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Fraude du carburant: arrestation de 72 personnes

Le trafic s’organise depuis les localités frontalières du Burkina Faso avec le Niger, le Bénin, le Ghana.

Le Parquet du Tribunal de Grande instance Ouaga-I, en synergie d’action avec le ministère de la Sécurité et l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption, a lancé du 17 septembre 2021 au 20 septembre 2021, une vaste opération à l’effet d’interpeller les personnes impliquées dans les faits infractionnels en cause, de procéder aux saisies des moyens servant à la commission des faits et à la mise sous scellés des différents dépôts d’hydrocarbures de contrebande. C’est ce qui ressort d’un communiqué signé Harouna Yoda, Procureur du Faso près le Tribunal de Grande instance Ouaga-I.
Le bilan de l’opération est l’interpellation de 72 personnes actuellement en garde à vue pour les besoins de l’enquête, la saisie des pièces documentaires et des numéraires en lien avec les activités illicites des mis en cause et une importante quantité de produits de contrebande, des moyens roulants et autres biens servant à la commission des faits et les scellés des stations-service et dépôts.
Une enquête a été ouverte des chefs de contrebande, blanchiment de capitaux, de corruption. Les informations du Procureur corroborent les faits de trafic illicite de carburant qui ont été décrits dans 02 parutions du Journal L’Economiste du Faso dans ses numéros 404 et 406.
En effet, le Procureur décrit 02 circuits que le Journal a aussi identifiés. Il s’agit de l’axe Ouagadougou- Nagréongo (Minassem ou Koulbila)-Mogtedo- Zorgho-Koupéla-Fada N’Gourma- Pama-Nadiagou- Koualou (frontière du Bénin), de l’axe Ouagadougou – Koupéla-Fada N’gourma- Kantchari (frontière du Niger) et de l’axe Ouagadougou-Kombissiri- Toécé- Nobéré-Po- Dakola (frontière du Ghana). Les techniques utilisées ont celles décrites par les publications de L’Economiste du Faso. « Les contrebandiers utilisent des véhicules berlines pour la commission de leur forfait. En effet, lesdits véhicules sont démunis de leur siège arrière afin d’agrandir leur capacité à contenir les bidons de carburant de contrebande », selon le Procureur.
Les contrebandiers transportent le carburant à l’aide de camions spécialement aménagés à l’intérieur desquels ils rangent 180 à 200 fûts industriels en caoutchouc ou en fer de 200 litres chacun rempli de carburant. Enfin, ils utilisent des citernes qui n’ont aucun document délivré par la SONABHY pour le chargement du carburant.

Selon nos informations, les arrestations ont eu lieu sur toute l’étendue du territoire, Fada N’Gourma, Koupéla, Mogtédo, Ouagadougou, Kombissiri, Kaya, Dédougou, Diébougou, Bobo-Dioulasso, etc. Des stations d’essence ont été fermées et des bureaux perquisitionnés. Un témoin a assisté à une des interventions spectaculaires dans une station d’essence à la périphérie de Ouagadougou. Il témoigne. Des personnes en tenue civile sont arrivées dans une station et ont procédé au retrait des téléphones de tous les travailleurs avant d’interpeler le gérant et fermer la station. Croyant assister à un braquage, la police a été appelée. Arrivée sur les lieux, elle a été informée qu’il s’agit de gendarmes qui agissent sur ordre du Procureur. La police a rebroussé chemin.
Parmi les personnes arrêtées se trouvent des fraudeurs et contrebandiers notoires qui sont très bien connus par les services des Douanes et toutes les structures de lutte contre la fraude et les produits de la contrebande. Informés du déroulement de la procédure, certains sont portés disparus tout comme certains revendeurs.
La fraude de carburant est une vieille pratique qui a pris de l’ampleur depuis ces 3 dernières années. Des enquêtes ont été déjà menées sur le sujet et des arrestations opérées, mais la fraude a toujours repris. Ce qui a encouragé la pratique par d’autres personnes.
Les contrebandiers profitent du couvre-feu en vigueur dans la région de l’Est pour circuler librement.
Face à la fréquence de l’utilisation abusive de faux documents, la Douane ghanéenne a écrit à la Douane burkinabè le 4 novembre 2020, pour exiger plus de vigilance. L’Economiste du Faso a eu copie de cette lettre. Le Ghana, pays producteur de carburant et abritant un port, est un pays de destination du carburant provenant du Niger et du Bénin. De quoi susciter l’attention des Douanes du Ghana.
Le Burkina Faso est devenu un pays de transit de ce carburant qui est déversé dans les villes frontalières du Ghana, avant de revenir au Burkina Faso dans de petites citernes et dans des barriques.
La dernière pratique consiste à charger légalement le carburant au port pour un pays voisin comme le Mali. Ce carburant sera déversé à Ouagadougou et toute la zone ouest du Burkina Faso.
Comment ce trafic peut-il prospérer sans des complicités de ceux qui autorisent les importations au niveau de l’administration publique ? S’inquiète-t-on dans certains milieux. En rappel, l’autorisation d’utiliser le Burkina Faso comme un pays transit d’une marchandise est soumise à une convention de transit entre le pays de départ et le pays de destination.
J B

 

Encadré

Les honnêtes pétroliers se frottent les mains

Depuis le début des arrestations et des fermetures de stations d’essence, les propriétaires des stations qui exercent honnêtement le métier se frottent les mains. Selon les témoignages, le fléau est bien connu. Au plus fort du trafic, les citernes envoyées à la SONABHY reviennent vite. Mais dès qu’une action est menée dans le milieu, des longs fils se forment à la SONABHY pour avoir le carburant. Tous se réjouissent de cette présente opération qui va contribuer à augmenter leurs ventes. Les stations concernées par cette fraude risquent un retrait de leur agrément par la SONABHY. o

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