La route est longue jusqu’au conseil d’administration

Cette année, le thème de la Journée internationale des femmes était Women in Successful Careers (WISCAR). Créé en 2008 par la célèbre entrepreneure nigériane Amina Oyagbola et basé à Lagos, WISCAR guide les jeunes femmes et les accompagne pour qu’elles gèrent mieux leurs parcours professionnels. En 25 ans de carrière, Amina Oyagbola a remarqué que, sans conseils pour comprendre les rouages du monde de l’entreprise, les jeunes salariées deviennent déboussolées, isolées et perdent confiance en leur capacité à surmonter ces défis. Pour éviter une telle spirale, WISCAR leur fournit une année de mentorat par des professionnels confirmés, et promeut les politiques d’entreprise plus respectueuses de l’égalité des genres.
Les femmes qui font leur chemin jusqu’en haut de la hiérarchie contribuent à amorcer un changement positif à la fois au sein de l’entreprise et dans la société toute entière. Les femmes managers et PDG sont perçues comme plus fiables et collaboratives que leurs homologues masculins. L’économiste nigériane Nike Akande observe que les femmes « possèdent des idées fortes sur la conduite des affaires et cherchent à les partager avec d’autres qui pourraient bénéficier de ce qu’elles ont appris ». Les femmes seraient également meilleures dans la résolution de problèmes et d’excellentes mentors pour leurs jeunes collègues, pour le plus grand bien de l’entreprise sur le long terme.
Une promesse de changement se profile, notamment dans le traditionnellement très masculin secteur bancaire du Nigéria. Sanusi Lamido Sanusi, émir de Kano et ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigéria (CBN), a mis en place une règle selon laquelle 40 % des cadres supérieurs de la banque et 30 % des membres de son comité de direction devaient être des femmes au cours de son mandat à la CBN, de 2009 à 2014. « Je crois fermement en la diversité, qu’elle soit de genre, ethnique ou religieuse. Je crois aussi qu’elle ne peut jamais être atteinte en sacrifiant le mérite et les compétences », précise-t-il.
Ce qui, pour le moment, paraît clair est que les femmes nigérianes sont éminemment capables professionnellement. Elles poussent au changement dans l’univers patriarcal de l’entreprise, qui s’ébranle tout doucement. Comment accélérer le processus qui conduira à une plus grande parité dans le monde du travail ? A cette délicate question, une réponse possible est de s’inspirer du modèle esquissé par le secteur bancaire du Nigéria.
Par Yetunde Oladeinde pour The Nation