique revendiquant sa double identité a exacerbé l’islamophobie en France. Au nom de l’islamophobie, la laïcité a été prise en otage dans ce pays. Tous les musulmans qui vont lutter pour faire valoir leur droit à la double identité française et musulmane sont stigmatisés. Admettre que l’on peut être tout à fait musulman, laïc et démocrate est mal vu en France aujourd’hui », a-t-il regretté. Au nom de cette islamophobie, le Conseil contre l’islamophobie en France (CCIF) a été fermé. Une maison d’édition a également été contrainte de fermer à cause de cette haine anti-islam, parce qu’elle a édité des auteurs musulmans qui ont dénoncé l’homosexualité. « Il faut admettre le jeu de l’expression de la liberté pour tous. Nous devons lutter contre l’islamophobie », a martelé le conférencier.Face au terrorisme qui étreint le monde, le philosophe a conseillé d’opposer la raison au règne de l’arbitraire. A l’entendre, la cohésion sociale doit être le rempart contre ce cancer dont les causes sont à rechercher dans les responsabilités de certains modèles musulmans, des Etats et de tous ceux à qui il profite. « Les dirigeants n’ont pas été à la hauteur des défis du développement. Et le désespoir peut mener à tout. Nous devons nous mobiliser contre le terrorisme qui fait plus de mal aux musulmans qu’on ne le croit », a clarifié Bilal Ramadan. Islam et terrorisme font-ils bon ménage ? Non ! A rétorqué le communicateur. « Je peux comprendre que des gens sans culture, sans morale peuvent arriver à faire réussir un projet en semant la terreur. Mais cela n’a rien à voir avec l’islam. Je ne dis pas qu’ils ne sont pas musulmans. Le fait que des gens disent que le terrorisme est le fait des musulmans, je dis oui, mais ce n’est pas cet islam que nous partageons, c’est l’islam que nous condamnons », a-t-il étayé. M. Ramadan a déclaré que les imams et intellectuels musulmans devaient dénoncer le terrorisme qui est foncièrement anti-islam.
Jérôme HAYIMI
Commentaires
L’islam se définit comme une religion de paix, d’amour et de liberté. Pourtant, le manque de liberté, d’égalité homme-femmes et de respect pour les minorités est la norme dans les pays musulmans.
L’injustice est ancré dans l’Islam car esclavage n’a jamais été mis en question jusqu’à l’arrivé de l’illustration européenne. En plus, aujourd’hui sont principalement les pays musulmans ceux qui sont en guerre : la Syrie, l’Afghanistan, la Libye.
On peu oublier que dans l’Islam les arabes se considèrent souvent comme étant supérieurs aux autres, y compris bien évidemment les africains ?
L’ancien Égypte, une grande civilisation de l’antiquité, de surcroît africaine, avait-elle besoin de l’islam pour se développer ? Pas de tout. C’est l’occident qui a tiré profit des grands penseurs du monde musulman, et le monde musulman qui a tiré profit de la philosophie et de la science des égyptiens, des grecs, des indiens et des perses.
La plupart de ces formateurs islamiques sont incapables de faire de l’autocritique, et d’avouer que l’Islam a moins de choses positives que d’aspects négatifs, y compris le type d’éducation. Les seuls pays musulmans avec un niveau d’éducation acceptable sont ceux qui ont copié partiellement les méthodes pédagogiques d’Occident ou de l’extrême Orient.
Combien de pris Nobel de sciences d’origine musulman? Un ? Deux ? Rien par rapport aux chinois, japonais, juifs ou indiens non-musulmans.
Si l’Afrique veut se développer, il faut qu’elle apprenne de chaque pays du monde et de sa propre tradition, suivant l’exemple de la Chine, du Japon et de la Corée.
Il faut adopter une forme de l’Islam plus moderne et capable d’apprendre et de critiquer le passé, comme celui de l’africain Mahmoud Taha, ou bien adopter une autre religion, ou même le polythéisme qui est plus démocratique. S’il y a plusieurs divinités, on peux accepter plusieurs pouvoirs qui dialoguent entre eux et non plus une dictature inquestionnable avec un seul prophète/dictateur.