«A Ouaga, nous avions deux zones. Mais celle de Gounghin n’en est plus vraiment une. Elle est déclassée, puisqu’on encourage les industriels à partir vers une nouvelle zone qui va être aménagée. La zone industrielle de Kossodo a un gros problème d’infrastructures d’accès. Le ministère est régulièrement interpellé sur le sujet. Mais, je crois qu’il y a un schéma de réaménagement qui est prévu et les privés qui y sont installés sont encouragés à voir dans quelle mesure également investir dans ce sens », ce constat est celui de Mamadi Sanoh du Groupement des professionnels individuels (GPI) sur l’état des zones industrielles de Ouagadougou. Celle de Gounghin est en train d’être déclassée et l’activité se concentre désormais sur celle de Kossodo. Des mesures sont en cours pour améliorer la viabilisation de cette zone.
A Bobo-Dioulasso, c’est le même constat. La viabilisation des zones n’est pas encore optimum. L’ancienne zone industrielle sur la route de Banfora abrite l’essentiel des unités industrielles. Pas moins de 110 entreprises s’y sont installées, même si à notre passage, certaines étaient à l’arrêt. Cette zone reste le poumon économique de la ville avec les majors que sont SN-Citec, Sofitex, Sonabhy, Sap Olympic, Brakina, Filsah, Mabucig, Saphyto, Sonaceb, etc. Elle date de 1950 et a connu plusieurs extensions.
Ce premier site est quasiment plein, plus de place disponible pour de nouveaux établissements, d’où la nouvelle zone industrielle créée par le gouvernement, en 2010, au secteur 23, sur la route de Bama. 300 parcelles y ont été dégagées et la viabilisation s’est achevée en 2020. Celle-ci n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière en termes d’occupations. Anatrans , transformateur de noix de cajou, et Cimaf, le cimentier, sont leurs deux poids lourds visibles sur cette zone. Une zone clairsemée d’entreprises.
Pourtant, sur le papier, toute la zone est occupée. Mais, les propriétaires sont toujours invisibles sur le terrain. A la Direction régionale de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, le Directeur régional, M. Somé, fait également ce constat : « toutes les parcelles sont attribuées, mais comme vous avez pu le voir, les propriétaires n’ont pas encore investi les lieux ». Ils sont nombreux dans cette situation, détenteurs de titres pour y mener une activité industrielle.
Cette non-occupation effective des espaces dédiés aux activités industrielles commence à exercer une certaine pression sur les autorités en charge du dossier. De nouveaux investisseurs porteurs de projets se heurtent de plus en plus à l’absence de parcelles pour s’installer. «C’est devenu une préoccupation majeure pour notre département. On a beaucoup de demandes, mais l’offre reste limitée. Je suis là depuis octobre 2020, mais on n’a pas pu trouver d’espace pour un nouvel investisseur. ». Mais le Directeur régional rassure : « Le recensement de 2020 a tenté de voir qui occupe quel espace sur les deux zones dans le but d’envisager un apurement, si possible ». Cet apurement pourrait consister à relancer les attributaires sur les délais de mise en valeur avant tout retrait.
Le ministère en charge de l’industrie et les autres ministères impliqués dans le foncier sont par ailleurs en réflexion pour trouver une procédure pour la gestion des nouvelles zones industrielles.
JB
Encadré 1
Présentez-nous le port sec en quelques mots.
« Le port sec est un lieu de réception, de traitement des marchandises reçues par la route et le chemin de fer. Le port sec traite les marchandises à destination, en transit ou à l’export. Il y a des entrepôts qui sont disponibles avec tous les équipements qu’on trouve sur un port en eau pour le traitement des conteneurs et autres marchandises (bascule, scanner, suivi satellitaire). L’ensemble des acteurs qui interviennent dans la chaîne de traitement des marchandises sont sur le site (Douane, transit, commissionnaire en douane, consignataires, etc.)
Le transit représente 52% du trafic. 1,5 million de tonnes passe par le port. Ce trafic est appelé à augmenter avec l’installation de nouvelles grandes entreprises minières », a expliqué Drabo François, responsable du port sec.
Encadré 2
Le port sec rapporte-t-il de l’argent ?
La CCI-BF est une structure publique, même si son fonctionnement est privé. Son objectif n’est pas de faire de l’argent, mais de mettre en place des projets qui accompagnent les besoins des entreprises. On met des projets en place avec quelquefois des services facturables pour financier et d’autres activités non facturables. L’essentiel, c’est d’assurer un équilibre global. Pour la première phase financée par le guichet national et la BOAD, le siège a payé les traites de BOAD et le port sec payait le consortium des banques nationales. Ces traites ont été entièrement payées.
Le niveau actuel des recettes ne permet pas d’assumer les traites de la seconde phase financée à plus de 5 milliards par la BOAD et à 4 milliard par les banques locales. Le siège rembourse cette fois, les banques locales et le port sec le financement de la BOAD remboursable sur 12 ans C’est un projet qui est suivi de près par le président Diawara qui, dans sa vision, pense que pour développer Bobo, il faut mettre en place des infrastructures d’appel, selon les explications du Directeur régional de la CCI-BF/ Bobo-Dioulasso, Fousséni Koné.
Encadré
Port sec: plus d’un million de tonnes de trafic
Le port sec est un vieux projet, aujourd’hui devenu réalité. Son utilité se révèle à la croissance du trafic sur le port. De 300 mille tonnes, il affiche plus d’un million de tonnes de marchandises passées sur son site. Ce vieux projet date de 1980. Barro Djanguinaba s’en souvient : « C’est un vieux projet. Nous l’avions commencé avec la province du Rouen (France) qui avait un partenariat avec la Chambre de commerce. Ce partenariat a duré 3 ans et malheureusement, ça n’a pas été une réussite. Après, la BOAD a accepté de nous soutenir. Il fallait trouver une banque locale pour le financement du projet. Toutes les banques avaient refusé, sauf Coris Bank ».
La première phase d’aménagement a débuté en 2004 et a concerné 19 ha sur les 120 que compte la zone pour un montant de 7 milliards FCFA. Cette première phase a été mise en exploitation en 2010. Et l’expérience est une réussite, explique le Directeur régional de la Chambre de commerce et d’industrie de Bobo-Dioulasso, Fousséni Koné, qui avait à ses côtes, François Drabo, Directeur régional adjoint en charge de Bobo Inter
« On est passé de 40 milliards de recettes douanières en 2010 à plus de 120 milliards de recettes douanières en 2020. Cela a permis d’optimiser les recettes, de créer des emplois.
En 2013, un bilan a été fait. La deuxième phase du port sec, les 21 ha restants en cours de travaux. La plateforme est aménagée. Il reste les revêtements des voies et la construction des magasins. »
Les travaux de la seconde phase sont estimés à 10 milliards. L’Etat s’est engagé à réhabiliter la principale voie d’accès qui s’est dégradée au fil des années. o