L’Economiste du Faso : Quand le gouvernement parle de transformation structurelle de l’économie, faut-il comprendre directement industrialisation ?
Harouna Kaboré ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat : La notion de transformation structurelle de l’économie renvoie principalement au développement des bases productives de la compétitivité des secteurs de production et de transformation des produits nationaux, pour un développement industriel durable générateur d’emplois. C’est en cela que l’industrialisation se révèle être le premier levier du processus de transformation structurelle. C’est ce qui justifie que le gouvernement ait adopté une stratégie nationale d’industrialisation ambitieuse dont la vision est qu’« à l’horizon 2023, le Burkina Faso dispose d’un secteur industriel dynamique, compétitif et durable qui accroît sa contribution à la transformation structurelle de l’économie nationale ».
Quels sont aujourd’hui les atouts dont dispose le pays pour aller à l’industrialisation ? Quels sont les secteurs sur lesquels le gouvernement s’appuiera pour accélérer cette industrialisation ?
L’analyse de l’environnement du sous-secteur de l’industrie permet de retenir qu’il existe de nombreux atouts pouvant stimuler et soutenir le développement du tissu industriel au titre desquels on dénote :
– l’intégration régionale et la mondialisation ;
– l’existence de filières industrielles porteuses ;
– l’existence d’accords préférentiels et les offres de possibilités de financement de – l’activité industrielle par le biais du marché carbone ;
l’existence des projets et programmes d’intensification des productions agro-sylvo-pastorales ;
l’existence des programmes d’accroissement de l’offre énergétique ;
l’existence des programmes de renforcement des infrastructures routières.
Il faut aussi rappeler que l’objectif poursuivi à travers la Stratégie nationale d’industrialisation est de promouvoir la création, le développement et la consolidation d’une masse critique d’industries compétitives, durables, créatrices de valeur ajoutée et d’emplois décents principalement dans la transformation des matières premières locales.
Pour y arriver, le gouvernement prévoit d’axer son approche tout d’abord sur l’amélioration du cadre juridique, institutionnel et organisationnel d’appui à l’industrie, afin de le rendre plus apte à accompagner l’éclosion et le développement d’un plus grand nombre de projets industriels, ainsi que la consolidation du tissu industriel existant.
Le second axe repose sur l’appui à l’élaboration et au développement des projets industriels à l’effet de stimuler la création et d’accompagner le développement d’une masse critique d’unités industrielles de transformation des matières premières locales.
Le troisième volet de l’approche repose sur la consolidation du tissu industriel existant par la modernisation des installations et la promotion de l’industrie verte.
A cela s’ajoute un quatrième axe qui est l’amélioration de l’offre de financement du secteur industriel ainsi que le développement des infrastructures industrielles et la promotion de la durabilité des unités industrielles comme cinquième axe.
L’industrialisation requiert des investissements lourds, qu’est-ce qui a été fait jusque-là, les investisseurs répondent-ils favorablement à l’appel du gouvernement ?
Effectivement, vu sous un certain angle, l’industrialisation est hautement capitalistique, dans la mesure où la mise en place des infrastructures matérielles et immatérielles de soutien nécessite d’énormes investissements. C’est en cela que le gouvernement a fait l’option d’impliquer le secteur privé dans leur réalisation, à travers les partenariats publics privés. C’est une opération de charme vis-à-vis des investisseurs privés à qui nous tentons de vendre nos projets en mettant en avant toutes les incitations prévues pour les accompagner. C’est une forme de financement alternatif qui est en train d’être implémentée mais qui nécessite aussi une approche prudentielle pour ne pas compromettre la capacité d’endettement du pays au regard de ses engagements au niveau multilatéral.
Concernant l’engouement des investisseurs, avec tout ce que l’Etat a concédé comme mesures d’accompagnement, nous enregistrons désormais un intérêt manifeste, en témoignent les nombreux projets industriels qui ont été engagés, surtout depuis 2019.
Quand on dit investisseurs au Burkina Faso, à qui fait-on référence ?
A ce niveau, le Code des investissements à son premier article en donne la définition en précisant qu’un investisseur est toute personne morale, réalisant un investissement au Burkina Faso sans considération de sa nationalité. L’investissement s’entendant comme étant le capital employé pour l’acquisition de biens mobiliers, immobiliers, matériels et immatériels et pour assurer le financement des frais de premier établissement ainsi que le besoin en fonds de roulement rendus nécessaires à l’occasion de la création d’entreprises nouvelles, d’opération de modernisation, d’extension, de diversification d’activités déjà existantes ou lors du renouvellement des biens d’équipements de l’entreprise.
