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Le bio-digesteur: trois énergies en une

Une maquette du bio-digesteur à déjections animales

Du combustible, de l’éclairage et de l’engrais. Tous ces éléments se retrouvent dans un seul dispositif : le bio-digesteur.  Il s’agit d’un  réacteur chimique dont les réactions chimiques ont une origine biologique. Le bio-digesteur est une technique utilisée pour produire principalement du méthane à partir de bactéries digérant de la matière organique dans des conditions anaérobies. Le bio-digesteur est un ouvrage de production d’énergie renouvelable via la  fermentation de déchets organiques. Il  permet  de  produire  du  biogaz  à  partir  de déchets  organiques,  tels  que  les  excréments  humains   ou animaux,  à  travers  un  processus  naturel  de  fermentation  qui dégrade   la   matière   organique   sans   oxygène   (digestion anaérobie).  Le  produit  essentiel  de  cette  fermentation  est  le méthane (CH4), gaz inflammable.  Pour  une  production  optimale,  le rapport   carbone/azote   (C/N)   de   la   matière   au   sein   du bio-digesteur doit être compris entre 18 et 25.  Ratio C/N moyen Excréments humains 8 Excréments porcins 18 Excréments ovins 19 Excréments bovins 24.

Il existe différents types de bio-digesteurs, certains traitant les déjections animales uniquement, d’autres les excréments humains, d’autres encore étant mixtes. Le principe de fonctionnement du bio-digesteur étant assez simple, il existe différentes manières de le mettre en place, et différents matériaux (plus ou moins onéreux) peuvent être utilisés en fonction des moyens à disposition de son utilisateur.

Le Programme national de bio-digesteurs (PNB-BF) a vu le jour en 2009, sous la tutelle du ministère des Ressources animales, pour améliorer l’accès aux énergies. Le PNB-BF propose, à partir de 2015, un modèle dénommé Faso Bio-15 (FB-15). C’est un ouvrage semi-enterré réalisé par des maçons spécialement formés par le Programme. Les différentes composantes de ce dispositif sont : le bassin d’entrée (réservoir de mélange déjection-eau) ; le tuyau d’entrée directement rattaché au bassin d’entrée (différent pour la bouse de vache/porc et les toilettes) ; le digesteur (réservoir de stockage du mélange déjection-eau) ; le détenteur de gaz (dôme) ; le trou d’homme ; le bassin de sortie (zone où la bouse est déplacée après digestion via le trou d’homme), le trop plein du bassin de sortie servant pour la sortie des effluents vers les fosses à compost, le tuyau principal du gaz et la tourelle ; la vanne principale du gaz ; la conduite de gaz ou gazoduc, le piège à eau ; les fosses à compost.

Après la construction et la réception du digesteur par les équipes de contrôle, un chargement initial est fait avec un mélange de déjections animales fraîches et d’eau à part égale (quantité de bouse (kg) = quantité d’eau (kg)). Ce mélange homogène libère après avoir franchi les différentes étapes de méthanisation, du biogaz qui est composé majoritairement de méthane.  Ce gaz s’accumule dans le dôme et exerce une pression sur la bouse dégradée qui transite automatiquement vers le bassin de sortie. Cette bouse dégradée, appelée effluent, est conduite dans les fosses à compost via des drains. L’effluent issu du bio-digesteur est un pesticide et un biofertilisant par excellence pour la récupération des sols, et l’obtention de meilleurs rendements agricoles et maraîchers. Il intervient également dans la formulation alimentaire des animaux tels les poules, les porcs et les poissons… Pour le bon fonctionnement de l’ouvrage, le bénéficiaire assurera, dans un premier temps, un chargement au quotidien selon les prescriptions du maçon et/ou du superviseur. Secondo, le biogaz produit journalièrement doit être consommé entièrement pour les besoins de cuisson et d’éclairage. Ainsi, le client bénéficiera d’un bon effluent mur pour sa production agricole.

Le bio-digesteur améliore ainsi l’accès à l’énergie, surtout propre pour l’éclairage et la cuisson des aliments. Cette énergie est accessible à tous et contribue à améliorer les conditions de vie des ménages ruraux et péri-urbains, en général, hors de couverture de l’électricité.

La réutilisation des déchets permet d’assainir le cadre de vie, et l’effluent ou résidu de bouse sans méthane est un engrais organique de meilleure qualité qui accroît la production agricole et permet de faire des économies sur l’achat d’engrais. Il contribue également à la réduction des émissions de GES, car les déjections animales contiennent du méthane, un  polluant 21 fois plus puissant que le gaz carbonique.

Ce méthane est libéré par suite de fermentation de la bouse sous forme de gaz plus propre. Le bio-digesteur est un moyen de stabiliser l’élevage, d’améliorer les races animales par l’insémination et le suivi qui ne peut se mener que lorsque le bétail est en stabulation; d’accroître la production de lait et d’offrir une meilleure qualité de viande.o

Martin SAMA

 

Encadré

Comment s’offrir un bio-digesteur ?

Le bio-digesteur étant une manière peu couteuse et assez facilement réalisable de produire de l’énergie, a été principalement mis en place dans les pays en développement, notamment, au Vietnam et en Tanzanie, mais aussi en Chine et au Brésil. Pour s’offrir un bio-digesteur au Burkina, il faut disposer d’un élevage ou d’une toilette et payer une contrepartie en espèces et en nature pour l’installation de l’ouvrage. Un bio-digesteur de 6m3 offre du gaz pour 4h par jour de cuisson ou 6h à 9h d’éclairage par jour, et 60 tonnes d’effluents par an.

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