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Réconciliation nationale: Exilés politiques, libres de rentrer…

Le ministre d’État, ministre auprès de la Présidence du Faso, chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, Zéphirin Diabré, a animé une conférence de presse le mardi 1er juin à Ouagadougou, sur la tenue du forum national sur la réconciliation.

La feuille de route de la réconciliation nationale se dessine lentement et sûrement. Du moins, c’est ce que le ministre d’Etat, chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, Zéphirin Diabré, a essayé de démontrer lors de sa conférence de presse avec les journalistes, le mardi 1er juin dernier, à Ouagadougou.  Selon lui, le décret adopté le 24 mai 2021 en Conseil des ministres relatif au Conseil national d’orientation et de suivi (CNOS) de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale trace les grandes lignes du processus qui va aboutir à la tenue du forum national. Le Conseil national d’orientation et de suivi (CNOS) est un organe consultatif qui aura pour objectif de superviser l’ensemble de la démarche et d’indiquer les orientations nécessaires en matière de réconciliation nationale. Le CNOS est principalement chargé de donner son avis sur les différentes actions qui vont être menées et de faire des propositions relatives aux politiques, stratégies et dossiers. Le comité sera composé d’une centaine de membres issus des différentes composantes sociales du pays. Il s’agit, entre autres, de représentants de partis politiques (majorité et opposition), de responsables coutumiers et religieux, de syndicaux et de victimes de l’insurrection populaire et bien d’autres. Il sera présidé par le Premier ministre qui aura la responsabilité de convoquer des rencontres toutes les fois que le besoin se fera sentir.

Le ministre en charge de la réconciliation nationale a clairement signifié que le triptyque vérité-justice-réconciliation serait respecté.  La vérité, a-t-il dit, est le point de départ de tout processus de réconciliation. Elle est perçue comme la « revendication première des victimes », plus précisément dans les situations de crime de sang. Pour ce qui est de la justice, trois dimensions seront mises à profit, à savoir la justice classique, celle transitionnelle et traditionnelle.  Pour ce qui est de la justice classique, il a rappelé qu’elle était déjà à pied d’œuvre dans certains dossiers emblématiques comme ceux de Thomas Sankara, Dabo Boukary, Norbert Zongo et de l’insurrection.

Quant à la justice transitionnelle, le conférencier a confié qu’elle reconnaissait aux victimes le droit à la vérité, la justice, la réparation et la garantie de non répétition. « Notre histoire et notre culture ont façonné des mécanismes traditionnels endogènes de justice qui pourraient être mis à profit là où cela est souhaité », a-t-il relevé à propos de la justice traditionnelle. Pour parvenir à la réconciliation nationale, les différentes concertations avant et après le forum national permettront de mettre en œuvre les formules adéquates de réconciliation. Toutefois, Zéphirin Diabré a précisé que la relation entre ces trois aspects n’était pas « nécessairement mécanique », c’est-à-dire qu’il n’y a pas de cheminement linéaire figé à l’avance qu’il convient de suivre.  « Le cheminement dépend in fine du consensus obtenu avec les victimes », a-t-il souligné.

Comme il fallait s’y attendre, le séjour du ministre en charge de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire et sa rencontre avec l’ancien Président Blaise Compaoré se sont invités dans les échanges. Zéphirin Diabré a expliqué qu’en se déplaçant à Abidjan, il était porteur d’un message du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, à son homologue Alassane Ouattara sur le processus de réconciliation nationale au Burkina. C’est une fois sur place que le chef de l’Etat ivoirien lui a suggéré de rencontrer Blaise Compaoré, au regard de l’importance. Sur la même lancée, il a appelé les exilés politiques à regagner le pays. « Toute personne exilée ou qui se considère comme exilée politique peut rentrer. Celui qui vient et qui n’a pas un dossier en Justice vaquera à ses occupations, mais s’il y a des menaces de la part de certains citoyens, nous verrons comment assurer sa sécurité. Celui qui a un dossier en Justice ira voir le juge qui qu’il soit. Le gouvernement ne peut pas interférer dans les affaires de justice », a-t-il clarifié. En clair, il ne sera pas question d’accorder une prime d’impunité à qui que ce soit sous le prétexte de la réconciliation nationale. « Le but ultime de la nouvelle démarche de réconciliation, c’est de faire du Burkina Faso une Nation réconciliée avec elle-même, fortement marquée du sceau d’une cohésion sociale durable et qui, après avoir pansé ses plaies et s’être dotée des systèmes permettant d’éviter la répétition des faits générateurs de besoins de réconciliation, construit sereinement son avenir sur des valeurs communes librement partagées », a-t-il souligné.o

Jérôme AYIMI

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