Quel est le profil des investisseurs nationaux et étrangers dans notre pays ?
En prenant en considération l’origine des Investissements directs étrangers (IDE) du Burkina Faso, nous notons que de 2016 à 2019, les principaux pays d’origine des IDE entrants sont le Canada, l’île de la Barbade, la France, les Bermudes, les Royaume-Unis, le Mali, la Russie et l’Australie.
Sur la base des principaux pays d’origine des IDE entrants au Burkina Faso, on note que parmi les principaux secteurs d’activités dans lesquels les investissements sont orientés, les services viennent en tête avec plus de 21% des autorisations d’exercer, suivis du commerce et des BTP avec respectivement 12,70% et 12,30% des autorisations, ensuite viennent les mines et carrières avec 11,48% des autorisations, ainsi que les technologies de l’information et de la communication avec 10,66% des autorisations et l’énergie avec 6,56% des autorisations.
La répartition des investissements par branche d’activité fait ressortir que ce sont les services qui ont enregistré le plus gros montants, suivi du textile et de l’industrie chimique avec respectivement 39,91%,25,05% et 18,67%.
La branche de l’agroalimentaire, bien qu’elle ait enregistré le plus grand nombre de projets sur la période 2019-2020, soit 39 projets, occupe la quatrième place en termes de volume des investissements, ce qui signifie que les projets dans ce domaine sont de moindre envergure par rapport aux autres branches d’activité.
Les projets d’assemblage de cycles ne représentent que 1,59% du montant des investissements, alors qu’en nombre, ils représentent 12,60%. Cela signifie que ces projets sont généralement de petits montants.
En un mot, le Code des investissements actuel a-t-il produit les résultats escomptés ?
Le nouveau Code des investissements adopté le 30 octobre 2018 visait à créer un cadre incitatif propice à l’accroissement du niveau des investissements productifs dans notre pays. Après deux années de mise en œuvre, nous avons toutes les raisons d’avoir des motifs de satisfaction, car, quand nous considérons le nombre des entreprises agréées au Code des investissements, de 61 agréments accordés en 2018, nous enregistrons 106 en 2019 et malgré le contexte de la COVID-19, nous en avons enregistré 72 en 2020.
En termes de volume d’investissements correspondants, de 435,33 milliards de francs CFA en 2019, nous en sommes à 651,28 milliards de francs CFA en 2020, malgré la conjoncture qui a prévalu. Ce faisant, nous affirmons avec conviction que le Code des investissements actuel a produit et continue de produire les effets attendus.
L’industrie, ce sont des zones dédiées. L’opération d’apurement du foncier des zones industrielles est-elle effective ? Où en est-on avec la loi portant règlementation générale des sites industriels, et qu’est-ce qu’elle va changer pour les industriels ?
Concernant l’opération d’apurement du foncier, nous avançons avec sérénité, car nous avons bouclé l’évaluation sur les zones industrielles à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso.
Nous sommes en train d’opérationnaliser le comité ad’hoc interministériel constitué à cet effet et aura pour mandat d’examiner les différents dossiers en vue de procéder au retrait des parcelles non valorisées.
Pour ce qui est de la loi portant règlementation générale des sites industriels, elle devra permettre de disposer dorénavant d’un seul interlocuteur pour l’accès aux zones industrielles, à travers l’Agence de gestion des zones industrielles qui va être créée.
Par ailleurs, les investisseurs n’auront plus à investir pour acquérir le foncier, car nous allons passer aux baux emphytéotiques. Enfin, cette loi nous permettra de disposer d’une plus grande disponibilité en zones aménagées pour les investisseurs.
En dehors du coton, votre département a été très actif sur les filières dites prioritaires en termes d’organisation et de structuration. Quels sont les impacts en termes de chiffres de toutes ces actions actuellement, et peut-on vraiment les inscrire dans la durée ?
Concernant l’organisation et la structuration des filières porteuses, à ce jour, sur les 10 filières porteuses, 5 sont déjà structurées en Interprofession, à savoir le karité, l’anacarde, le sésame, la mangue et le bétail viande.
