Après la rencontre gouvernement/secteur privé, c’est au tour du Patronat d’obtenir un cadre formel de concertation avec le gouvernement, lui permettant désormais de poser les préoccupations propres aux entreprises, dans le sens de l’amélioration de la productivité des entreprises et du climat social. L’édition inaugurale de ce cadre, qui se veut annuel, a eu lieu les 29 et 30 juin 2021 à Ouagadougou, sous la présidence du Premier ministre, Christophe Dabiré.
Ce premier cadre de concertation est donc perçu par le Premier ministre, Christophe Dabiré, comme l’aboutissement d’un long processus, enclenché depuis l’institution du cadre de dialogue en 2017. Il est une réponse à une doléance des organisations professionnelles d’employeurs, qui ont sollicité l’institution de ce cadre de concertation pour échanger directement sur des questions d’ordre spécifique aux employeurs en matière de travail.
Pour Christophe Dabiré, la création d’un environnement social sécurisé et apaisé est une condition indispensable à l’éclosion d’un secteur privé dynamique, créateur de richesses et d’emplois décents pour tous.
Cette initiative qui arrive d’ailleurs dans un contexte national et international difficile (caractérisé, notamment, par la crise sanitaire et la menace sécuritaire) se veut donc pour les parties, une occasion également de renforcement du dynamisme et de la résilience des entreprises pour une réelle promotion du travail décent.
Les parties prenantes ont examiné, entre autres, les préoccupations relatives à l’emploi, au travail et à la protection sociale des responsables desdites organisations ; la promotion, le dialogue social ; l’amélioration du fonctionnement du marché de travail et la productivité de la main d’œuvre au Burkina ainsi que le renforcement du cadre institutionnel, règlementaire et juridique, relatif au marché du travail.
Le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale, Pr Séni Ouédraogo, estime que ce cadre de concertation gouvernement/patronat est une bonne nouvelle pour la démocratie burkinabè. Un moment pour le gouvernement, à travers les départements ministériels concernés, d’apporter des éléments de réponse aux questions préalablement soulevées par le patronat.
« La rencontre de ces deux jours nous a permis, avec le patronat, d’examiner les réponses qui ont été apportées par le gouvernement à ces différentes préoccupations, soit à l’effet de les approfondir, soit dans le meilleur des cas, que nous trouvions un consensus aux solutions prises », a déclaré le ministre Séni Ouédraogo.
Le représentant du président du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB), Seydou Diakité, situe la pertinence de ce cadre par, entre autres, l’importance de la faîtière avec ses 79 associations membres, près de 60 000 entreprises et qui contribue pour 70% à la collecte des ressources au profit du Trésor public. « C’est tout à fait normal qu’on puisse asseoir un cadre de concertation avec le gouvernement pour parler des préoccupations de nos économies. C’est ensemble que nous allons pouvoir trouver des solutions idoines pour booster la productivité dans notre pays », a souligné Seydou Diakité.
Nécessité d’adapter le contenu de l’enseignement !
« Aujourd’hui, nous avons des entreprises fonctionnelles, notamment, dans le domaine des bâtiments et travaux-publics (BTP), des mines, et la formation n’a pas toujours suivi. Tout le monde aujourd’hui va systématiquement dans la formation académique et après, les enfants sortent avec des diplômes et on n’arrive pas à les positionner, et dans le même temps, les entreprises de BTP ont besoin de personnes qui ont fait de petits métiers. (…). Environ 300.000 finissent leur étude académique chaque année et attendent de travailler, mais qui ne sont pas outillés pour travailler en entreprise. Ce n’est pas donné à tout le monde d’aller faire un diplôme académique, il y a des gens aujourd’hui qui peuvent avoir de petits diplômes dans les domaines d’ouvriers spécialisés ; ce qui peut appuyer fortement l’économie », diagnostique-t-il. L’analyse du Patronat fait ressortir qu’il y a un besoin à combler en matière de capital humain.
A l’en croire, le CNPB travaille avec le gouvernement pour créer des conditions propices à la prise en compte de ses préoccupations, pour que les relations entre les syndicats, les travailleurs et le gouvernement se fassent dans la concertation et que le climat soit apaisé. « L’objectif pour nous, c’est de créer les conditions pour que le Patronat puisse accompagner le plus efficacement possible, les actions du gouvernement », se résume-t-il.
Le Patronat, qui plaide également pour des facilités de financement des entreprises par les banques, affiche sa satisfaction à l’issue des 48 heures de travaux, car ayant permis de mettre à plat les difficultés sur le marché de l’emploi, le financement du Patronat et sur le rôle qu’il doit jouer dans l’édification de l’économie nationale.
JB
Encadré
Former des ressources humaines spécialisées
« A tous les niveaux aujourd’hui, quand on est sérieux, on peut gagner sa vie, et je pense que l’objectif pour chacun de nous aujourd’hui, c’est de trouver son chemin. Le marché de l’emploi réclame aujourd’hui des ouvriers spécialisés ; c’est le fondement du développement économique. Il faut que le gouvernement y pense. Nous travaillons, depuis un certain temps, à mettre en place des structures qui encadrent des jeunes qui ne sont pas allés à l’école ou qui sont allés à l’école, les insérer dans leur milieu d’origine, à travers une formation duale (20% du temps à l’école, 80% en entreprise). Je pense que c’est par-là qu’on peut arriver aujourd’hui à créer les conditions pour que notre jeunesse puisse trouver son chemin. C’est important. On a tout temps tendance à dire que la jeunesse est le fer de lance du développement, mais qu’est-ce que nous faisons pour cette jeunesse ? Est-ce que nous l’aidons à s’orienter mieux ? Est-ce que nous avons accompli notre tâche en tant que gouvernants ? Ce sont des questions de gouvernance, il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités et de créer les conditions pour que nous, employeurs, on puisse l’appuyer », relève Seydou Diakité.o