A quoi le secteur privé burkinabè peut-il s’attendre face à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) ? La réponse à cette question a été donnée par le Secrétaire général de la ZLECAF, Wamkelé Mené. En effet, dans la matinée du 4 juin 2021 au siège de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina (CCI-BF), il a expliqué les avantages et les inconvénients de la Zlecaf au secteur privé burkinabè. La Zlecaf est un projet d’intégration économique caractérisé par la suppression des barrières au commerce sur les produits originaires des Etats membres. Il comportera 1,3 milliard de consommateurs avec un PIB combiné d’environ 2,5 milliards de dollars. Le projet a pour ambition d’augmenter le commerce intra-africain et d’industrialiser l’Afrique afin de créer une union douanière. Pour celui qui est également le vice-président de l’Union africaine, il révèle à l’assistance que le secteur privé est la clé de voûte de la mise en œuvre de la Zlecaf. Et pour cause, c’est le secteur privé qui crée de l’emploi. Wamkelé Mené ajoute que qui parle de création d’emplois parle de création de richesses. Pour illustrer ses propos, il affirme qu’en Afrique, les petites et moyennes entreprises (PME) ont créée 450 millions d’emplois.
ZLECAF, création d’un marché unique africain
Entrée en vigueur le 1er janvier 2021, la Zlecaf a pour ambition de créer un marché unique africain. Très réaliste, il a laissé entendre que le processus de mise en œuvre ne sera pas facile mais que le chemin est déjà tracé pour y arriver un jour. Déjà, il se dit satisfait que sur les 54 Etats, 38 pays africains aient ratifié l’accord dont le dernier en date est l’Algérie. Il annonce que dans les décennies à venir, l’ambition est que les produits, sans barrière douanière, puissent atteindre 75%.
Des contraintes mais…
Il est revenu sur les contraintes qui empêchent l’économie africaine de compétir. Il s’agit, entre autres, du manque de transformation des produits locaux ; la fragmentation du marché africain ; l’insuffisance du secteur industriel et une grande faiblesse du commerce interafricain. Pour ce qui est des pays de l’Afrique de l’Ouest, Wamkelé Mené a surtout regretté le peu d’infrastructures routières. « Il faut mettre 12 jours pour transporter des marchandises de la Côte d’Ivoire au Nigeria », c’est inacceptable, dit-il. Le « patron » de la Zlecaf a exhorté les Etats de l’Afrique de l’Ouest qui sont en retard dans ce domaine par rapport à l’Afrique australe et de l’Est d’y remédier.
Le Burkina Faso sur la bonne voie
Wamkelé Mené a félicité le gouvernement burkinabè qui a pris à bras-le-corps la question d’industrialisation. Il a loué l’initiative de la stratégie nationale d’industrialisation.
Pour lui, c’est la seule manière d’avoir des produits compétitifs sur le marché africain. Toujours, sur le volet d’industrialisation, il a précisé que la Zlecaf allait soutenir les pays africains dans ce volet. Mais comment résoudre le défi de la commercialisation des produits africains ? Wamkelé Mené note que dans la mise en œuvre de la Zlecaf, la digitalisation sera mise à profit.
Le souhait, dit-il, est de faire en sorte que les partenaires, qu’ils soient à Nairobi ou à Ouaga, puissent faire le commerce via les plateformes sans même se déplacer. Pour ce qui est du paiement, les banques seront mises à contribution et la Zlecaf compte mettre en place le paiement panafricain électronique. Pour mieux appréhender les enjeux de la Zlecaf après son entrée en vigueur, il est prévu une réunion des ministres africains du Commerce en juillet 2021 à Lomé, au Togo. « Si l’Europe a mis 72 ans pour parachever son marché communautaire, l’Afrique y arrivera aussi », a-t-il conclu. o
Ambèternifa Crépin SOMDA
Encadré
ZLECAF : Le secteur privé burkinabè veut en tirer profit
Cette visite du Secrétaire général de la Zlecaf, Wamkelé Mené, a réjoui la CCI-BF, à en croire le premier vice-président de l’institution, Mahamady Sanoh. Il a souligné que le secteur privé burkinabè avait amorcé un nouvel élan depuis le 1er janvier 2021 avec l’entrée en vigueur de la Zlecaf. Pour lui, avec cet accord, c’est une opportunité pour l’Afrique de s’attaquer au plus grand défi actuel en matière d’échanges commerciaux et de développement économique : il s’agit, entre autres, de la fragmentation du marché ; la dépendance excessive à l’égard des exportations des matières premières ; le manque de spécialisation dans les exportations ; les chaînes de valeur régionales sous-développées et des barrières règlementaires et tarifaires encore trop élevées. o