Les 5 autres filières sont en cours de structuration, notamment, la tomate, l’oignon, le miel, le textile habillement et les cuirs et peaux. En termes d’impact, l’ensemble des 10 filières porteuses ont apporté 250,7 milliards en 2018, contre 193,5 milliards en 2015. Pour les trois principales filières que sont l’anacarde, le sésame et le karité, elles ont apporté 223,74 milliards en 2018, contre 178,6 milliards en 2015. Cette dynamique de structuration, nous comptons l’inscrire dans la durée et c’est en cela qu’un avant-projet de loi portant l’organisation de la transformation et de la commercialisation a été élaboré et en attente d’être examiné par le gouvernement avant sa transmission à l’Assemblée nationale pour adoption.
Certaines Interprofessions ont élevé la voix par rapport à la gestion des structures de coordination mises en place par le ministère (CBA), est-ce la gestion de l’argent généré qui crée des difficultés ?
Le CBA est un Etablissement public de l’Etat à caractère économique créé par décret pris en Conseil des ministres le 09 mai 2019 avec pour mission la régulation, le suivi et le développement des activités de la filière anacarde au Burkina Faso. Il est organisé autour d’un Conseil d’administration et d’une Direction générale.
Le Conseil d’administration est composé de neuf membres administrateurs, dont quatre représentants des faîtières de la filière anacarde, quatre représentants de l’administration et un représentant du personnel du CBA. C’est le Conseil d’administration qui adopte le programme d’activités et le budget et la Direction générale est chargée de l’exécution.
La mise en œuvre des activités est soumise à la règlementation en vigueur, au regard de l’origine des ressources et du statut du CBA. En effet, les prélèvements effectués sur les exportations et réexportations de la noix brute de cajou sont des ressources publiques mises à la disposition du CBA pour financer le développement de la filière anacarde. Pour ce qui concerne la subvention accordée à l’Interprofession anacarde, son utilisation doit se faire selon les procédures du CBA et l’utilisation des ressources doivent être justifiées conformément à la règlementation. Concernant la gestion de l’argent, elle ne crée pas de difficultés ; c’est plutôt la méconnaissance des textes qui est le problème et tout est mis en œuvre pour remédier à cela. Au regard des difficultés rencontrées par les faîtières à respecter les procédures, une formation a été faite au profit de leur personnel technique pour faciliter la mise en œuvre de la subvention. Ainsi, des améliorations sont observées et le renforcement des capacités vont se poursuivre jusqu’à ce qu’ils maîtrisent les procédures.
La labellisation du FDF devait permettre de sécuriser la profession de tisseuse et contrebalancer l’importation des pagnes imprimés et autres tissus. Quel est le poids de ces importations sur l’économie du textile ?
Selon l’annuaire du commerce extérieur 2019 publié par l’Institut national des statistiques et de la démographie, les importations de pagnes imprimés et autres tissus ont connu, au cours de la période 2017-2019, une baisse tendancielle, car de 998,8 millions de francs CFA en 2017, elles sont passées à 623,2 millions de francs CFA en 2018 pour finir à 546,5 millions en 2019. Cela dénote non seulement du nouveau dynamisme de la filière textile locale, mais aussi du regain de patriotisme pour le « consommons local » qui a été porté par Son Excellence Monsieur le président du Faso. Nonobstant ce constat, ces chiffres constituent un manque à gagner considérable pour l’économie du textile dont le potentiel en termes de création d’emplois, de valeur ajoutée à l’économie n’est plus à démontrer.
La labélisation du Faso Danfani est effective aujourd’hui, c’est une fierté pour vous en tant qu’artisan de ce succès, qu’est-ce qui reste à faire pour pérenniser cette chaîne des valeurs (tisseuses, couturiers, commerçants) ? La fraude s’attaque déjà à ce marché du tissu local, avez-vous les moyens pour y faire face dans la durée ?
L’aboutissement du processus de labélisation du Faso Danfani nous donne un réel motif de satisfaction quant à la justesse et la pertinence de l’approche que nous avons eue en engageant ce vaste chantier de labélisation des produits du terroir. La concrétisation de la démarche a abouti le 12 février 2021, au lancement officiel de la commercialisation des pagnes labélisés.
Ainsi, on a enregistré l’octroi du premier lot d’agréments d’utilisation du label Faso Danfani à 25 structures agréées.
Pour pérenniser la chaîne de valeurs des différents acteurs impliqués, nous entendons mener plusieurs actions, dont :
la conduite d’une campagne de communication média et hors média du label Faso Danfani ;
– la conduite d’une campagne d’information et de sensibilisation des acteurs de la chaîne de valeurs ;
– la gestion opérationnelle du label à travers l’octroi des agréments aux différents acteurs intéressés ;
– la mise à disposition des structures agréées des labels sécurisés ;
– la veille sur le marché.
