L’Economiste du Faso : Quelle est la situation d’approvisionnement des boutiques témoins du pays et, en particulier, du Centre ?
Hamadé Belem, Directeur général de la SONAGESS : Il faut dire que nous sommes actuellement autour de 19.500 tonnes de céréales approvisionnées dans l’ensemble des points de vente. Nous avons au total 208 points de vente, dont 33 points de vente dans la seule région du Centre.
Que trouve-t-on dans les boutiques ?
Dans les points de vente à prix subventionné, nous pouvons retrouver des céréales locales telles que le maïs, le mil et le sorgho en conditionnement de 50 kg, 90 kg et 100 kg. Nous approvisionnons les localités en céréales en fonction de leur consommation.
Quelle est la quantité de céréales approvisionnée dans les boutiques témoins du Centre?
A ce jour, les points de vente de la région du Centre ont déjà reçu 3.030 tonnes de céréales.
Quelles sont les conditions qu’il faut remplir pour avoir accès aux céréales ?
Il y a des conditions. Nous travaillons avec des équipes municipales, c’est-à-dire les Maires, les conseillers, et les Conseils villageois de développement (CVD) pour les villages. Nous travaillons également avec le ministère de l’Action humanitaire. Il y a tout un ensemble d’acteurs qui intervient dans cette activité. Après l’approvisionnement d’un point de vente, le Maire convoque son équipe pour un travail préalable d’identification de la population vulnérable. La Mairie répartit la quantité de céréales en fonction des besoins de sa zone. Pour bénéficier de ces céréales à prix subventionné, il faut avoir un document attestant que vous êtes Burkinabè, notamment, la carte d’identité burkinabè, le passeport ou tout autre document. Il faut avoir les 6.000 FCFA et vous avez droit à un sac de 50 kg par mois. Ce sont là les conditions établies.
Comment se fait le contrôle de la vente dans les boutiques ? Il peut y avoir des gens qui vont venir acheter deux fois dans le mois.
C’est un travail fait par un ensemble d’acteurs. Les CVD et l’équipe de la Mairie connaissent bien les populations dans leur zone. On ne peut pas acheter deux fois dans le mois, car nous avons mis en place un système informatisé qui permet de résoudre ce problème. Ce n’est pas partout mais ce système est fonctionnel à un certain endroit. En plus, cette équipe communale connaissant mieux la population, permet d’éviter les infiltrations, notamment, des commerçants qui viennent acheter les céréales pour les revendre à un prix cher. Donc on travaille avec ces acteurs sur place, qui connaissent bien la population pour éviter ces détournements.
Il semble que ces mesures de contrôle ne sont pas effectives dans toutes les boutiques. Pendant notre visite sur le terrain, il est ressorti que certains agents de boutiques témoins vendent sans l’assistance de ces acteurs.
Personne ne connait mieux la population vulnérable que l’équipe communale. Si ces acteurs ne soutiennent pas les agents, c’est qu’il y a un peu de laxisme. Après l’approvisionnement, nous informons l’équipe communale. Comme je vous l’avais dit, cette équipe est chargée de faire un travail préalable pour éviter ce désordre et permettre à la population vulnérable d’avoir accès à la subvention. C’est vrai, une opération de cette envergure ne peut pas se faire sans manquements. Mais nous allons veiller à les éviter à l’avenir.
Les populations sont-elles à l’avance informées des ventes de la SONAGESS?
Les populations sont bien informées des ventes. Comme je vous le disais, on approvisionne une fois chaque deux semaines. Dès que les points de vente sont approvisionnés, les Maires sont systématiquement informés. Ils doivent faire un communiqué pour annoncer les jours de vente à la population.
A combien de franc l’Etat subventionne le sac ?
Le prix du sac dans les points de vente subventionné est de 6.000 f le sac de 50 kg. Sur la place du marché, c’est autour de 13.000 f à 14.000 f le sac, soit plus de 50% de subvention. Le prix du sac varie entre les périodes. Nous allons vers la période de soudure. Le prix du sac se renchérit. L’Etat ajuste sa subvention en fonction de cela.
Comment la SONAGESS s’assure-t-elle de la qualité de ses produits ?
La SONAGESS dispose d’un laboratoire d’analyse dans lequel nous analysons les céréales. Nous envoyons également des échantillons au Laboratoire national de santé publique (LNSP) pour analyse. Tant qu’on n’a pas les résultats, nous ne mettons pas ces céréales dans les points de vente. En plus, nous avons des produits phytosanitaires pour l’entretien des céréales dans nos magasins. Avec les analyses que nous faisons et celles du LNSP, nous sommes sûrs que ce sont des céréales de bonne qualité que nous mettons à la disposition de la population.
La SONAGESS a-t-elle les reins solides pour soutenir la demande actuelle ?
Il faut dire que quelle qu’en soit la quantité de céréales que la SONAGESS dispose, elle demeurera insuffisante par rapport à la demande, surtout en cette période de soudure. Je puis vous assurer que la SONAGESS pourra tenir jusqu’aux prochaines récoltes. Je vous rappelle que la SONAGESS apporte des aides d’appoint.
N’a-t-elle pas de difficultés elle aussi pour s’approvisionner auprès des paysans ?
Il y a des difficultés d’approvisionnement auprès des paysans. Ces difficultés sont, entre autres, la rareté des céréales, les prix sont très élevés. Actuellement, la denrée est rare. Nous avons échangé avec des fournisseurs qui disent que les Ivoiriens viennent s’approvisionner en maïs au Burkina, alors que ça devait être le contraire. Voyez-vous la situation ?
Certains agents pensent qu’il serait mieux que les acheteurs viennent avec le livret de famille au lieu de la CNIB. Qu’en pensez-vous ?
Si vous prenez, par exemple, quelqu’un qui a 4 ou 5 femmes et 30 enfants. Si vous lui donnez un seul sac, il ne pourra pas s’en sortir. Cela veut dire un livret de famille un sac. Nous pensons que pour être juste, comme ce que j’ai dit, on associe toujours l’équipe communale et les CVD. J’invite les collaborateurs à s’impliquer davantage dans cette opération pour l’atteinte des objectifs. Nous rassurons la population que le président du Faso a fait de la nourriture pour tous son cheval de bataille.
Issouf TAPSOBA (Collaborateur)