Concernant la lutte contre le phénomène de la fraude, nous avons pris l’option d’asseoir un dispositif institutionnel adapté à l’ampleur de la problématique, à travers la création et l’opérationnalisation de la Brigade mobile de contrôle économique et de la répression de fraudes (BMCRF) qui opère sur toute l’étendue du territoire. Grace au dynamisme de cette structure, c’est au total 13.400 pagnes contrefaits aux motifs du pagne traditionnel Faso Danfani qui ont été saisis et détruits.
Aujourd’hui, que représente cette filière à l’économie ?
La filière du pagne tissé est très importante pour l’économie nationale, dans la mesure où elle participe fortement à sa structuration.
En effet, de par le nombre d’acteurs qui y travaillent, et surtout les femmes qui occupent à plus de 95% le segment du tissage, la filière constitue une source d’emploi de de revenus pour ces femmes.
Aussi, comme précédemment illustré, elle participe activement à l’amélioration de la balance commerciale par le biais de la substitution des importations par la production nationale du pagne tissé. Toute chose qui vient atténuer le caractère extraverti de notre économie.o
Interview réalisée par AT
Encadré
Transformation de la tomate, un serpent de mer ?
S’agissant des unités de traitement de tomate à Yako, Gourcy et Ouahigouya, nous avançons avec assurance sur le dossier. Le foncier a été mobilisé et nous sommes en train d’examiner avec la BIDC l’éventualité d’un nouveau schéma de financement, au regard des difficultés que nous avons rencontrées jusque-là pour l’utilisation du financement EXIMBANK Inde, a expliqué le ministre Kaboré.
Encadré 2
Sites industriels dans les 13 régions du pays
Concernant la création de nouvelles zones industrielles dans les 13 régions du Burkina Faso, nous avons initié depuis 2020, la sécurisation du foncier avec les concertations engagées par l’ensemble des autorités régionales et communales dans les 13 régions.
Aussi, nous avons entrepris le recrutement d’un Bureau d’études pour la réalisation des études environnementales stratégiques ainsi que la sélection d’un cabinet pour la réalisation des études de délimitation des zones industrielles.
La viabilisation des zones industrielles étant hautement capitalistique, nous avons également engagée une étude de faisabilité pour la mise en place d’une Agence de gestion des zones industrielles qui sera dotée d’une autonomie devant lui permettre de lever des fonds pour la réalisation de ces investissements structurants.
Encadré 3
Nouvelle zone industrielle de Dô
Le point de l’aménagement des phases 1 et 2 de la nouvelle zone industrielle de Dô à Bobo-Dioulasso, pour faciliter l’installation et redonner un second souffle à la ville de Bobo, en faire une zone franche n’aidera-t-il pas tous les acteurs ?
Pour HK, le parcours a été long mais nous y sommes arrivés, car l’aménagement des phases 1 et 2 de la nouvelle zone industrielle de Dô à Bobo-Dioulasso a été bouclé en fin 2020, avec les réceptions des travaux.
S’agissant de la problématique de mise en place des zones franches au Burkina Faso, nous y avons déjà réfléchi et une étude de faisabilité a été réalisée.
Toutefois, avec l’avènement de la ZLECAF et la zone franche étant par définition une enclave extra territoriale dans laquelle la production est destinée au marché extérieur, l’idée de la mise en place des zones franches est à approfondir, d’autant plus que notre ambition c’est de disposer d’un tissu industriel dont la production est en mesure de satisfaire prioritairement la demande intérieure.
De plus, dans la configuration actuelle, la nouvelle zone industrielle abrite déjà des unités industrielles de tous ordres qui ne satisfont pas au critère de quota de production à exporter. Ce faisant, nous sommes dans la dynamique de créer de véritables parcs industriels modernes avec toutes les commodités et infrastructures d’accueil, car c’est de ça dont ont besoin les investisseurs.
Encadré 4
Faso Fani: l’usine cédée à l’Etat
Le coton, un des secteurs-clés de notre économie, est en difficulté. Les usines qui s’installent ne vont-elles pas se heurter à la disponibilité du produit de base, quand on sait qu’une bonne partie de la production est vendue d’avance à l’extérieur ? L’Economiste du Faso a posé la question au ministre Kaboré. Voici son point de vue.
Harouna Kaboré ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat : Contrairement à ce que vous avancez, la filière coton se porte très bien. La mise en place du comité de haut niveau et ses actions sur le terrain depuis 2019 parmi lesquelles le règlement des impayés de l’ensemble des producteurs évalué à près de 11 milliards FCFA, a permis de ramener la sérénité et la quiétude au sein des producteurs et des sociétés cotonnières. Les abandons de producteurs de la culture cotonnière dans la zone SOFITEX durant la crise vécue en 2017/0218 est aujourd’hui un passé suite aux efforts du comité de haut niveau qui a sensibilisé et travaillé à améliorer la qualité des intrants qui était mise en cause durant la crise. Une étude sur un nouveau modèle économique de filière est même en cours actuellement, toute chose qui permettra de la rendre davantage dynamique.
Concernant la disponibilité de la matière première pour les unités, il convient de signaler que des investissements ont été effectués avec l’accompagnement de l’Etat, notamment, le Code des investissements, ce qui a permis la construction de l’usine d’égrenage du coton biologique à Koudougou (SECOBIO), la construction en cours de la 4e usine d’égrenage de la SOCOMA à Ouargaye et la 2e usine d’égrenage de Faso Coton à Tenkodogo. Ces investissements viennent renforcer les capacités d’égrenage des sociétés cotonnières, ce qui permettra d’accroître substantiellement la disponibilité de la fibre de coton.
Pour les unités qui s’installent dans le segment coton filé, il y a eu le renforcement des capacités de production de FILSAH qui se situe désormais à 10.000 tonnes par an et qui permet désormais aux unités de disposer d’une plus grande quantité de fil de coton aux calibrages voulus. A cela s’ajoute l’ouverture de l’unité de retordage de fil de coton COTEXA à Tanghin-Dassouri, qui permet de transformer 1.200 tonnes de fil FILSAH en fil retordu pour le Faso Danfani et du tissu issu de tricotage pour les dessous, les chaussettes, les tee-shirts, etc.
La stratégie pour rassurer ceux qui s’installent
Nous avons entrepris de réaliser, au cours de cette année, une étude sur un nouveau modèle économique de la filière coton. Cette étude a pour objectif principal de faire un diagnostic des contraintes structurelles et des performances de la filière coton textile, en vue de formuler des propositions de modèles économiques durables et fiables, à même d’améliorer sa compétitivité.
Aux termes de l’étude, nous devrons disposer d’une vision holistique claire en termes de réformes à opérer dans le sens de l’amélioration de la chaîne de valeur du coton textile, notamment, dans le maillon de la transformation pour créer davantage de plus-value à l’économie nationale.
L’usine de Faso Fani reprise
Suite à la défaillance constatée du partenaire indien Jain Shawls à démarrer les travaux malgré le fait que toutes les diligences relatives au montage financier du projet étaient entièrement bouclées, l’Etat s’est engagé, en novembre 2020, à reprendre l’ex-usine Faso Fani pour poursuivre le processus de sa réouverture. Dans ce sens, des concertations ont été engagées courant janvier 2021 entre les équipes du MICA, du MINEFID, les créanciers de la Société FASOTEX ainsi qu’avec l’Administrateur général de FASOTEX. Ces concertations ont abouti à un règlement des créances et de la session de l’outil industriel à l’Etat. L’Etat est en train d’entreprendre les diligences afin de mettre en œuvre les conclusions de l’étude de faisabilité relative la réouverture de Faso Fani.
Le dossier des Turcs qui ont annoncé deux usines de transformation du coton à Bobo et à Ouaga
Pour le projet de réalisation d’un complexe industriel de transformation intégrée de coton au Burkina Faso par le partenaire AYKA Textile & Investment Group, il faut relever à ce niveau que la société A STAR TEXTILE Burkina Faso SA a été formellement créée. Avec la désignation des administrateurs devant représenter l’Etat dans le Conseil d’administration de A STAR TEXTILE Burkina Faso SA , cela a permis la mise en place du Conseil d’administration.
Par ailleurs, la sécurisation des sites du projet à Bobo-Dioulasso et à Koudougou a été faite avec l’obtention des titres fonciers pour lesdits sites et le dédommagement des populations affectées par le projet dans les villes de Bobo-Dioulasso et de Koudougou a été aussi réalisé. Pour le site de Ouagadougou, le processus de sécurisation a été aussi bouclé. La mobilisation des ressources devant permettre le démarrage de la première phase du projet, à savoir la construction des ateliers de couture de Koudougou et Bobo-Dioulasso, est en cours de finalisation. Ceci devrait permettre le démarrage de ces deux sites courant 2021.
Par AT